[critique] Ant-Man : presque célèbre

Par Vance @Great_Wenceslas
Un Marvel un peu à part, plus modeste et attachant, scénarisé - entre autres - par Edgar Wright et Joe Cornish. Autant dire qu'après l'insipide Avengers L'Age D'Ultron, cela fait du bien de retrouver un tel divertissement. Bourré de bonnes idées (pas toujours bien exploitées), interprété par des acteurs particulièrement convaincants, Ant-Man devrait sans aucun doute satisfaire les fans du genre. Le meilleur Marvel ? Peut-être bien, avec Captain America Le Soldat De L'Hiver et Les Gardiens De La Galaxie, il est en tous cas l'un des plus réussis.

On commence a bien connaître la formule Marvel. Depuis quelques temps, l'on a l'impression de revoir inlassablement les mêmes films, tous fondés sur le même schéma narratif, avec cette désagréable sensation que les scènes post génériques sont des éléments essentiels et non de sympathiques bonus (chaque long-métrage étant ainsi relégué au rang d'introduction à un univers un peu plus étendu), comme des promesses constantes de voir enfin un intérêt à tous ces caméos plus ou moins justifiés dans des suites censées surpasser tout ce que l'on a vu jusqu'à présent.

Le problème, c'est que l'on commence à se lasser de ce petit jeu, surtout quand l'on a juste envie de voir un bon film qui se tient de bout en bout sans avoir besoin de la béquille pour avoir une légitimité. Les Gardiens De La Galaxie avait relativement bien réussi à se démarquer des autres oeuvres du studio, même s'il en gardait exactement la même structure, car il n'éprouvait pas le besoin de continuellement nous rappeler que l'on était dans un film Marvel. Ce qui n'était en revanche pas le cas de Avengers 2, aussi brouillon qu'insipide, dénué de prise de risques, et de surcroît extrêmement complaisant et prétentieux.

Autant dire que cet Ant-Man arrive à point nommé pour apporter un peu de fraîcheur dans un Marvel Cinematic Universe qui tourne en boucle. Il faut ajouter que sa genèse remonte à bien avant la décision du studio de produire des films à la chaîne et interdépendants pour s'intégrer dans le MCU, lorsqu' Edgar Wright (que nous avions pu rencontrer lors de la sortie de Le Dernier Pub en 2013) avait pour ambition non seulement d'écrire le scénario mais également d'être le réalisateur de ce projet un peu à part. Son départ à quelques jours du tournage, suite à un conflit avec les pontes de Marvel, avait de quoi nous inquiéter, pourtant Ant-Man se révèle être une bonne surprise. Toujours crédité en tant que producteur et scénariste (avec le très bon Joe Cornish), l'ombre du génie responsable de la culte trilogie Cornetto plane bien sur le long-métrage de Peyton Reed, son remplaçant (un yesman ayant réalisé... Yesman).

Bien entendu, Ant-Man n'est pas un film d'Edgar Wright, mais quelques petites idées nous font constamment penser à lui. Le problème, c'est que les réécritures pour introduire le super-héros dans la franchise Avengers se font énormément sentir, et qu'elles ont tendance à alourdir le récit. Complètement inutiles, les références aux autres films du studio pourront agacer. Entre clins d'oeil et coups de coude, la grosse artillerie pour s'accaparer les faveurs du public geek/fan/déjà conquis d'avance est en place. Cela ne serait pas dérangeant si toutes les réelles bonnes pistes lancées par le film étaient bien développées. Or, en l'état, on est surtout frustrés par Ant-Man car rien n'est vraiment bien exploité. Le concept est extrêmement ludique et aurait pu donner lieu à un film bien plus délirant et novateur. Pourquoi ne pas avoir poussé la réflexion sur le thème du contrôle absolu et de la surveillance, pourquoi ne pas avoir étayé la personnalité de Scott Lang, littéralement mis en position d'infériorité et écrasé par le nouveau mari de son ex-femme, obligé de " se faire tout petit " pour arriver à retrouver sa place dans une société qui ne pardonne pas les erreurs (la scène de son renvoi en est un bon exemple) ?

Que l'on soit clair, Ant-Man est un très bon divertissement, mais sa singularité aurait pu en faire un grand film, et l'on passe toute la séance de ciné à se dire que cela aurait pu être encore mieux (comme par exemple la dernière baston dans la maison, sympathique, certes, mais jamais jouissive ou bien les petits rebondissements qui n'en sont pas - qui n'avait pas grillé le coup du porte-clés ou de la fourmi ailée franchement ?). Les scènes d'action auraient pu être encore plus inventives, on aurait pu avoir enfin un Marvel complètement délirant. Il se place juste à égalité avec le sage Les Gardiens De La Galaxie, mais plus modeste et attachant avec son casting, il est vrai, particulièrement convaincant (enfin un bon rôle pour Paul Rudd !).

Moins captivant que Captain America Le Soldat De L'Hiver, moins beau que Les Gardiens De La Galaxie (pourquoi avoir fait une photo aussi terne ?), et pourtant cet Ant-Man est fun, drôle et réjouissant. L'un des meilleurs Marvel ? Peut-être bien donc, même si une fois encore la structure du film reste dans la mouvance des autres productions du studio (y compris Big Hero 6). De quoi satisfaire dans tous les cas les amateurs du genre. On ne peut s'empêcher de se dire qu'entre les mains d'Edgar Wright cela aurait pu être un véritable chef d'oeuvre.

Ant-Man

35 mm en 1.85 : 1 / 117 minutes

L'histoire d'Ant-Man est celle d'un petit escroc du nom de Scott Lang. Doté d'une capacité étonnante - celle de rétrécir à volonté tout en démultipliant sa force - ce dernier doit embrasser la part de héros qui est en lui afin d'aider son mentor, le docteur Hank Pym, à protéger d'une nouvelle génération de redoutables menaces, le secret du spectaculaire costume d'Ant-Man. Contre des obstacles en apparence insurmontables, Pym et Lang, doivent mettre au point - et réussir - un audacieux cambriolage qui pourrait sauver le monde d'une issue fatale...