Le yuan, arme stratégique de l'économie chinoise

Publié le 18 août 2015 par Raphael57

Les négociations entre la Grèce et ses créanciers, dont j'ai rendu compte ici, ont occupé une part importante de l'actualité économique du mois de juillet, au point de faire oublier que la Chine s'enfonce de plus en plus rapidement dans une crise d'une ampleur incalculable. Je l'avais évoqué partiellement dans ce billet consacré au krach boursier, mais depuis, les autorités chinoises ont annoncé la dépréciation du yuan en réponse au ralentissement de la croissance.

Dès lors, plutôt que de rédiger encore une fois un long billet, j'ai préféré réaliser une petite vidéo pour y consigner quelques éléments importants à comprendre sur la crise en Chine. Vous noterez que, pour ne pas rendre la vidéo trop longue, je me suis abstenu d'évoquer à nouveau le surendettement, pour me concentrer sur les autres aspects de cette crise multidimensionnelle, notamment les conséquences de la dépréciation du yuan. 


La crise en Chine par Economiste57

Les autorités chinoises ont donc choisi le chemin dangereux de la dépréciation, alors même qu'elles ne cessaient de répéter ces derniers mois que l'objectif était une libre convertibilité du renminbi (le yuan est l'unité de compte, le renminbi le nom officiel de la monnaie).

[ Source : Boursorama.com ]

Mais pourquoi ai-je donc parlé de dépréciation et non de dévaluation ? Parce qu'en fait, la Chine a procédé de manière subtile, en abaissant plusieurs fois le taux-pivot autour duquel le yuan est autorisé à fluctuer quotidiennement face au dollar, dans un tunnel de plus ou moins 2 %. De plus, la Chine a modifié sa façon de calculer ce taux-pivot, qui sera désormais fixé en fonction du taux de clôture sur le marché des changes la veille, et donc partiellement en fonction de l'offre et de la demande...

Mais ne nous y trompons pas, même si les tenants du marché libre croit encore à la main invisible, ce sera toujours la main à peine visible de la Banque populaire de Chine (PBoC) qui fixera le taux-pivot qui lui convient. Il est vrai qu'elle dispose pour cela de plus de 3 600 milliards de dollars de réserves de change !

L'enjeu pour la Chine est d'intégrer le cercle des grandes monnaies qui font référence au FMI, ce qui ne pourra se faire qu'en internationalisant le renminbi et en le laissant librement flotter. Or, le FMI va justement soulever la question des droits de tirage spéciaux (DTS) d'ici la fin de l'année...

Rappelons à cet effet que les DTS constituent l'unité de compte du FMI et servent à compléter les réserves de change de l'institution. Pour l'instant, les DTS reposent sur un panier de quatre devises (dollar, euro, yen et livre), et la Chine souhaiterait donc que sa monnaie puisse être intégrée au plus vite dans le calcul de l'unité de compte du FMI, afin qui sait d'en faire peut-être un jour la nouvelle monnaie internationale... Mais attention à la guerre des monnaies !