[Critique] SINISTER 2

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Sinister 2

Note:
Origine : États-Unis/Angleterre
Réalisateur : Ciarán Foy
Distribution : Shannyn Sossamon, James Ransone, Robert Sloan, Dartanian Sloan, Lea Coco, Tate Ellington, John Beasley…
Genre : Horreur/Épouvante/Suite
Date de sortie : 19 août 2015

Le Pitch :
Les meurtres de la famille Oswalt ont fortement ébranlé le shérif adjoint qui avait accepté de prêter main forte à ce père de famille et aux siens. Désormais détective privé, il s’efforce depuis le drame, de remonter la piste du mystérieux et terrifiant croque-mitaine, qu’il tient pour responsable. Une enquête qui le mène droit chez Courtney Collins, une mère dont la crainte de voir son ex-mari débarquer pour lui enlever ses deux fils se fait grandissante de jour en jour. De son côté, Dylan, l’un des deux garçons, fait la connaissance des enfants du boogeyman, dont le but avoué est de corrompre son âme afin qu’il vienne grossir leurs rangs…

La Critique :
Citadel, le premier long-métrage de Ciarán Foy, a fait forte impression. Le retrouver aux commandes de la suite de Sinister s’avérait ainsi relativement rassurant. Sinister qui, pour rappel, s’est vite imposé comme l’un des meilleurs films d’horreur sortis récemment, bien qu’il soit produit par BlumHouse, la boîte qui finance tout et n’importe quoi tant que les billets pleuvent (en témoigne le récent Gallows). Néanmoins, Ethan Hawke ayant quitté le navire, laissant la place à James Ransone, le second rôle du premier film, il y avait aussi à craindre de se retrouver en face d’un film de série B produit à l’arrache dans l’espoir de tirer un peu plus sur la corde, et pourquoi pas d’affirmer une volonté bien crasse d’exploiter n’importe comment une nouvelle franchise. Après tout, cela n’aurait pas été la première fois qu’un bon film donnait naissance à des suites toutes pourries…
Cela dit, que les fans de Bughuul le croque-mitaine se rassurent, Sinister 2 est loin de faire pale figure face à son prédécesseur.

Tout d’abord, il convient de saluer la façon dont ce second volet s’imbrique dans la mythologie du premier. Sans être révolutionnaire ni vraiment surprenant, le scénario arrive à raccrocher les wagons et à justifier sa mise en route. Autre bonne nouvelle, James Ransone porte le récit, et assure après sa promotion, qui le voit donc endosser l’un des deux premiers rôles. Fragile, parfois touchant, il fait le job avec une bonne volonté qui confère à son personnage l’intensité dramatique et l’épaisseur nécessaires au bon déroulement des opérations. Ceci dit, il faut reconnaître que Shannyn Sossamon, soit la mère de famille de l’histoire, contribue elle aussi à offrir à Sinister 2 une crédibilité rassurante. Célébrée dans Chevalier et dans Les Lois des l’attraction, la comédienne qui a passé ces dernières années sous les radars, menant une carrière confidentielle pas spécialement rassurante, semble revenir au premier plan. Ici, après avoir joué dans la première saison de Wayward Pines, la série de Shyamalan, elle démontre d’une pertinence certaine, grandement responsable de l’émotion qui se dégage de Sinister 2.
Car comme il nous l’avait prouvé avec son Citadel, Ciarán Foy renouvelle ici son désir de ne pas sombrer dans la simple succession de jump scares et autres scènes vaguement effrayantes. Le gars a parfaitement compris que l’horreur devait prendre racine dans un terreau d’émotions crédibles pour s’épanouir et toucher le spectateur. Certes, encore une fois, rien d’exceptionnel sur ce plan ici, mais la simplicité et le caractère bien brossé des personnages principaux suffit à encourager une certaine empathie. Même sentence concernant les deux frères qui interprètent les deux fils de Shannyn Sossamon. Belle idée que d’avoir embauché des frangins, et de s’assurer ainsi d’une complicité à l’écran plutôt authentique.

Le fait que Sinister 2 ne soit pas complètement stupide est donc une excellente chose. Maintenant, puisqu’on cause horreur, il est temps de se demander si ce dernier fout les jetons, comme le premier épisode. La réponse tient en un mot : oui. Si vous êtes dans de bonnes conditions, si vous avez aimez Sinister et si la seule vue de ce croque-mitaine à lui seul assez effrayant vous glace le sang, vous passerez sans problème un bon moment à vous chier dessus. Tout spécialement lors des projections spéciales des petits films super 8 à la base du concept même de Sinister, qui constituent ici comme jadis, le gros point fort du film. Et tant pis si l’aspect cyclique peu enthousiasmant de la chose (en gros, il se passe des trucs, on nous montre une vidéo, il se passe des trucs, on nous remet une vidéo, etc…) atténue un peu l’effet escompté, car à eux seuls, ces petits clips bien craspecs collent un beau malaise assez rare dans les productions de genre destinées au grand public.
Pour autant, au-delà du caractère percutant des images « found footage », c’est encore une fois le son qui fait des merveilles. En se calant sur le modèle imposé dans Sinister par Christopher Young et son monteur Thomas Milano, tomandandy (oui c’est le nom du mec) arrive à trouver la tonalité juste pour envelopper les images. Parfaite, la bande-son accomplit des prouesses à elle-seule et parvient à construire une ambiance à couper au couteau, jusqu’à donner des sueurs froides, tout spécialement si le projectionniste a décidé de pousser le volume à 11. Combiné à des scènes de meurtres bien glauques, le son porte un film parfois perturbant, jusqu’à faire oublier qu’au final, nous sommes toujours devant un produit calibré pour cartonner.
Pas très bien rythmé, ne pouvant pas s’empêcher d’avoir recours à des artifices faciles et inutiles et tombe parfois dans le ridicule, Sinister 2 se détache quand même du lot, mais par intermittence, un peu à l’instar de son prédécesseur. D’un côté balisé et prévisible, il sait montrer les dents à plusieurs reprises pour prendre le spectateur à la gorge. La fin par exemple, est surprenante de noirceur, compte tenu de la teneur de projet. À l’arrivée, si on a bien sûr vu mieux, il faut saluer le boulot de Ciarán Foy et de son équipe, qui ont réussi, non seulement à limiter les dégâts, mais aussi à s’inscrire dans la ligne directrice du premier. Sans l’effet de surprise et en se plaçant un peu plus du côté des enfants, il signe un film d’épouvante plus qu’honorable, un peu bancal, mais suffisamment convainquant pour le conseiller à tous les amateurs.

@ Gilles Rolland