Mon (mini) festival d'Avignon en 6 spectacles..

Par Filou49 @blog_bazart
23 juillet 2015

Comme l'an passé, j'ai eu envie de me faire une petite journée pour profiter à fond du festival OFF d'Avignon d'autant plus que cette année, le OFF fétait ses 50 ans et qu'une grande partie des communiqués de presse que j'ai pu recevoir depuis presque deux mois sur les spectacles proposés me faisaient super envie.

  L'an passé, connaissant mal la ville et l'emplacement des théâtres je n'avais pu voir que trois spectacles dans ma journée, ce qui était déjà pas mal (surtout comparé à ceux qui n'ont pas la chance d'aller à la Cité des Papes) mais pas assez pour me faire une vraie idée de l'offre particulièrement prolixe (plus de 1300 spectacles par jour, ca dépasse un peu l'imaginable, non?).

Cette année, grâce à ces communiqués de presse et à une meilleure connaissance du secteur, j'ai pu anticiper et profiter à fond de ma journée (hélas, je ne peux pour le moment rester sur place et profiter des spectacles du soir et de l'aube) pour voir six spectacles, dont une grande majorité m'ont vraiment entousiasmé.

Petite revue de ces six spectacles que j'ai pu suivre de mon arrivée sur Avignon à 10h30 à mon départ en tout début de soirée, des spectacles qui prouvent l'éclectisme et la vitalité de la programmation du off:

1. 11h,  Le Siffleur de Fred Radix Théâtre des 3 soleils

 A peine sorti du TGV et récupéré mon accréditation au village du OFF, je me lance une rue derrière au petit et très charmant Théâtre des 3 soleils (où le bar qui m'acceuillait faisait un bien fou en cette journée caniculaire) : direction salle du 2 du théatre pour aller voir le spectacle le siffleur dont j’avais lu beaucoup de bien dans le Télérama Sortir.

J’avoue qu’au départ aller voir une heure de musique sifflée, cette musique que Micheline Dax avait mis à l’honneur( ?) pas forcément pour le bien de nos oreilles ne me disait pas plus que cela, or, au bout de dix minutes de spectacle je fus largement conquis par la prestation toute en virtuosité et humour de Fred Radix.

Juché sur son promontoire de chef d'orchestre , Fred Radix commence par faire une conférence amusante sur l’histoire de la musique sifflée avant de diriger le public, et d’entrainer toute l’assemblée à siffler ensemble en chorale, les alots d’un coté et les sopranos de l’autre.

Cerise sur le gateau,  Radix nous a surtout nous a fait participer pour que l'on devine avec lui les plus grandes bandes originales de cinéma qu'il commencait à siffler (il ya eu les attendus "Le Bon, la Brute et le Truand", ou Le pont de la rivière Kwai et blanche neige et les sept nains mais aussi plus compliqué, la gloire de mon père d’Yves Robert… Forcément j’étais aux anges, et j’ai même tenté de siffloter avec le public, moi qui n’ai jamais réussi de ma vie de produire le moindre sifflotement de mes lèvres. ,

Drôle, (in)pertinent , rythmé et léger, un spectacle qui  fait sortir le sourire aux leèvres et qui assurément donne envie de siffler ..d'admiration évidemment!!

    

 2.  12 h30 Cécilem, Théâtre  Tremplin

Second spectacle, une heure quinze après, au théâtre Tremplin pas très loin…on est toujours dans la musique, mais là plus vraiment dans le théâtre musical, car plus exactement c'est un tour de chant que nous propose Cécilem, une chanteuse française dont j’avais vaguement entendu parler sans prendre le temps de l’écouter.

 Beaucoup moins de monde dans la salle (une petite dizaine à tout casser) et ambiance différente, plus feutré, plus intimiste, et un peu plus molle aussi hélas.

 Les textes de cette auteur compositeur sont plutôt de qualité, et Cécilem, qui s'accompagne de deux musiciens, batterie et basse, possède une très belle voix et un vrai talent de pianiste.

  On pense parfois à Véronique Sanson ou à une chanteuse que j’écoutais beaucoup jadis mais qui a un peu disparu, Véronique Rivière.. Mais pendant toute la durée du  concert, on se dit qu’il manque un petit quelque chose pour que Cécilem parvienne à transcender cette  impressions de déjà entendu.

 Les thèmes abordés  dans les morceaux (la violence faite aux femmes, les charmes de sa montagne natal, son amour pour le cinéma d’auteur) touchent par leur diversité, mais on regrette que l’auteur n’aille pas plus loin, et n’émeuve qu’en deux trois occasions (souvent les chansons écrites par Vincent Cros comme le très beau "Marcher dans la neige" ou "l'âge de mes raisons") :

 Dommage aussi que l’installation vidéo de l’artiste  (qui dialogue avec ses bonnes et mauvaises consciences) ne fonctionne pas vraiment et que l’artiste ne partage pas plus avec … Bon, peut être aussi que en dehors d’un festival de théâtre j’aurais plus apprécié ce concert intime et doux…

 3.14h15 Matière à Rire : Cinevox

 

Changement radical (même si on reste un peu peu dans la création musicale) pour mon troisième spectacle au Cinévox à Avignon à 14h15 pour voir le spectacle « Matière à Rire »  créé par une compagnie alsacienne autour de l’immense dans tous les sens du terme Raymond Devos.

