Suisse: anatomie de la répression routière

Publié le 25 août 2015 par Jcetter


L'OFS publie des statistiques sur les contrôles de vitesse en Suisse.

Les mesures de répression contre les excès de vitesse et la sévérité accrue des sanctions suite à la modification de l'article 90 de la Loi sur la Circulation Routière (communément appelé Via Sicura) ont elles une incidence sur les comportements des automobilistes ? Les chiffres publiés par l'Office Fédéral de la Statistique fournissent des pistes intéressantes.

Premier constat: l'entrée en vigueur de Via Sicura le 1er janvier 2013 n'a pas entraîné une course à l'armement dans les corps de police cantonaux et communaux. Hormis de légères fluctuations annuelles, peut-être liées à des cycles de remplacement du matériel, l'équipement demeure stable en nombre. La Suisse ne compte en 2015 qu'un seul radar de tronçon, installé entre Orbe et Ballaigues depuis le 29 Août 2014, deuxième tentative de validation après l'échec du test entre Aigle et Bex entre 2011 et 2012.

En comparaison, la France dispose de 2181 radars fixes au 1er Août 2015, 569 radars de vitesse embarqués, 237 radars discriminants, 100 radars de vitesse moyenne et 260 radars mobiles de nouvelle génération (chiffres de la Sécurité Routière).

Le taux d'infraction est une statistique piégeuse: au total, seuls 0.4% des véhicules contrôlés sont en infraction avec la vitesse prescrite. Ce chiffre est toutefois fortement trompeur. Si l'on écarte les radars non-surveillés, pour la plupart fixes et permanents ou semi-permanents, environ 6.5% des automobilistes sont en infraction. Si l'on peut débattre de l'effet positif ou néfaste des radars fixes sur la sécurité routière, les chiffres montrent qu'ils servent peu. Ils contrôlent un nombre très importants de véhicules (grand dénominateur), et les pendulaires connaissent leurs emplacements (faible numérateur).

Les infractions constatées sont-elles grâves ? De moins en moins. L'OFS ne dispose que de données sur les excès de vitesse importants, soit ceux entraînant dénonciation car ils dépassent le cadre d'une simple amende d'ordre. Leur part du total des infractions est générablement en baisse - ce qui veut dire que les infractions sont de plus en plus bénignes, mais reste plus important hors localité. En conjugaison avec le graphique précédent, on conclut ainsi que si les infractions constatées hors localité ne sont pas plus fréquentes que sur autoroute ou en localité, elles restent significativement plus fréquentes en proportion.

Sur la base de ces chiffres, les priorités de contrôles devraient logiquement aller vers les lieux où les infractions dites importantes sont les plus fréquentes.