Comment éviter d’autres tragédies grecques ?

Publié le 17 juillet 2015 par Unmondelibre
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La Grèce et de nombreux autres pays ont essayé de défier la gravité en menant la belle vie avec de l'argent emprunté. En 2001, les Grecs sont entrés dans la zone euro, ce qui leur a donné accès à des prêts à faible taux, sous le prétexte que la Grèce était plus riche qu'elle n’en avait l’air. Les graines de la destruction qui ont abouti à la fermeture des banques la semaine dernière ont été plantées le jour les Grecs ont adopté l'euro. Rien de tout cela n’aurait être une surprise pour personne. La seule chose certaine est que les Grecs vont maintenant subir une autre baisse importante de leurs revenus réels.

La question aujourd’hui est de savoir si les Européens, les Américains, les Japonais et les autres pays qui ont également vécu sur des prêts, à un rythme insoutenable, tireront les leçons de la dernière tragédie grecque, ou vont-ils continuer à foncer droit dans le mur? Les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, l’Italie, la Russie, le Brésil et la majorité des petits pays, auront à nouveau cette année des taux de croissance économique plus faibles que la taille de leurs déficits courants en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), provoquant ainsi une croissance continue de la charge de la dette réelle.

Ces pays n’auront d'autre choix que de réduire leurs dépenses ou augmenter leurs taux réels de croissance économique pour éviter de devenir la future Grèce. Il est triste et frappant de constater combien peu de pays, y compris les États-Unis et la plupart des pays européens, ont de vrais plans pour relancer la croissance. Le Japon est dans sa troisième décennie de faible croissance. L'Europe a stagné pendant près d'une décennie, et les États-Unis ne font que légèrement mieux.

Plusieurs économistes du soi-disant « establishment de gauche », y compris ceux qui travaillent pour le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale et l'Organisation de Coopération et de développement Économique, et les politiciens (et, bien sûr, les médias), font valoir que la façon d'éviter la crise de la dette grecque serait d'augmenter les taux d'imposition, tout en ignorant le fait fondamental que la plupart des taux d'imposition sur le travail et le capital dans les principaux pays sont bien au-dessus du taux maximisant la croissance économique. Ils font valoir, qu’en raison de la démographie et de la politique, il est impossible de réduire les dépenses du gouvernement, malgré qu'elles soient également au-dessus du niveau maximisant la croissance économique, dans la plupart des pays. Ou encore dans le langage de la National Public Radio, les dépenses ne peuvent pas être diminuées parce qu'il y a « trop de besoins non satisfaits » qui, par définition, sont infinis. La Suisse, Hong Kong, Singapour et d'autres pays montrent à quel point l'argument soutenant la nécessaire augmentation des dépenses du gouvernement est fallacieux. Ils ont en effet montré qu'il est possible d'avoir un revenu par habitant plus élevé que les États-Unis tout en ayant moins d'impôts et un gouvernement plus restreint. Et ils réussissent à accomplir cela sans pétrole et sans autres ressources naturelles que les États-Unis ont en abondance.

Il est largement et correctement reconnu que la prolifération des réglementations, notamment financières et environnementales, est un obstacle majeur à la croissance économique. Pourtant, l'Administration Obama continue à multiplier les réglementations coûteuses à un taux record, sans prendre la peine dans la plupart des cas de faire sérieusement une analyse coûts-bénéfices. Les Républicains ont tendance à décrier le nombre et le coût des flux de réglementations, tout en faisant peu pour les arrêter. Notez que les gens qui se révèlent et font appliquer toutes les réglementations sont des fonctionnaires salariés. Si les Républicains, qui contrôlent maintenant le Congrès, avaient éliminé la plupart des organes de réglementation au sein du gouvernement, ils auraient pu ralentir de manière significative ou même mis un terme à ces réglementations destructrices.

Question: De combien de nouvelles réglementations avons-nous besoin? Presque toutes les nouvelles réglementations imposent un coût sur les individus, l'économie et la liberté individuelle. Les Grecs et leurs concitoyens européens n’en manquent pas. Sinon pourquoi les citoyens de Hong Kong qui ont un fort index de liberté économique dans le monde vivent tellement mieux?

Il y a beaucoup d'exemples de partout dans le monde montrant les politiques favorisant la croissance et les opportunités économiques. Malheureusement, l'ignorance des électeurs dans la plupart des grandes démocraties les rend trop réceptifs aux politiciens qui leurs promettent un « repas gratuit ». Plus d’avantages payés par les autres. Comme Margaret Thatcher l'a dit, « Le problème avec le socialisme est qu’au final il vous manquera l'argent des autres à dépenser ». Elle aurait pu substituer l’«État providence» au socialisme pour mieux décrire la Grèce d'aujourd'hui, l'Europe et les États-Unis. Les dépenses totales du gouvernement en pourcentage du PIB représentent de 52% en Grèce, 35% aux États-Unis, 33% en Suisse, et seulement 18% Hong Kong.

Élire des politiciens qui offrent (et pas seulement promettent), moins d’État mais un meilleur État, des taux d'imposition moins élevés sur le travail et le capital, moins de réglementations dont les avantages sont clairement supérieurs aux coûts, une libéralisation du commerce avec une forte adhésion à l’état de droit et une protection de la propriété privée, est la seule façon de prévenir une futur tragédie grecque.

Richard Rahn, président de l’Institute for Global Economic Growth et chercheur Senior au Cato Institute. Article initialement publié en anglais par le Cato Intitute - Traduction réalisée par Libre Afrique - Le 17 juillet 2015.