[Critique] TED 2

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Ted 2

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Seth MacFarlane
Distribution : Mark Wahlberg, Seth MacFarlane, Amanda Seyfried, Morgan Freeman, Jessica Barth, Giovanni Ribisi, Sam J. Jones, Patrick Warburton, Tom Brady, Liam Neeson, Dennis Haysbert…
Genre : Comédie/Suite
Date de sortie : 05 août 2015

Le Pitch :
Ted, l’ours en peluche, qui, un beau jour, prit inexplicablement vie, décide de se marier avec sa copine, la belle Tami-Lynn. Une union célébrée comme il se doit par Ted, jamais bien loin de Johnny, son meilleur ami. Mais les choses ne vont pas tarder à se corser pour l’ourson. En voulant devenir père, ce dernier déclenche une terrible réaction en chaîne, qui va le contraindre à prouver devant les tribunaux qu’il est une vraie personne et non un simple objet… La lutte débute pour Ted et Johnny, épaulés sur le coup par Samantha L. Jackson, une jolie avocate pugnace…

La Critique :
Créateur des séries animées Les Griffin (Family Guy) et American Dad, Seth MacFarlane s’est vraiment fait remarquer du grand public, en 2012, avec Ted, qui reste à ce jour l’une des comédies les plus drôles et irrévérencieuses sorties ces 10 dernières années. Un hit absolu qui rapporta 10 fois plus d’argent que son modeste budget et qui appelait forcément une suite. C’est donc après son périple western, Albert à l’Ouest, que MacFarlane retrouva l’ourson pour de nouvelles aventures.
Et qui dit suite, dit mise en danger. Faire plus fort, plus drôle, ou au moins autant, n’est pas une mince affaire quand on entend répéter un succès aussi important. Surtout quand l’effet de surprise n’est plus de la partie, comme c’est le cas ici. Comment justifier le retour de Ted ? Quelle histoire raconter ? Comment ne pas se répéter ? Autant de questions en forme de défis auxquelles MacFarlane se frotta quand il s’attela à l’écriture de son film.

Nous retrouvons Ted à l’église alors qu’il s’apprête à épouser sa fiancée, devant Sam J. Jones, l’interprète de Flash Gordon qui joue à nouveau son propre rôle avec une auto-dérision renouvelée. L’idée est plutôt maligne en cela qu’elle pose de multiples questions au centre de la dynamique de cette suite tant attendue. Car qui dit mariage, dit souvent enfant. Et c’est justement quand il veut devenir père, que Ted va se heurter aux problèmes inhérents à sa condition même, à savoir celle d’un ours en peluche devenu vivant par on ne sait trop quelle mystérieuse magie. Quand le premier volet articulait principalement son récit sur l’amitié qui unit Ted et Johnny, le personnage de Mark Wahlberg, celui-ci prend cette amitié pour acquise et va plus loin, justifiant en permanence sa mise en chantier et s’interdisant la redite. Alors oui, l’effet de surprise n’est plus là, mais force est de reconnaître que MacFarlane en a encore sous le coude. La grande force de son long-métrage réside dans sa propension à ne jamais se poser. En presque 2 heures, Ted 2 enfile les gags avec une frénésie déjà au centre des précédents films du cinéaste et de ses séries animées. Nécessitant certainement plusieurs visionnages, le métrage va vite et empile les références, les clins d’œil plus ou moins pointus, et n’a jamais peur de faire des détours pour mieux nourrir son fil rouge. Libéré quant à la présentation des protagonistes, MacFarlane se lâche et continue à creuser afin de leur conférer encore plus d’épaisseur.
Millimétrée, précise et redoutable, la verve du réalisateur/scénariste fait à nouveau des merveilles. Les héros bougent davantage. Toute une partie de l’histoire emprunte carrément les codes du roadmovie. Non, Ted 2 ne rejoue pas Ted 1 en pilotage automatique. Bien au contraire. L’accumulation des gags, dont certains sont littéralement à se pisser dessus, traduit le désir farouche de ne pas mettre de l’eau dans le vin. En d’autres termes, ça tache, c’est drôle, vulgaire, mais au final plutôt fin car jamais totalement gratuit. Et même si aucune scène n’égale le génie de l’hommage à Flash Gordon du premier épisode, il convient d’applaudir des 2 mains du début à la fin devant un tel déferlement sans concession (un prestigieux guest vient néanmoins passer une tête).

Avec Ted 2, Seth MacFarlane prouve une nouvelle fois que son génie peut aussi s’épanouir en dehors des carcans de la télévision et de ses formats courts. On retrouve vraiment le même esprit que dans American Dad par exemple, si ce n’est qu’ici, le scénario, très bien construit, et l’apport indéniable des acteurs, offrent une cohérence bienvenue et l’occasion d’aborder des thèmes à priori sérieux. Sorte de fable trash, le film n’hésite jamais à franchir allègrement la ligne jaune mais demeure tendre et pertinent. Véritable festival, il rebondit en permanence, fait le trait-d’union avec le premier, notamment via le retour de Giovanni Ribisi, et ne cesse de justifier son existence.
Un tel film ne peut pas plaire à tout le monde. Il est même surprenant que certains gags, vraiment très gras, soient passés à travers les mailles du filet. La bande-annonce déjà bien chargée en la matière n’en présentant qu’une infime partie. Peut-être est-ce grâce à Ted, le mignon ourson, ce véritable personnage de cinéma aussi attachant qu’hilarant, bénéficiant ici d’une technologie encore plus poussée, qui lui permet de s’intégrer encore un peu plus à un univers dont il est le centre de gravité.

Hyper généreuse, cette suite ne tombe pas dans les pièges classiques. Elle n’en fait pas des caisses. Pas par rapport à son prédécesseur en tout cas, et cherche à aller de l’avant. C’est la première fois que Mark Wahlberg joue dans la suite de l’un de ses propres films. On comprend pourquoi il n’a pas hésité. Parfaitement à l’aise, complètement à sa place, il est impeccable et le duo qu’il forme avec l’ours en peluche fait toujours autant d’étincelles. Amanda Seyfried, la nouvelle venue, apporte également beaucoup, et si il fallait expliquer pourquoi, le seul gag récurrent sur ses grands yeux suffiraient amplement à justifier sa présence.
Si vous avez aimé le premier, Ted 2 saura vous convaincre. Seth MacFarlane y expose la parfaite maîtrise de son sujet et sa faculté à exploiter son environnement très « pop culture » (le running gag sur Google est excellent). Son humour n’appartient qu’à lui et Ted est en cela son expression parfaite.
À un moment clé du film Entourage, Mark Wahlberg rencontre Adrian Grenier dans un studio, lui expliquant qu’il vient de bosser sur la post-production de Ted 3. Quand Grenier lui demande combien il compte en faire, Wahlberg répond avec beaucoup d’humour, qu’il en fera autant qu’il pourra. Devant cette excellente et redoutable suite, difficile de ne pas souhaiter que cette vanne dénote d’une vraie volonté de multiplier les aventures du plus génial des ours en peluche du cinéma.

P.S. : il est nécessaire d’aller voir Ted 2 en version originale sous-titrée et non en version française, la production ayant décidé de rappeler JoeyStarr pour doubler Ted. Fan ou pas du bonhomme, difficile de ne pas trouver que sa voix et sa personnalité ne conviennent absolument pas, allant même jusqu’à annihiler l’efficacité de nombreux gags.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Universal Pictures International France