Les parcours d’insertion des populations roms de montreuil mis à l’honneur dans un reportage sur france 3

Publié le 31 août 2015 par Blanchemanche
#insertiondespopulationsRoms #Montreuil
ENSEMBLE POUR MONTREUIL - ECOLOGIE ET CITOYENNETE | MEDIAS, PRESSE | 31-08-2015


Eric Baudet/ Divergence pour le JDD 
Les parcours d’insertion des populations Roms mis en place sous la précédente mandature ont fait l’objet d’un reportage sur France 3 à travers la rencontre d’une « famille rom qui s’occupe d’un  jardin depuis cinq ans, tous les jours »
Texte de présentation du reportage :Ils bénéficient d’un terrain grâce à l’association « Ecodrom ». Les fruits, légumes et œufs récoltés améliorent l’ordinaire, mais sont surtout distribués aux voisins ou à des associations. « À partir du moment où l’homme travaille la terre, il est considéré autrement. Soudain, les Roms deviennent ceux qui apportent des produits de la terre. C’est toujours quelque chose qui force un peu le respect », commente Colette Lepage de l’association « Ecodrom ».

UN PEUPLE SÉDENTAIRE

Cette implication leur a permis d’obtenir de la mairie une petite maison avec un bail à but humanitaire. De quoi faire rêver de nombreuses autres familles.Car ils sont nombreux à se battre pour se sédentariser. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce peuple n’est pas nomade par nature. Les associations essayent de les guider vers l’intégration en assistant sur l’importance des démarches administratives.http://elus-epm.fr/medias/presse-ensemble-pour-montreuil/parcours-dinsertion-des-populations-roms-mis-a-lhonneur-dans-un-reportage-sur-france-3/

Montreuil, la ville des Roms

Malgré les critiques, la ville de Dominique Voynet s'est lancée dans un ambitieux programme d'accompagnement pour une centaine de familles."C'est bien, ici, il n'y a pas de rats et il y a des toilettes!" Sarah, 10 ans, et ses copines se poussent du coude et rigolent quand on leur demande ce qu'elles pensent de leur nouvelle maison. L'école est finie et la vie s'anime devant les 11 logements modulaires installés en juin dernier sur un petit terrain en retrait de la rue Paul-Bert dans le Bas-Montreuil. "Mon maître m'a dit que je travaillais bien", poursuit la gamine rieuse scolarisée en classe de CM1 et qui, après avoir hésité un instant avec le métier de "fermière", confie qu'elle se verrait bien travailler "dans la police"… Qui a dit que les populations roms ne voulaient pas s'intégrer?Crédit : Eric Baudet/ Divergence pour le JDD C'est en tout cas le pari de la municipalité de Montreuil depuis l'incendie d'un squat en juillet 2008 et la signature en 2010 d'une convention Mous (maîtrise d'œuvre urbaine et sociale) avec l'État. Une centaine de familles roms (350 personnes) sont concernées. Elles sont aujourd'hui installées dans deux "villages d'insertion" et, pour les plus autonomes (titre de séjour, condition de ressources…), dans 22 "logements passerelles" répartis sur deux sites – dont celui où vivent désormais Sarah et sa famille –, dernier sas avant un retour vers ce que les travailleurs sociaux appellent "le droit commun".

