CANCER de l'UTÉRUS: Quelques années de pilule, une protection à vie? – The Lancet Oncology

Publié le 05 août 2015 par Santelog @santelog

Les contraceptifs oraux sont déjà connus pour réduire l’incidence du cancer de l’endomètre, cette étude du Collaborative Group on Epidemiological Studies on Endometrial Cancer vient préciser cet effet, sa durée et son importance en fonction de l’utilisation de la pilule. Les conclusions, présentées le Lancet Oncology font état de 200.000 cas de cancer évités sur ces 10 dernières années et d’une protection substantielle à long terme associée à un usage de la pilule durant quelques années seulement.

Le cancer de l’endomètre ou cancer de l’utérus touche, chaque année en France plus de 7.000 femmes et entraîne, chaque année, plus de 2.000 décès. En Europe, l’incidence de ce cancer est estimée à près de 290.000 nouveaux cas chaque année et sa mortalité à 42.000 décès. Le risque de ce cancer, rare chez les jeunes femmes, augmente avec l’âge. Cette étude montre que lorsqu’elles ont pris la pilule, ne serait-ce que durant quelques années, le risque des femmes plus âgées s’en trouve considérablement réduit.

 

Les chercheurs ont travaillé sur les données issues de 36 études épidémiologiques portant au total sur 27.276 femmes atteintes du cancer de l’endomètre vs 115.743 participantes témoins sans cancer, et âgées en moyenne de 63 ans. Les chercheurs ont ensuite calculé le risque de cancer de l’endomètre associé à l’utilisation de contraceptifs oraux en fonction des critères de cette utilisation et en prenant en compte les facteurs de confusion possibles, comme l’âge, l’IMC, le tabagisme et l’utilisation de l’hormonothérapie de substitution.

La pilule contraceptive protège l’endomètre : L’analyse montre que,

L’utilisation des contraceptifs oraux, de 1965 à 2014, soit sur ces 50 dernières années aurait permis d’éviter 400.000 cas de cancer de l’endomètre dans les pays à revenu élevé,

dont 200.000 durant ces 10 dernières années. Précisément,

·   35% des participantes et 39% des témoins avaient déjà utilisé des contraceptifs oraux sur une durée moyenne de 3 ans,

·   plus la durée d’utilisation est longue, moins le risque de cancer de l’endomètre est élevé,

·   chaque tranche de 5 années d’utilisation supplémentaire, réduit le risque de 24%,

·   la réduction du risque persiste durant plus de 30 ans après la fin de l’utilisation,

·   la réduction du risque associée aux contraceptifs oraux varie selon le type de tumeur et s’avère plus élevée pour les carcinomes (RR : 0,69) vs sarcomes (RR : 0,83).

·   10 années d’utilisation de contraceptifs oraux réduit le risque absolu de cancer de l’endomètre avant l’âge de 75 ans d’1 cas pour 100 femmes.

·   Les différents facteurs de confusion semblent avoir peu d’effets sur ces résultats.

Certes, il ne faut pas oublier les effets secondaires possibles des contraceptifs oraux, en particulier l’augmentation du risque de cancers du sein et du col de l’utérus, ou le risque d’accidents thromboemboliques veineux associé aux contraceptifs oraux combinés (COC) de 3ème et 4ème génération. Cependant ce bénéfice anti-cancer de l’utérus a cette particularité d’être acquis pour très longtemps, bien après l’arrêt de la pilule.

 

Source: The Lancet Oncology August, 2015 DOI: 10.1016/S1470-2045(15)00212-0 Endometrial cancer and oral contraceptives: an individual participant meta-analysis of 27 276 women with endometrial cancer from 36 epidemiological studies

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