José Luis Borges, Tankas

Publié le 06 septembre 2015 par Adtraviata
1 . En haut sur la cime Le jardin entier est lune, Lune d’or. Plus précieux le frôlement De ta bouche dans l’ombre . 2 . La voix de l’oiseau Que la pénombre recouvre On ne l’entend plus. Tu marches dans ton jardin Quelque chose, oui, te manque. . 3 . La coupe d’un autre, L’épée qui fut une épée Dans une autre main, La lune de cette rue, Dis-moi, n’est-ce pas assez ? . 4 . Il est sous la lune Le tigre fait d’or et d’ombre Il fixe ses griffes Il ne sait pas qu’au matin Elles ont tué un homme. . 5 . Triste cette pluie Qui sur le marbre s’égoutte, Triste d’être terre. Triste, n’être pas les jours De l’homme, le rêve, l’aube. . 6 . N’être pas tombé Comme d’autres de ma race, Au champ de bataille. Être dans la vaine nuit Seul à compter les syllabes.

Jorge  Luis BORGES, La proximité de la mer – Une anthologie de 99 poèmes, traduit de l’espagnol (Argentine) par Jacques Ancet, Gallimard, 2010

J’ai choisi ce poème « classique » pour terminer cette semaine en Argentine, petit clin d’oeil au premier roman lu en avant-première, Le chanteur de tango, qui évoquait largement José Luis Borges. J’ai été ravie de voyager avec Marilyne qui vous présente aujourd’hui la poésie de Juan Gelman, je ne pouvais rêver meilleure compagne de voyage, merci à toi !


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