Cœur Circuit 2 : Monsieur le robot, ne pleurez pas trop

Publié le 11 septembre 2015 par _nicolas @BranchezVous
Exclusif

Pourquoi ne pas commencer par le premier Cœur Circuit? Parce que c’est le deuxième qui passe un dimanche après-midi sur trois à TVA.

TITRE
Short Circuit 2

TITRES ALTERNATIFS
Cœur Circuit 2,
Appelez-moi Johnny 5 (en France), ou
Wall-E, le prequel

PAYS D’ORIGINE :
États-Unis

DATE DE SORTIE :
1988

Personnages

Johnny 5 était un robot militaire comme les autres, jusqu’à ce que…

Pour éviter un tel incident, frottez vos robots militaires avec une feuille de Bounce. Un truc simple, et efficace.

Et c’est ainsi que Numéro 5 est devenu un être conscient. Depuis, il multiplie les références de culture pop et les imitations, tel un Robin Williams cheap acheté au Tigre Géant. N’essayez pas ça avec votre grille-pain, au risque de vous retrouver avec Monsieur Toaster qui commente chacun de vos déjeuners.

Numéro 5 a lui-même pris la décision de s’appeler Johnny 5. À défaut d’être original, c’est quand même mieux que Kéveune 4, Alexe-Sandra 8.

Mis à part le robot, son inventeur Ben Jahrvi est le seul personnage qui a fait le saut du premier au deuxième film. L’acteur Fisher Stevens est la raison pour laquelle je tenais tant à passer un après-midi à revoir ce film plutôt que d’aller pique-niquer dans un parc ou peu importe ce que vous, les gens avec une vie sociale, faites l’été.

C’est lui qui jouait le méchant dans le film Hackers et, encore une fois, Stevens brille à l’écran. Il y démontre toute l’étendue de sa palette d’acteur quand vient le temps de surjouer un personnage mal écrit. Du génie!

Né à Chicago, Stevens joue dans Cœur Circuit un immigrant indien. Avec la peau foncée. Et un accent. On visait sans doute un effet à la Peter Sellers dans Le Party. On a plutôt obtenu un effet «mon oncle Roger fait ses imitations racistes», au party de Noël.

Mais encore?

Alors que les personnages du premier Cœur Circuit vivent maintenant en reclus pour cacher Johnny 5 à l’armée, Ben survit en vendant des répliques miniatures du robot sur le trottoir, à New York. Discret comme un chandail de loup au Reine-Élizabeth.

Le film débute à peine et, déjà, un personnage tente d’en sortir.

Un de ces mini Johnny 5 (appelons-le Johnny deux et demi) s’échappe et profite du générique du film pour faire le tour d’un magasin, où il est remarqué par une acheteuse, qui en veut quelques milliers pour Noël.

Ben et Fred, un gars qui vend des fausses Rolex, devront donc trouver un moyen de produire en masse. C’est à ce moment que débarque…

La hache en moins.

Le robot débarque avec une lettre des deux protagonistes du film précédent.

Cher Ben,

Tu coûtes moins cher que nous, alors on va te laisser faire ce film tout seul.
Amuse-toi bien, et ne lâche pas l’accent : peut-être qu’un moment donné, ça va devenir drôle.

Au plaisir,
Ally Sheedy et Steve Guttenberg

Ben a alors un éclair de génie : puisque Johnny 5 est une créature consciente dotée d’une personnalité, comme une vraie personne, pourquoi ne pas lui cacher le fait qu’il est dans une ville, lui interdire de sortir et le faire travailler jour et nuit à construire des robots? Fuck yeah, l’esclavage!

Johnny 5 apprend par accident qu’il est dans une ville et il se lance à l’assaut des rues. Il fait alors la rencontre du plus badass des gangs de rue de New York : Los Locos.

À la fois gang de rue et troupe de comédie musicale, Los Locos entraîne notre héros sur la voie de la criminalité et lui donnent un tout nouveau look vraiment gangsta.

Los Locos : Encore moins viril que le EGG.

À notre grand désarroi, Los Locos ne sont pas les antagonistes principaux du film, et nous ne les revoyons plus passé cette brillante scène. Cœur Circuit 2, tu nous laisses tomber.

Les vrais méchants, donc.

Des malfrats veulent utiliser le sous-sol de l’entrepôt où se trouvent nos héros pour creuser un tunnel vers le coffre-fort d’une banque pour y voler une collection de diamants qui doit être exposée au musée bientôt. C’est ce que les scénaristes ont trouvé de mieux dans leur livre 1 001 clichés que vous devez avoir mis dans un film au moins une fois dans votre vie.

Débarquent donc à l’entrepôt deux hommes cagoulés voulant «désassembler» le robot. C’est à ce moment que Johnny pète une coche et fait la face ci-dessous.

Armé d’une hache, il décapite les deux voleurs, se fait un manteau avec leur peau et un maquillage de guerre avec leur sang. Puis, il convertit les jouets qu’il fabrique en machines de guerre avec lesquelles il prend le contrôle de New York, puis du monde, laissant derrière lui de la destruction et une armée de robots ayant pour mission d’éradiquer l’humanité. Seul un certain John Connor arrive à leur tenir tête.

