POLITIQUE / SOCIETE > Les agriculteurs en colère et leurs tracteurs montent à Paris

Publié le 02 septembre 2015 par Fab @fabrice_gil
Entre 1 000 et 1 500 tracteurs convergent vers Paris pour prendre part à la grande manifestation de jeudi. Partis pour certains hier, ils roulent vers la capitale...

Les agriculteurs en colère et leurs tracteurs montent à Paris" /> Les agriculteurs en colère et leurs tracteurs montent à Paris" border="0" title="POLITIQUE / SOCIETE > Les agriculteurs en colère et leurs tracteurs montent à Paris" />

Photo ©AFP/FRED TANNEAU

Les agriculteurs ont prévu une démonstration de force jeudi 3 septembre et promettent de bloquer Paris avec "plus de 1.000 tracteurs" pour exprimer leur désespoir face à l'effondrement des cours et demander des réformes de fond. Cette manifestation, à l'appel du puissant syndicat agricole FNSEA et des JA (Jeunes agriculteurs), reflète le malaise exprimé cet été par les éleveurs français (lait, viande bovine et porcine) qui ont vu les prix de leurs productions chuter au point de mettre en danger leurs exploitations. La FNSEA et les JA ont lancé un appel à la mobilisation des paysans, issus de toutes les productions, à venir manifester jeudi, après 500 actions environs menées tout l'été à travers le territoire. Une délégation d'une centaine d'agriculteurs se rendra par ailleurs jeudi matin à l'Assemblée nationale pour remettre aux députés les "demandes et doléances d'un monde paysan, d'un monde rural au bord de l'explosion et qui attend beaucoup de ses représentants nationaux", ont écrit mardi les deux présidents, Xavier Beulin (FNSEA) et Thomas Diemer (JA) dans un courrier adressé aux députés.

"On est à bout" - Toute l'agriculture française sera donc représentée, des céréaliers aux planteurs de betteraves, confrontés à la chute des prix du sucre dans l'Union, mais les éleveurs comptent particulièrement profiter de ce rassemblement pour se faire entendre. "Nous espérons des résultats. Nous n'allons pas à la parade faire le 14 juillet des tracteurs", avertit Sébastien Louzaouen, président des Jeunes agriculteurs du Finistère. "On est à bout". "Si on montre qu'on peut bloquer Paris, ça fera peut-être bouger le gouvernement. Désolé pour les Parisiens, mais les paysans arrivent". Les premiers tracteurs, ornés du "gwen ha du", le drapeau breton, et sur lesquels on peut lire des slogans tels que "La colère paysanne monte à Paris", "La bureaucratie tue l'emploi", ou encore "Au secours, nous mourrons", prennent la direction de Paris à la vitesse de 35 km/heure.
Insuffisant - La FNSEA réclame du concret pour que l'agriculture française ne "parte pas en liquidation". "Au-delà de l'urgence, nous voulons une véritable ambition pour l'agriculture française, pas une solution miracle mais un ensemble de décisions courageuses pour sortir les paysans du marasme", insiste-t-il, jugeant que le plan de soutien à l'élevage présenté par le gouvernement "est insuffisant". Le gouvernement a annoncé le 22 juillet un plan d'urgence pour les éleveurs de 600 millions d'euros, dont 100 millions d'annulations de charges et cotisations et 500 millions de reports. Mais, le monde agricole, au-delà de mesures de court-terme pour faire face aux trésoreries exsangues, réclame aussi une "pause" dans l'empilement réglementaire et normatif qui plombe les producteurs français au profit de leurs concurrents européens. Xavier Beulin souhaite un moratoire d'un an sur toute nouvelle disposition réglementaire. "Quand la France va au-delà de la norme européenne, il est temps de se poser les bonnes questions". Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a déjà indiqué que "des annonces ser(aie)nt faites le 3 septembre", sans plus de détails. Mais il souligne aussi que la crise est liée à un excédent de production sur le marché européen dû à l'embargo russe, pour le porc, ou à un excédent mondial, pour le lait, et qu'il faut donc agir au niveau communautaire. La FNSEA a déjà prévu une autre mobilisation ce jour-là à Bruxelles. Par ailleurs, la société de fret ferroviaire Combiwest, créée par des agriculteurs bretons pour transporter leurs produits, menace de bloquer le trafic des trains en région parisienne en soutien au mouvement et pour protester contre la SNCF, qu'elle accuse d'entraver son développement.FG