[Critique série] BANSHEE – Saison 3

Publié le 29 juin 2015 par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Banshee

Note:
Origine : États-Unis
Créateurs : Jonathan Tropper, David Schickler
Réalisateurs : Loni Peristere, Magnus Martens, OC Madsen, Greg Yaitanes.
Distribution : Antony Starr, Ivana Miličević, Ulrich Thomsen, Frankie Faison, Hoon Lee, Rus Blackwell, Matt Servitto, Trieste Kelly Dunn, Ryann Shane, Lili Simmons, Geno Segers, Matthew Rauch, Odette Annable…
Genre : Action/Thriller/Drame
Diffusion France : Canal +
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
Un mois s’est écoulé depuis la tuerie qui mit un terme au règne de terreur de Rabbit. Alors que le FBI enquête, mettant en danger la position délicate de Lucas Hood, qui se fait toujours passer pour le shérif de Banshee, une autre menace pointe le bout de son nez. Chayton Littlestone, un indien lancé sur le sentier de la guerre, a décidé de revenir en ville pour régler ses comptes. Avec Lucas Hood, mais aussi avec Kai Proctor, et tous ceux qui se mettront en travers de son chemin…

La Critique :
La recette de Banshee est aussi simple que géniale. À fond les ballons dans l’optique des films d’action de l’âge d’or des années 80, elle ne se contente pas de rendre hommage à une période où le cinéma savait davantage faire preuve de premier degré dans son seconde degré, mais est parvenue, au fil des épisodes, à se forger une identité propre et racée, qui ne cesse de faire des merveilles. Alors que les séries rivalisent d’inventivité et qu’un certain cinéma a parfois du mal à assumer sa véritable fonction, en se donnant de faux-airs plus ou moins supportables, Banshee se « contente » d’exploiter au mieux les éléments qui caractérisent son essence. À l’heure de la troisième saison, le tout était de ne rien lâcher et de continuer dans une dynamique en forme de pure montée en puissance. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la série a atteint son objectif. Non seulement ce nouvel acte est le meilleur des trois à ce jour, mais c’est aussi celui qui va le plus loin. Plus loin dans l’action donc, mais pas uniquement.

Qui a vu la spectaculaire (le mot est faible) baston entre la sculpturale Odette Annable et le taciturne Matthew Rauch, ne pourra qu’apporter de l’eau au moulin de cet argument imparable : Banshee est l’une des séries les plus brutales vues sur un écran de télévision, toutes époques confondues. Cette bagarre en question, entre une jeune indienne furieusement badass et un garde du corps aux compétences fatales, démontre en effet qu’avec le temps, le show lancé par l’écrivain Jonathan Tropper a su donner corps à ses ambitions. Monumental plan-séquence d’une virtuosité extrêmement rare (donc précieuse), cette scène en question mériterait d’être projetée aux aspirants réalisateurs de films d’action. À ceux qui veulent savoir ce qu’est, ou plutôt ce que doit être une belle baston au cinéma. Au cinéma ? Oui, Banshee n’est pas qu’une série TV et à l’instar des autres programmations fastueuses des networks américains ou encore britanniques, vient carrément tutoyer des sommets jadis réservés aux films.
Ne reculant devant rien, ne cherchant pas à donner dans le correct, le policé ou parfois même le cohérent, Banshee fonce pied au plancher dans une direction qui lui permet tout. Sorte de cartoon pour adultes, à mi-chemin du western, du polar et du pur actionner bourrin, cette série vraiment étonnante ne cesse de surprendre par son audace. Une audace non pas lisible dans le scénario, mais avant tout dans cette volonté de rester dans le rouge et ne jamais relâcher la pression. Quand la série se permet de petites envolées lyriques, c’est juste pour mieux frapper encore plus fort. Généralement à grand renfort de coups de poings dans la tronche assortis de répliques démontrant d’un état d’esprit qu’on aurait pu croire enterré pour de bon par la majorité bien-pensante empêtrée sans s’en rendre compte dans sa propre démagogie de comptoir.
Parce que si on met Banshee en face des canons de la bien-séance made in 2015, il y a fort à parier que tous les voyants s’allument de concert. Gorgée de séquences olé-olé parfois un peu gratos, gore à n’en plus pouvoir, macho (mais en fait pas du tout rassurez-vous), l’addition est salée. Les fans du genre savent quant à eux ce qu’il en est vraiment. Divertissement pur et dur, doublé d’une réflexion moins bas du front qu’on ne pourrait le deviner, sur la rédemption, Banshee tape fort et tape dur.

Encore plus aboutie, plus nerveuse et scénaristiquement plus efficace et jubilatoire, cette saison 3 est la meilleure du lot également grâce à ses personnages. Les piliers, Lucas Hood en tête, incarné avec une rage contenue (ou pas) par le magnétique Antony Starr, évoluent, partent parfois en vrille ( Ivana Miličević ne fait pas semblant), tandis que les nouveaux venus s’imposent avec perte et fracas dans un univers dont ils embrassent les codes. Premier de la promo, Chayton, alias Geno Segers, un molosse tout en muscles de 2 mètres. Nouvel antagoniste de Lucas Hood, ce dernier apporte une dimension mystique à la série, en plus de l’évidente surcharge de testostérone qu’il personnifie. Monstre de charisme à la voix hyper grave, Chayton est l’une des raisons qui font de cette saison la meilleure du lot. Il participe notamment à l’accélération percutante et crépusculaire qui intervient lors de la deuxième moitié de la saison, et se retrouve au centre de la relecture hyper jouissive et éprouvante du Assaut de John Carpenter de l’épisode 8. Gros épisode celui-là. À lui seul une bonne raison de voir et de revoir la série. Dans le genre, on n’a jamais fait mieux. Dans le fond et dans la forme.

Traversée de purs moments d’anthologie, habitée par une galerie enthousiasmante de gueules burinées, sulfureuse, incandescente, irrévérencieuse et toujours plus explosive, la saison 3 de Banshee prend des proportions franchement salvatrices pour le genre auquel elle s’attaque. Elle prend à la gorge pour ne relâcher son étreinte qu’au terme de cette rafale surpuissante de 10 épisodes, après un final rageur. Où cela va-t-il finir ? Aucune idée, mais nous serons là pour le voir !

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Canal + / Cinemax