Ben non. Évidemment pas. Il met plutôt les deux voleurs dehors et il installe un système de sécurité digne d’un mauvais remake de Maman, j’ai raté l’avion. Bouuuuuh!

Ben l’Indien est si maladroit, parce qu’il ne parle pas vraiment anglais. C’est un immigrant indien. Joué par un blanc. Né à Chicago.

Parallèlement, Ben l’Indien tente d’avoir un rendez-vous galant avec la fille qui veut lui acheter ses robots, mais il est si maladroit, parce qu’il ne parle pas vraiment anglais, parce que c’est un immigrant indien. Joué par un blanc. Né à Chicago. COMÉDIE!

Pour l’aider, Johnny 5 offre de lui souffler des répliques, tel un Cyrano de Bergerac (une idée que l’on retrouve à la page 428 du livre 1 001 clichés que vous devez avoir mis dans un film au moins une fois dans votre vie).

À la grande surprise de quiconque n’a jamais regardé un film ou une série télé, l’initiative est une catastrophe. Malgré tout, la fille trouve le subterfuge absolument charmant, parce que le cinéma est écrit par des puceaux qui vivent dans un monde imaginaire tordu. Un deuxième rendez-vous est planifié.

Or, coup de théâtre!, Ben et Fred sont kidnappés et enfermés dans une chambre froide par les méchants, qu’on avait un peu oubliés parce que ça fait facilement 25 minutes qu’on ne les avait pas vus.

Ils arrivent à s’échapper en jouant des petits bouts de chanson sur le répondeur de la fille grâce à une calculatrice et un tournevis.

Vous avez bien lu : une calculatrice et des chansons en bip-bip-bip sur un répondeur, dont le titre donne des directions à une fille qui ne sait rien de ce qui se passe. C’est ça leur plan. C’est peut-être absolument ridicule et irréaliste, mais on va leur donner ça : on ne trouve rien de tel dans le livre 1 001 clichés que vous devez avoir mis dans un film au moins une fois dans votre vie.

Pendant ce temps, les méchants convainquent Johnny 5 de creuser le tunnel à leur place. S’ensuit une poursuite où Johnny est sauvagement battu à coup de barre de fer et de hache et laissé pour mort sur le trottoir, le «sang» de sa batterie coulant sur la chaussée. Vous savez, cette scène qu’on trouve dans tous les bons films familiaux des années 1980? Good times

Fred le vendeur de Rolex le retrouve, l’amène au Radio Shack (placement de produit désuet) et le répare en suivant ses instructions. Il ne reste plus qu’une dizaine de minutes de batterie à Johnny 5, c’est pourquoi il était essentiel qu’il prenne le temps de se faire un mohawk de punk et qu’il s’installe des pics sur les épaules. Johnny 5, un robot avec les priorités à la bonne place.

Ajoutez Die Antwood là-dedans et vous avez Chappie.

Avec la chanson I Need a Hero qui joue en arrière-plan (on aurait préféré Mr. Roboto), Johnny se lance à la poursuite du cinquantenaire bedonnant qui est parti avec les diamants. La poursuite de la décennie devient la poursuite du siècle quand le petit monsieur qui ne doit pas pouvoir faire quatre coins de rue sans faire une crise de cœur embarque dans un petit bateau et se sauve pas trop vite en restant quand même près du bord.

Le robot attrape le méchant, mais sa batterie est à plat. Johnny 5 meurt donc. Dans un film. Dont il est le personnage principal. Inutile de dire que le public à la maison est VRAIMENT inquiet.

Ben tente de recharger Johnny, mais il a un fil de iPhone 6 alors que Johnny a une plogue de iPhone 5. Notre héros est quand même ressuscité.

Quelques mois passent, Ben et Fred sont maintenant aussi riches que le gars qui a inventé les Pogs dans les années 1990. On se retrouve à une cérémonie de citoyenneté et parmi les nouveaux citoyens américains se trouve… Johnny 5, maintenant plaqué or, parce que c’est plus swag.

Le film se termine sur un freeze-frame et une musique de synthé, pour qu’on soit bien certain que ça se déroule pendant les années 1980.

Un robot doté d’une conscience qui devient citoyen égal aux autres, voilà un événement historique! C’est pourquoi pas loin de trois caméras et deux journalistes sont sur place.

Note finale : 3 «I’m alive!» sur 5

Le scénario est rempli de maladresses, mais Johnny 5 est un personnage aussi attachant que le personnage du faux Indien est raciste. Au point où on aimerait bien voir Cœur Circuit 3.

Un troisième chapitre sombre, où Johnny 5 se rend compte que tant qu’on le répare, il est pratiquement immortel. Conscient qu’il est condamné à voir ses amis mourir les uns après les autres, Johnny 5 tombe dans une profonde dépression et devient itinérant. Arrêté par la police après avoir tenté de s’accoupler à un ski-doo, il reprend goût à la vie en tenant de longues conversations avec Siri.

Cela dit, Cœur Circuit 2 ne fonctionne que parce qu’on ne nous montre jamais le robot monter ou descendre un escalier, ce qu’il est visiblement incapable de faire. Autrement, ce serait Cœur Circuit : l’histoire du robot qui ne pouvait habiter qu’au rez-de-chaussée.