Oreiller d'herbes de Natsumé SOSEKI

Par Lecturissime

"Un village d'eaux isolé... l'ombre de fleurs par un soir de printemps... un chant à mi-voix au clair de lune... une silhouette dans une nuit de pénombre... ce sont des thèmes de prédilection des artistes."

Un peintre se retire dans une auberge de montagne pour peindre et réfléchir sur son art. Il y rencontre une jeune femme Nami, fille du patron des lieux. Son histoire recoupe le destin de la Belle de Nagara, légende de la région : aimée par deux garçons, elle ne choisit aucun des deux, compose un poème et se noie dans la rivière. Nami quant à elle était aussi aimée de deux garçons, mais "n'a heureusement pas recouru à la solution de la rivière." Elle choisit un des hommes, mais étant malheuruese, le quitte er revient vivre chez ses parents. Elle hante les lieux et est depuis soupçonnée de s'enliser dans la folie.

Le narrateur est envoûté par la jeune femme et cherche son inspiration dans son chant. Son esprit erre dans des brumes oniriques, entre rêve et réalité, la poésie s'installe au delà du sentiment, provoqué et reconstruit par le poète.

"Dans un pareil moment, comment retrouver un point de vue poétique ? Eh bien, il suffit de placer devant soi un sentiment, de reculer de quelques pas et de l'examiner avec calme comme s'il s'agissait de celui d'un autre. Le poète a le devoir de disséquer lui-même son propre cadavre et de rendre publics les résultats de son autopsie." p. 53

Des silhouettes fantômatiques peuplent son monde, telle la belle O phélie de Millais.

Si la peinture le fascine, le narrateur rédige aussi des haïkus, artiste complet il est happé par le besoin de créer et ressent profondément les affres et doutes de la création artistique. Ses cheminements poétiques empruntent quelquefois des méandres difficiles à suivre pour un lecteur occidental qui doit se laisser bercer par le rythme lancinant de la littérature japonaise pour être touché.

Présentation de l'éditeur chez Payot et Rivages.