Nicolas Jaar ‘ Pomegranates

Publié le 26 juin 2015 par Heepro Music @heepro

Salut

J’ai commencé à faire la plupart de la musique que l’on trouve sur Pomegranates avant d’avoir vu le film ou d’être au courant de son existence.

La première chanson, par exemple, a été faite lors de l’une des premières nuits d’automne 2014. Je venais tout juste de rentrer d’une tournée d’un an avec Darkside et étais vraiment content d’être de retour à la maison. Je faisais de la musique dans mon salon quand une énorme punaise aquatique s’est mise à danser sur quelques câbles par terre. Plutôt que de la tuer, j’ai décidé de faire de la musique pour elle. J’ai appelé la chanson « Garden of Eden » parce que j’ai peu à peu commencé à voir la petite créature comme mon amie et aide, et mon studio comme un jardin (avec tous les fils !).

La chanson suivante a initialement été faite pour un programme télé pour lequel on m’avait demandé de composer. Quand il est devenu clair pour moi que le programme n’était pas ce pour quoi j’avais signé, j’ai décidé de m’en défaire, ce qui m’a laissé avec des heures de musique de bande originale. J’en ai seulement utilisé une douzaine de minutes pour Pomegranates, incertain de savoir quoi faire avec le reste !

« Survival » était initialement vouée à être la piste sonore de « Guetto », un morceau que j’ai produit pour DJ Slugo où il parle de grandir à Chicago.

« Shame » est un beat que j’ai fait pour un rappeur, et qui a été décliné.

Fin 2014, j’ai vécu avec mes parents six mois, entre deux appartements. Je n’avais pas de studio, juste un piano, quelques micros et écouteurs. C’est là que j’ai écrit « Muse ».

« Volver » est une version chorale d’un morceau jamais publié intitulé « Revolver » que j’ai fait en 2011 et qui sortira avec un peu de chance cette année. Bref, je pourrais continuer comme ça longtemps.

Début 2015, mon ami Milo a entendu certaines de ces chansons et m’a parlé du film. Je l’ai regardé et ai été abasourdi. J’ai senti que l’esthétique prenait tout son sens avec les thèmes étranges qui m’avaient obsédé pendant les deux dernières années… J’étais curieux de voir ce que donneraient mes chansons une fois synchronisées avec les images, ce qui se transforma en deux jours de dingue où j’ai mis en musique le film entier, créant un drôle de collage à partir de la musique ambiante que j’avais fait au cours des deux dernières années.

Le film m’a donné une structure à suivre et des thèmes auxquels me rattacher. Cela a apporté de la clarté à cette musique qui a été principalement faite à partir de et dans le chaos. Cela m’a aussi donné le courage de la sortir… Je voulais faire des projections mais le gars qui détient les droits du film ne veut en circulation que la version originale du film. Je ne peux pas lui en vouloir, je suis sûr que Paradjanov ne voudrait pas qu’un gamin de NY vienne pisser pardessus son chef-d’œuvre et appeler ça une musique de film !

Je l’ai écoutée plusieurs fois sans regarder le film et pense qu’elle tient la route seule. Ou du moins je l’espère ! Je vivais encore dans ma maison d’enfance quand j’ai terminé Pomegranates. Le 1er mars, je suis arrivé dans mon nouveau appartement et il était complètement vide à part un tout petit arbre. Le propriétaire était là pour m’accueillir et m’a demandé si je voulais garder le petit arbre parce qu’il n’avait nulle part où le mettre et personne à qui le donner. J’ai accepté de le garder et en ai pris soin.

Avant qu’il ne parte, je lui ai demandé quelle sorte d’arbre c’était. Il m’a dit que c’est un grenadier. Il n’avait pas la moindre idée que je venais tout juste de publier ceci !

Donc voilà, c’est à vous maintenant !

Nico

PS : regardez la photo du petit arbre !

(in heepro.wordpress.com, le 26/06/2015)

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