Je me fous des logiques comptables quand la mort de masse est en marche. Debout, les consciences !

Publié le 05 septembre 2015 par Blanchemanche
#réfugiés

Je m'en fous.
Je me fous qu'on me dise qu'on ne doit pas tout mélanger, que chaque situation historique est singulière. Le sort des réfugiés actuels est une récurrence historique. La question n'est pas de dire que les Syriens d'aujourd'hui sont les Juifs d'hier. Mais elle est bien de constater qu'il y avait 40 millions de réfugiés il y a 70 ans, avec la Seconde Guerre mondiale, et qu'il y en a aujourd'hui plus de 60 millions, un record absolu, comme le note le Haut-Commissariat aux Réfugiés. La comparaison est valable quand on constate que, dans les années 1930, les frontières de nombreux Etats démocratiques se sont fermées aux réfugiés qui fuyaient les persécutions et les menaces de mort du nazisme et du fascisme; et que ces mêmes frontières sont largement étanches pour les réfugiés de Syrie. Honte aux régimes démocratiques qui bafouent leurs valeurs.
Je me fous qu'on avance, comme à l'habitude, les difficultés de nos sociétés quand se pose la question du sauvetage de quelques centaines de milliers de personnes par toute l'Europe alors qu'ils représentent actuellement le quart de la population libanaise, idem pour la Jordanie, aux frontières de la Syrie en feu.
Je me fous qu'on dise que je représente ainsi plus la bourgeoisie libérale plutôt nantie, loin des conditions de vie du prolétariat et du sous-prolétariat ou autres catégories en graves difficultés de nos cités et de nos campagnes.
Je m'en fous. Parce qu'il y a des priorités absolues. C'est la simple humanité, le respect de soi par le respect des autres, l'engagement comme condition d'un vrai épanouissement individuel, la défense des valeurs héritées de la Révolution française et de la Résistance plutôt que le rejet, la peur, le repli sur soi. Qu'avons-nous fait de notre message universaliste ?
Je me fous des logiques comptables quand la mort de masse est en marche. Debout, les consciences !

Denis Peschanski

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Initiative CALM : déjà 500 Français volontaires pour héberger des réfugiés

Face à l’afflux de réfugiés en France, une association, Singa, lance l’initiative CALM (Comme A La Maison). Ce site web permet à des familles d’héberger des demandeurs d'asile pendant plusieurs mois.

L'initiative CALM, lancée par l’association Singa, fonctionne un peu comme un site de rencontre solidaire. Le principe : les Français qui disposent d’une chambre libre pendant au moins deux semaines peuvent s’inscrire pour proposer d’héberger un ou plusieurs réfugiés. Il n’y a aucune contrepartie financière. Une condition, en revanche : les demandes d’asile de ces réfugiés doivent avoir été acceptées.

CALM rencontre un fort succès

Mercredi, 200 personnes s’étaient proposées comme hôtes, elles étaient 500 jeudi. Ces logeurs potentiels ont des profils très divers, explique la cofondatrice de Singa, Alice Barbe : "Nous avons beaucoup de familles qui ont des chambres libres parce que les enfants ont grandi et sont partis, on a aussi des personnes seules, ou des agriculteurs, des gens qui habitent en milieu rural. On a même quelqu’un qui habite un château ! "
"Je me souviens de l’angoisse dans la rue, c’est terrible. S’il y a une famille qui peut t’entourer, c’est hyper important" (Carlos, accompagnateur de projet pour Singa)
Pour l’heure, 50 réfugiés ont fait une demande d’hébergement via CALM. Venus de Syrie, d’Erythrée ou du Soudan, ils sont nombreux à se trouver en difficultés. Carlos, accompagnateur de projet pour Singa, s’est retrouvé dans ce cas quand il a fui la Colombie il y a quatre ans : "J’ai passé quatre mois dans la rue, explique-t-il, entre le 115 et la Pitié Salpêtrière parfois. Et puis, un journaliste a fait un reportage où il m’a interviewé, en demandant comment on fait pour vivre dans le froid. Le lendemain, une famille française m’a contacté. Au début j’étais très impressionné timide. Le père de famille a fixé des règles, il m’a dit qu’il m’accueillerait trois mois. Finalement, je suis resté deux ans. Au bout d’un an j’ai voulu partir, j’avais trouvé un emploi et un logement, mais la famille m’a dit de rester." 

Des colocations aussi bénéfiques pour les logeurs

Marie, a hébergé un réfugié l’été dernier : "C’était un homme d’une quarantaine d’années, qui travaille pour les droits de l’Homme, très investi. C’était vraiment une découverte géniale, en plus il travaillait sur des sujets que j’aime beaucoup, le droit international, l’économie solidaire. On s’est rencontrés, je me suis dit 'Ca va le faire !'. Des personnes m’ont demandé si ça ne me faisait pas peur, je me suis dit non. Au début j’ai quand même fixé des règles, je lui ai demandé s’il voyait les choses de la même manière, c’était le cas, et ça c’est très bien passé." Les deux colocataires se sont entraidés : "Moi j’avais beaucoup de questions sur le droit international, lui sur comment chercher du travail en France."
Autour de la co-fondatrice de Singa Alice Barbe (2e en partant de la gauche), l’équipe de l’association lance CALM, initiative permettant aux Français volontaires d’héberger des réfugiés © Radio France - Camille Revel

Des règles bien établies par Singa

Pour que cette "colocation" se passe bien, Singa fixe des règles : avec une charte pour le logeur et la personne hébergée, une disponibilité 24h/24 en cas de problème et la présence d’un médiateur si besoin. L’association propose aussi des formations et multiplie actuellement les réunions avec les familles intéressées, pour les former et qu'elles s'engagent dans l'aventure dans les meilleures conditions. L'engagement n'est pas financier, ni définitif : dans le cas où l'une des deux parties ne souhaite pas continuer la colocation, "on essaie de régler le problème mais si ça ne fonctionne pas, on arrête", assure Alice Barbe. CALM est partie d'un constat simple : les réfugiés statutaires ont des droits - notamment celui de travailler - mais ils ne connaissent souvent aucun Français, n'ont aucun réseau, et cela bloque leur intégration.  Pourtant "les réfugiés ce sont des entrepreneurs, des talents, une source de richesse inter-culturelle, de créations d'emploi", assure Alice Barbe. D'où l'idée de leur trouver une solution temporaire de logement "pour se poser, mieux comprendre la société dans laquelle ils sont, rencontrer des Français et surtout pour plus de sérénité pendant toute cette période de stress et d'anxiété. " Afin de poursuivre son développement, l’association Singa va lancer une campagne de crowdfunding - financement participatif- fin septembre.par Camille Revelhttp://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/500-francais-volontaires-pour-heberger-des-refugies-724911