Une façon de justifier les démantèlements

Confronté comme d'autres communes de l'Est parisien au"problème rom", Montreuil "essaie de faire sa part, toute sa part, mais pas plus", insiste-t-on au cabinet de Dominique Voynet. Une formule qui vise à assumer le coût politique – mécontentement des riverains, bisbilles politiciennes… – et le coût financier – 7,20 euros par habitant en 2012 pour cette ville de plus de 100.000 habitants – de ce programme ambitieux. Une façon aussi de justifier les démantèlements de tout nouveau campement sauvage, comme cela s'est passé en mai et encore ce mois-ci. "Sur les cent familles que nous suivons, résume Fabien Charbuillet, en charge des affaires sociales à la mairie de Montreuil et collaborateur de Dominique Voynet, 10 sont parties d'elles-mêmes, 10 ont été virées parce qu'elles ne jouaient pas le jeu notamment pour la scolarisation des enfants, qui est le pivot du projet, 22 sont en logements passerelles et 30 comptent un membre qui a trouvé un emploi…"C'est le cas de Stefan, 24 ans, qui travaille depuis avril comme "agent polyvalent" dans un restaurant du côté des Quatre-­Chemins, à Aubervilliers. "Je fais la plonge, le service, mais aussi les gâteaux et les entrées", énumère ce jeune homme, papa d'un petit Elvis et d'un bébé prénommé David, tous deux nés en France. Il revient tout juste du Salon emploi hôtellerie restauration, où il a déposé sept CV. Son CDD de six mois, 26 heures par semaine pour 800 euros par mois, s'achève en effet fin octobre…Eric Baudet/ Divergence pour le JDD Stephan a débarqué à l'âge de 17 ans avec ses cinq frères et ses parents. Après une scolarité réduite et quelques menus travaux dans l'agriculture, il est venu en France "gagner [s]a vie" en sachant très bien ce qui l'attendait : les squats, les cabanes… Aujourd'hui, il se débrouille avec le français, savoure le confort sommaire de sa caravane, pour laquelle il paie un loyer symbolique de 30 euros, et remercie sans cesse l'équipe de l'association ALJ 93, qui gère le "village d'insertion" de la rue Édouard-Branly.Ils sont une dizaine (agents d'insertion, médiatrices, travailleurs sociaux…) à se relayer pour "accompagner" la cinquantaine de familles installées ici depuis un an dans autant de caravanes en bout de course fournies par la mairie. Une cuisine collective, un bloc sanitaire et quelques lampadaires complètent l'équipement. Le visiteur est accueilli par des bonjours, des poignées de main et des invitations à prendre un café. La précarité est encore palpable, mais on est loin de la misère crasse des campements sauvages. De beaux géraniums agrémentent le site, mais quelques minutes suffisent pour se rendre compte que vivent ici autant de rats que d'enfants…Eric Baudet/ Divergence pour le JDD "C'est pas grave", juge Cristian, conscient de la chance qui est la sienne d'avoir un toit et un "vrai" travail après des années de galère et de boulots au noir. "Grande maison, petite maison… L'important, c'est d'avoir une maison", explique dans un mauvais français ce trentenaire qui n'a jamais été à l'école et qui est aujourd'hui tout fier de recevoir chaque mois une fiche de paie et un chèque de 1.200 euros pour un job de manœuvre sur des chantiers. Son rêve? "Construire ma maison en France." En attendant, il espère que son CDD sera reconduit…Pendant que les femmes assurent la navette des seaux d'eau entre les sanitaires et leurs caravanes, des hommes s'activent entre l'ancien hangar transformé en brocante et le portail du camp, qui rend invisible de la rue l'alignement des caravanes. Tapis élimés, vieilles télévisions, fers à repasser… Tout a été récupéré – "Ils connaissent par cœur l'itinéraire du passage des encombrants dans toutes les communes alentour", explique un travailleur social –, vaguement retapé avant d'être revendu contre une poignée d'euros "à des Africains" qui tiennent des marchés biffins. La "ferraille" et la mendicité sont toujours d'actualité. Si les visites sont libres jusqu'à 18 heures, une "veille" est assurée sur le site par l'association ALJ 93. "Ce n'est pas une prison, insiste Nora Oulhatri, chargée d'insertion. Mais il est hors de question de faire n'importe quoi sur le site. D'ailleurs, la police n'a jamais eu à intervenir, sauf une fois pour des jeunes qui s'étaient alcoolisés."

"Ils ne comptent pas parmi les plus pauvres"

La plupart des Roms de Montreuil sont originaires de la même région d'Arad, dans l'ouest de la Roumanie. "Ils ne comptent pas parmi les plus pauvres de la communauté rom ; tous ou presque disposent d'une maison en Roumanie, et on compte très peu de familles nombreuses", précise Marie-Louise Mouket, chef de projet. La levée des restrictions à l'emploi en janvier 2014 ­accélérera-t-elle l'intégration des adultes sur le marché du travail? "Ils s'adaptent mieux que certains chômeurs longue durée!", veut croire Nora. Mais on sait d'ores et déjà en mairie que la question du retour au pays risque de se poser pour une dizaine de familles…Qu'adviendra-t-il d'ici un an et demi, quand le "village" fermera pour faire place à la construction de logements sociaux? Comment se passera la cohabitation entre Roms et d'autres populations appelées à bénéficier aussi des 22 logements passerelles du Bas-Montreuil? La petite Sarah pourra-t-elle poursuivre sa scolarité jusqu'au bout alors que le maintien au collège des jeunes filles roms se heurte à des "freins culturels" majeurs? Dans son petit T2 propret et décoré de fleurs artificielles, Corina, 33 ans, la maman de Sarah, qui espère obtenir un logement social prochainement, semble convaincue : "C'est une bonne élève. Je veux qu'elle aille à l'école longtemps…"Stéphane Joahny - Le Journal du Dimanchehttp://www.lejdd.fr/Societe/Montreuil-la-ville-des-Roms-631279