Campeurs hors la loi : discorde en toile de fond, le combat vire au bras de fer avec le maire de La Flotte

Publié le 19 août 2015 par Blanchemanche
#Apir #îledeRé
Publié le 19/08/2015 à 03h44 ,  par  Colin pradier

Depuis trente-huit ans, les campeurs sur parcelles privées sont dans l’illégalité. Ils se battent pour en sortir. Mais le combat vire au bras de fer avec le maire de La Flotte.

Sur la commune de Rivedoux, certains campent toujours sur leurs parcelles.©Photo Clément LesaffreEn mars, la nouvelle fait sortir Sylvie Geffré de ses gonds. Léon Gendre, maire de La Flotte, prend un arrêté municipal autorisant la police à verbaliser jusqu'à cinq fois par jour les personnes stationnant sur leur propre terrain. La présidente de l'Apir, l'Association des propriétaires de l'île de Ré, évoque alors « des méthodes d'intimidation auxquelles nous faisons face et qui ne nous feront pas céder ». Sur la question des campeurs sur parcelles privées, le dialogue entre les deux est définitivement consommé.Il prend même des allures de duel. Sylvie Geffré, également présidente de la Fédération française de camping-caravaning sur parcelle privée et l'ancien président de la Communauté de communes de l'île de Ré défendent bec et ongles leur point de vue, partageant une détestation « cordiale » l'un pour l'autre.« Léon Gendre est totalement irrationnel sur ce sujet. Il en a fait une affaire personnelle. Je suis d'accord sur le fait qu'il a la loi avec lui mais il existe des solutions dérogatoires possibles en concertation avec les élus locaux, assène Sylvie Geffré. Seulement, il faut arriver à un compromis et avec Monsieur Gendre, il n'est pas possible de communiquer », ajoute la présidente de l'Apir sur celui qu'elle qualifie de « Napoléon de l'île de Ré ».Le maire de La Flotte, Léon Gendre.©Archives X. LeotyLéon GendreLe maire de La Flotte contre-attaque : « Cette dame peut penser tout ce qu'elle veut, elle est hors la loi. Et pour une fonctionnaire territoriale (Sylvie Geffré est employée à la mairie de La Rochelle, NDLR), je trouve ça étonnant. »Sylvie Geffré, présidente de l’Apir.©Photo C.P.Sylvie Geffré pointe elle du doigt une décision qu'elle qualifie de « racisme social ». « Au départ, les opposants ont mis en avant l'argument écologique. Il est vrai qu'il y avait des choses à améliorer mais nous étions prêts à financer les aménagements nécessaires. Tout ceci était un prétexte pour écarter les classes populaires de l'île. On nous a considérés comme une pollution visuelle. Ras-le-bol de l'argent tout-puissant ! Et contrairement à ce qui a été avancé, notre présence sur ces terres autrefois en friche a permis d'en maintenir l'entretien, ceci dans un grand respect de l'environnement. »Point de vue que ne partage pas vraiment Léon Gendre. « Respectueux de l'environnement ? Des fils barbelés pour clôturer les parcelles et un trou pour faire ses besoins, je n'appelle pas cela des aménagements respectueux. »Les terrains sont aujourd'hui pour une grande partie retournés à leur état de jachère. L'État propose un rachat pour... 1,07 € le mètre carré. « Des parcelles qui ne deviendront jamais constructibles », assurent les élus.Sylvie GeffréParmi eux, Lionel Quillet, maire de Loix et président de la Communauté de communes, se montre moins virulent mais reste du même avis que son voisin flottais. « En tant que maire, je suis là pour faire respecter la loi. Humainement, je comprends que cela puisse être un crève-cœur pour ces propriétaires de devoir renoncer à jouir de leur terrain mais ils sont aujourd'hui dans l'illégalité. L'arrivée prochaine sur l'île du Plan de prévention des risques (PPR) liés aux feux de forêt va instaurer des règles très strictes qui vont certainement mettre fin à ces pratiques. Au sein de ma commune, il y a en plus un risque de submersion autour de ces parcelles que l'ont ne peut pas négliger. » Malgré l'illégalité de la pratique, la présidente de l'Apir ne plie pas et reste convaincue d'avoir au final gain de cause. « Je sais qu'il [Léon Gendre, NDLR] fera tout pour arriver à ses fins. Mais le jour où il quittera la vie politique, je suis sûre que nous arriverons de nouveau à établir une discussion sereine avec les autorités. » Les campeurs sur parcelles privées ressemblent aujourd'hui à un village d'irréductibles luttant contre la gentrification de l'île. « Nous estimons avoir été acteurs de la construction de l'identité de Ré. Nous en écarter serait une grande injustice. »http://www.sudouest.fr/2015/08/19/campeurs-hors-la-loi-discorde-en-toile-de-fond-2100562-1381.php