[CONCOURS] Floride (2015), ode à la vie

Par Bullesdeculture @bullesdeculture

Réalisateur des très bons Alceste à la Bicyclette (2013) et Les femmes du 6ème étage (2011), Philippe le Guay livre pour cette période estivale une petite pépite avec Floride. Un coup de coeur de Bulles de Culture !

Synopsis : Claude ( Jean Rochefort) est un retraité de 80 ans. Entre pertes de mémoire et burlesqueries, il souhaite avoir l'attention de tous, en particulier de sa fille ainée, Carole ( Sandrine Kiberlain), qui ne peut plus le prendre en charge seule. Elle doit notamment subir les contraintes quotidiennes de son père alors qu'il rejette les aides ménagères qu'elle lui trouve. Claude ne rêve que d'une chose : rejoindre sa fille cadette qu'il pense installée en Floride, après avoir oublié qu'elle était décédée dans un accident de voiture...

De l'humour au drame

La force de ce scénario est d'avoir dépeint un personnage vieillissant avec une justesse absolue. Au début, on est amusé par les actions, parfois les inhibitions de Claude, qui nécessite pas par exemple à mimer un malaise quand l'aide ménagère arrive ou à demander des détails croustillants sur la vie sexuelle de ses employés de maison. Cependant, alors qu'on peut penser le personnage espiègle et farceur, on se rend vite compte que c'est le début d'une démence qui s'installe. Elle deviendra de plus en plus dramatique au fil de l'histoire lorsque le héros essayera de s'attacher à ses souvenirs passés, en oubliant peu à peu le présent.

Le diagnostique médical n'est pas posé. Il est interessant de voir que le scénariste ne tombe pas dans la facilité de qualifier d'alzheimer ce qui est commun à toutes les démences séniles. En cela, la maladie n'est pas un point dominant du film. Ce qui compte, c'est la souffrance que cela engendre envers les proches, notamment pour sa fille, entre culpabilité de mettre son père en maison de retraite et agacement de la situation générale... l'impossible choix !

Jean Rochefort, en route pour les César

Le casting est absolument superbe en donnant une dose d'émotions incommensurable. On a évidemment l'icône Sandrine Kiberlain, qui confirme son statut d'actrice phare du cinéma français. Entre Comme un avion (2015), 9 mois ferme (2012) ou Elle l'adore (2014), elle ne fait aucune fausse note dans sa filmographie. Elle est encore une fois classe, avenante, sexy et touchante.

La perle du film tient également au retour magistral de Jean Rochefort qu'on avait pas vu dans un tel rôle titre depuis longtemps. Si son jeu de début de film peut paraitre un peu poussif, il est complètement bouleversant jusqu'à la fin. On retient notamment des épisodes de grandes liesses où son personnage se met à rire en se mettant la main devant la bouche lorsqu'il apprend la mort de l'un de son meilleur ami. A l'inverse, on est dans un carcan de tristesse lorsque ses souvenirs ressurgissent, à l'occasion notamment d'une ballade au bord de l'eau où il voit apparaitre une femme en bicyclette, qui lui rappelle ses jeunes années.

Une mise en scène intelligente

La mise en scène de Floride est particulièrement intelligente. On croit parfois à des incohérences mais tout est expliqué et suit une logique implacable. Mieux, le réalisateur arrive à nous projeter dans la peau de Claude, en déroutant sensoriellement le spectateur. On a par exemple en bouche l'écoeurement du riz au lait en sortant de la salle à l'image du protagoniste qui le déteste. On savoure la tendresse d'un vin portant l'effigie du héros. On admire les paysages splendides de la région d'Annecy, mis particulièrement en valeur dans le film. Enfin, on a cette contrainte temporelle avec l'obsession du personnage pour la perte de sa montre.

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p style= "text-align: justify; ">Très beau film estival, le cinéma français fait encore de grands éclats avec Floride.

Un coup de coeur pour Bulles de Culture !

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