Devenir plus rentable (et plus accessible ?) : le défi de la politique tarifaire de l’Opéra de Paris

Publié le 01 juillet 2015 par Aude Mathey @Culturecomblog

Suite à un précédent article sur la politique tarifaire des institutions culturelles à la Fondation Paul Ricard à laquelle Myriam Daudet, Directrice des relations avec le public et marketing de l’Opéra de Paris, avait été invitée, nous avons voulu en savoir plus sur cette toute nouvelle politique tarifaire de cette grande institution française et l’avons rencontrée.

Depuis janvier 2014, l’Opéra de Paris a augmenté ses prix pour les spectacles de week-ends et a baissé ceux de certains soirs de semaine.
Pourriez-vous me dire ce qui vous a conduit à ce changement ?

L’analyse des ventes sur plusieurs saisons a tout simplement démontré une baisse de la demande les lundis et une augmentation les week-ends.

Tous les spectacles sont-ils concernés ?

En 2014 et 2015, tous les ballets et opéras donnés au Palais Garnier sont proposés à -10% les lundis soirs et les samedis en matinée, et à +10% les vendredis et samedis soirs. Quant à l’Opéra Bastille, 10 représentations du lundi de 10 opéras différents sont proposés à -20%, et 13 représentations de week-end à +10%.

Quels ont été les résultats de cette politique ?

Nous avons constaté un très bon remplissage des lundis, et un maintien du remplissage des vendredi et samedi soirs. Quant aux résultats , il est difficile d’identifier ce qui relève uniquement des premières mesures de revenue management , d’autant plus que la saison n’est pas terminée.
Mais je peux déjà vous indiquer que le taux de remplissage est en légère hausse et que le chiffre d’affaires a progressé.

Comment cette évolution des prix a-t-elle été communiquée à votre public ? Comment a-t-elle été acceptée ?

Nous avons communiqué sur cette hausse dans nos brochures et sur notre site internet ainsi que par téléphone via les conseillers de vente. Le public (et notamment les abonnés) a très vite compris l’intérêt du lundi. Nous avons eu quelques réclamations des spectateurs de région ( hors région parisienne) qui ne pouvaient se déplacer que le week-end.
D’autres offres ponctuelles ciblées sont venues compléter le dispositif pour les spectateurs non parisiens. Les offres mises en place pour des segments de publics hors région parisienne sont variables : soit des réductions (de l’ordre de 20% ) sur certains spectacles donnés lors de périodes de vacances, de jours fériés, de weekend, soit des prestations offertes en complément de billets de spectacle, comme coupes de champagne ou visites de l’opéra avant le spectacle.

Cette politique tarifaire était déjà en place dans de nombreux pays. Selon vous, une fluctuation des prix en fonction de la demande peut-elle aider les organismes culturels à augmenter leurs ressources ?

Oui tout-à-fait. Nous en sommes encore au début de la réflexion, mais beaucoup d’établissements y pensent ou l’appliquent déjà en partie.

Enfin, quels sont vos prochains chantiers pour cette année et 2016 ?

Affiner cette modulation tarifaire selon le spectacle, son calendrier, les événements extérieurs (vacances scolaires), optimiser les contingents de vente réservés à des segments de clientèle différents, créer plus de catégories de places (et de prix) selon les spectacles, dans les catégorie supérieures comme inférieures, afin de tenir compte de l’élasticité aux prix et du niveau de revenus.

Storm over Opera building in Paris – CristinaMuraca / Shutterstock

Pour poursuivre la lecture :

Politique tarifaire de l’Opéra de Paris de 2008 à 2012
Communication des nouveaux tarifs de l’Opéra de Paris par voie de presse