 L’attachée de presse du spectacle m’a accueilli en me demandant si j’avais entendu parler de Raymond Devos, j’ai pensé un instant qu’elle se fout de moi tant j’ai l’impression que mêmes les générations qui adorent Kev Adams connaissent Raymond Devos. C’est vrai que je regarde beaucoup moins la TV qu’il y a quelques années mais quand j’étais jeune, les sketches de Devos n’arrêtaient pas de repasser,  notamment le chien qui se prend pour son maitre ou le voyageur qui voudrait aller à Caen…

 Du coup, ces sketches là que je connaissais un peu trop ne m’ont pas forcément très intéressé même si les auteurs du spectacle n’ont jamais cherché à imiter Devos, mais à créer un spectacle musical (encore !) avec un batteur qui accompagnait chacune des saillies de l’acteur qui interprétait les tirades du maitre Devos.

A cet égard ce comédien, Christophe Feltz,  est assez épatant tant il arrive à nous faire penser continuellement à Devos sans jamais tenter l’imitation bête et méchante, malgré quelques mimétismes évidents ( la suddation, l'essoufllement, la façon de se déplacer...).

 Et certains choix de mise en scène, appuyant sur le coté poétique et inquiétant des textes du maitre du surréalisme étaient dans l’ensemble bien choisis. Pas complètement abouti mais assurément une heure de bon théâtre qui peut permettre de faire connaitre les textes du maitre Raymond aux générations fans de maitre (?) Adams.

  4. 15h30 Enorme! Cinévox

Pour le spectacle suivant  Je suis resté au Cinevox (marre de courir les rues par cette chaleur) d’autant plus que j’avais très envie de voir le spectacle suivant que j’avais repéré depuis plusieurs jours.

 Création qui doit se jouer à Paris (au théâtre de Paris) à la rentrée, cet Énorme est une pièce du génial cinéaste et dramaturge Neil La Bute qui m’avait emballé il ya déjà presque 20 ans avec sa cruelle et émouvante satire sur le monde du travail «  en compagnie des hommes ».

 On pense un peu à ce film en voyant sa pièce (écrite en 2005) "Énorme", tant les thèmes abordés (la différence et la norme, le regard des autres, la lâcheté et la moquerie des hommes) mais si elle est certainement un poil plus romantique et moins acerbe que le film ayant révélé au grand public Aaron Eckart (tiens que devient-il celui là ?)

 Dans cette pièce qui a bien marché à Broadway et à Londres, Neil Labute stigmatise ce besoin que notre société a de se soumettre aux dictats de la beauté, et nous interroge sur notre impossibilité à changer ce que l’on n’aime pas en soi.

 Écriture très fine, dialogues intelligents et drôle et interprétation pleine de fraicheur d’un quatuor très inspiré (parmi lequel on trouve  une Charlotte Gaccio qui marche fièrement sur les pas de ses parents  Michelle Bernier et de Bruno Gaccio)

 Très belle pièce ou se mêle rires et larmes, cet Énorme a pour moi été le vrai coup de cœur de ce festival 2015!

 5. 17h30 Théâtre des Béliers, le Mariage de M Weissman

J’ai juste eu le temps de me remettre de cette très belle pièce pour aller me raprocher de la gare ( c'est que l'horloge tourne mon bon monsieur),  et aller faire un tour du coté du théâtre des Béliers pour aller voir la pièce le "Mariage de Monsieur Weizman".

 

Ne suivant plus vraiment l’actualité théâtrale parisienne je ne savais pas que cette pièce avait fait les beaux jours du Théâtre La Bruyère l’an passé et mis en scène par Salomé Lelouch, que j'ai un peu perdue de vue de mon coté depuis qu’elle ne joue plus dans les films de son papa et qu'elle produit et met en scène des pièces de théâtre se jouant surtout sur Paris.

 En voyant la pièce( je n'avais pas regardé bien l'affiche shame on me),  je me suis vite  dit que je connaissais l’histoire et pour cause c’était l’adaptation d’un livre de Karine Tuil que j’avais commencé à lire il ya quelques années, mais pas forcément fini :o)

 

Le livre et la pièce nous raconte l'histoire chaotique de Saül Weissman, 70 ans, juif jusqu'au jour où il décide de se marier avec Simone. Arrivés devant le Rabbin celui-ci annonce à Saül, qu'il n'est pas Juif et pour cause en l'absence de l'acte de mariage religieux de ses parents attestant de leur Judéité.

 Si dans le livre j’avais eu beaucoup mal à entrer  (et moins à en sortir donc : o) dans l’univers trop exagéré et trop proche de l’absurde de cette histoire, son adaptation théâtrale m’a vraiment plus convaincu, les situations et les aphorismes passant bien mieux le cap de l'écriture théâtrale.

 Cette recherche identitaire sur la judaicité  est ainsi mise en scène avec énormément d’idées et d’humour (trois comédiens qui se partagent les différentes facettes du personnage pour un dialogue intérieur vraiment jouissif et cet univers entre Kafka et Woody Allen brille par son intelligence et son humour fin et efficace.

Une réussite incontestable, et un succès parisien-et avignonnais la salle était pleine- tout à fait mérité !!

 18h45 Manger Espace Alya 1

 

J’ai fini ma journée avec une pièce plus légère, voire totalement loufoque même si le propos est forcément grave.

 En effet,  dans ce spectacle manger la compagnie (venue des deux sèvres), Zigomatic nous propose une épopée absurde et musicale qui est également un pamphlet et même un réquisitoire contre la malbouffe et les dérives agro alimentaires

 En nous retraçant l’histoire de l’homme et de son alimentation, depuis l’origine avec l’homme de Cro-Magnon jusqu’à cette malbouffe tant dénoncée mais qui continue à se propager, les quatre comédiens de la pièce utilisent les moments la danse, la rime la chanson pour faire passer leur message.

 

Un peu foutraque et décousu (seul petit bémol) mais  totalement délirant et déjanté, la pièce dégage une bonne humeur et un souffle burlesque auquel il est difficile de résister… Idéal pour finir cette journée harassante mais tellement jubilatoire