Performances

Publié le 13 juillet 2015 par Malesherbes

Personne n’est en mesure de dire si c’est pour le bien de leur peuple ou pour l’exposer à de nouveaux déboires mais je pense qu’il convient de saluer les performances de deux dirigeants européens.

Alexis  Tsipras, s’appuyant sur la majorité qui l’a porté à la tête du gouvernement grec, a consulté les électeurs, leur recommandant de rejeter les conditions posées par les créanciers de leur pays. Quelques jours après, avec le soutien de son opposition, il a obtenu que son Parlement approuve des exigences à peine différentes et il se prépare à renouveler cet exploit avec des conditions encore plus rigoureuses. Quel que soit le jugement que l’on puisse porter sur ce tour de passe-passe, on ne peut que remarquer ce talent de prestidigitateur.

François Hollande a obtenu un succès du même ordre. Il avait exercé pendant dix ans en tant que secrétaire général du Parti socialiste son art du compromis, ce qui l’avait parfois conduit à faire preuve d’indécision. Le cas le plus frappant est d’avoir toléré que son parti n’aborde pas le référendum sur la Constitution européenne avec une position unique. Paradoxalement, dans ces négociations sur la Grèce, il a utilisé cette aptitude pour éviter que ceux qui étaient résolus à bouter les Grecs hors de la zone euro puissent imposer leurs vues. Il a su faire en sorte qu’Angela Merkel renonce à suivre son opinion publique et obtenir, au prix de nouvelles concessions exigées par les plus fermes opposants à l’accord, qu’ils y souscrivent.

J’ai entendu l’ancien président battu en 2012 déclarer que François Hollande avait mis en péril le couple franco-allemand. Ce qui apparaît en réalité, c’est qu’il a obtenu que ce couple tant célébré se range du côté français plutôt que d’adopter la position allemande. Mais c’est peut-être ce qui révolte notre chantre de l’identité nationale.

J’avais aussi entendu cet extraordinaire ancien président dire qu’on ne pouvait faire confiance à Alexis Tsipras, au motif qu’après avoir obtenu l’accord de son peuple pour refuser les conditions de ses créanciers, il les avait presqu’aussitôt fait accepter par son Parlement. Nicolas Sarkozy parle d’expérience : après avoir vu le peuple français, qu’il avait consulté par référendum, repousser un projet de Constitution européenne, il s’est ensuite empressé d’en faire adopter les termes par voie législative. Dans ces conditions, considérer Tsipras comme indigne de confiance témoigne soit d’une stupéfiante aptitude à l’oubli  soit d’un degré certain d’indécence.