Incognito

Publié le 02 août 2015 par Réverbères
FMG©2015
Pendant cinq jours, mon (premier) petit-fils est à la maison. C’est la première fois qu’il reste ici aussi longtemps et c’est un bonheur permanent ! Vous me direz qu’on ne le reconnaît pas très bien en train de faire l’avion aquatique ! C’est voulu : mon petit-fils vit incognito et c’est très bien comme ça !
À l’heure où l’on voit fleurir des milliers de visages d’enfants ou de petits-enfants sur les réseaux sociaux, les parents de mon petit-fils ont choisi de lui laisser sa vie d’enfant et de ne pas l’exposer. Je suis entièrement d’accord avec eux, même si évidemment j’ai aussi envie de partager sa bonne humeur, son sourire et son espièglerie. En 2015, alors qu’on peut savoir tout sur n’importe qui, cet enfant vit incognito, dans l’insouciance de sa découverte du monde.
Que les choses soient claires : ce billet n’est aucunement une critique des parents et grands-parents qui affichent leurs progénitures sur Facebook ou autres sites sociaux. C’est leur choix, leur fierté et c’est très bien ainsi ! Simplement, j’adhère aussi au choix de ma fille et de mon beau-fils de préserver l’intimité de leur enfant. Un des plus grands dangers de nos sociétés est justement la disparition des « bulles personnelles ». Tout cela se vit à des niveaux très divers, mais même si on n’est pas l’enfant d’une célébrité quelconque, il est difficile de rester simplement anonyme, de ne pas exister pour la grande toile.
En écrivant ce billet, j’ai bien conscience d’aller un peu dans le sens de ce que je souhaite dénoncer ! C’est bien toute l’ambiguïté de la situation ! Les parents, les grands-parents, les oncles et tantes… ont légitimement le désir et le plaisir de partager ce qui eux-mêmes les remplissent de bonheur. Mais d’un autre côté, il est légitime aussi de vouloir préserver l’intimité – présente et future – de ces enfants qui n’ont finalement qu’un seul besoin : s’épanouir auprès de leurs proches. Et fondamentalement, j’admire ma fille et mon beau-fils : leur envie de partager est évidemment aussi grande que celle de tous les parents. Mais ils tiennent bon et ont bien raison !
Mon petit-fils restera donc incognito, malgré tout le bonheur qu’il m’apporte !