Les patrons-voyous de l'UIMM

Publié le 06 juin 2008 par Dominik89
On savait que tout ne tournait pas rond au sein de la puissante fédération patronale. Denis Gautier-Sauvagnac y effectuait des retraits en liquide à hauteur de plusieurs millions d'euros sans vouloir indiquer à quoi tout cet argent servait. Pendant ce temps, Laurence Parisot en a profité pour manoeuvrer afin d'évincer les pontes de l'UIMM qui ont toujours été ses adversaires au sein du MEDEF. Le tout en faisant bien attention de se donner le rôle du chevalier blanc du patronat. Un MEDEF qui en a profité pour salir l'image des syndicats en avançant que l'argent détourné leur était destiné. Sans vouloir totalement les éxonérer, il serait juste de préciser qu'ils n'étaient sans doute qu'une partie des destinataires et pas forcément la plus importante.
Tous les soupçons que j'avais nourris se trouvent confirmés et même amplifiés par Annick Le Page dans un article paru sur Rue 89 (en collaboration avec France Inter). Cette ancienne chargée de mission de la Fédération des industries mécaniques (FIM) explique comment l'UIMM avait détourné au moins la moitié de l'argent de la formation professionnelle afin de financer les organisations patronales. Elle évoque aussi des emplois fictifs. Ainsi, bien que travaillant pour la FIM, elle était officiellement salariée d'un centre de formation pour les apprentis !!! Un cas apparemment pas isolé !
La direction des centres de formation récupèrent des dossiers de pré-inscription aux stages et crée des stagiaires fictifs. Le dossier est également créé afin d'être parfaitement en règle, sauf que les stagiaires n'existent pas. Par contre, l'argent récupéré par l'organisme collecteur va au centre de formation qui en reverse une partie à l'UIMM.
On le voit, on est très loin des déclarations de DGS et des autres dirigeants du syndicats patronal. Selon eux, la caisse noire de 600 millions était alimentée par les cotisations des adhérents. Les fonds n'étaient donc pas illégaux, même si leur utilisation prêtait à discussion. Là, il n'en va pas de même ! On assisterait bel et bien à un gigantesque détournement de fonds. Une entreprise criminelle aux conséquences cataclysmiques si l'affaire va au bout (j'avoue que sur ce point, j'ai un doute).
Dès 1998, ce système frauduleux avait été dénoncé par un rapport du SCPC (Service Central de Prévention de la Corruption), mais tout a continué après un petit lifting pour sauver les apparences.
Aujourd'hui, l'affaire est devant un juge et Annick Le Page semble avoir monté un dossier solide pour prouver ses dires. Il faut dire qu'elle a été licenciée par l'UIMM en 2001 pour faute grave alors qu'elle affrontait la maladie. On appréciera l'élégance du procédé, mais doit-on encore s'étonner de tels pratiques des gens qui détournent autant d'argent à leur profit ?
Rappelons que Nicolas Sarkozy était au courant de l'affaire des retraits en liquide de Gautier-Sauvagnac lorsqu'il était ministre du budget, mais qu'il a préféré... ne rien faire. Sans doute au nom de la sacro-sainte amitié avec ses amis les riches.
Détourner plus pour gagner plus, c'est assez clinquant comme slogan, non ?

Dominik

L'avis autorisé
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