Petit éloge du petit déjeuner

Par Apollinee

Tandis que sonne la rentrée et son inévitable lot de bonnes résolutions, penchons-nous sur l'un des moments-phares de la journée (de ceux que je préfère, perso), celui du petit déjeuner. Ce moment où l'on profile la journée, sitôt ingéré le café qui stimule ardeur et idées...

"Le petit déjeuner est un moment plutôt joyeux qui, même s'il est solitaire, effectue une douce transition entre les ombres de la nuit et les occupations du jour", affirme le scénariste et réalisateur, Thierry Bourcy, auteur de cet éloge matinal. 

Et de sonder le moment sous toutes ses coutures - le prenez-vous, habillé ou en tenue de nuit ?à table ou au lit? - ses ambiances - selon que vous le prenez seul, en couple, en famille ou avec des amis -  ses compositions,  latitudes - l'auteur nous offre un tour du monde des breakfasts et brunchs - ses références littéraires - petits déjeuners tintinesques, oulipiens et délicieusement imaginaires .....

"Prendre ensemble le petit déjeuner, c'est forcément partager bien plus qu'un repas: il y flotte des restes de rêve, des lambeaux de sommeil, la nostalgie des draps ou de la chaleur de la couette; le corps encore engourdi enchaîne les gestes automatiques, le visage n'a pas eu le temps de reprendre le masque du travail, un soupçon de maladresse fait s'entrechoquer les tasses et les couverts, et le regard se perd dans le nuage de lait qui s'épanouit dans le mug de thé. On ne partage pas le petit déjeuner avec n'importe qui."

Et l'auteur de fustiger, partant, les petits déjeuners de travail: 

"Parmi les hérésies mises au point par la vie dite moderne, il en est une qui m'irrite beaucoup: c'est le petit déjeuner de travail. Cette locution a quelque chose d'un oxymore, tant le petit déjeuner, qu'on imagine intime, tranquille et protégé du monde, se prête mal à l'idée d'une activité rémunérée."

Pas de doute, le moment est privilégié, qui enfante la journée et l'enchante.

AE

 Petit éloge du petit déjeuner, Thierry Bourcy, Ed. Gallimard/ Folio 2 €, Inédit, sept. 2015, 116 pp