Appartenir, Séverine Werba

Par Laurielit @bloglaurielit

Je ne sais si "Appartenir" est un roman ou un récit. L'auteure y dépeint une jeune femme à la recherche de son passé; passé lourd car elle est issue d'une famille juive du côté de son grand-père. Ah ce grand-père, Babar, celui à côté de qui elle vit au 30. Ce grand-père avec qui elle noue un lien très fort, très intime mais ce grand-père qui meurt avec tous ses secrets, toute son histoire de famille. Quelle est la place de notre passé dans notre propre construction? Pour la narratrice, il est important de savoir...d'un coup il y a urgence. Ne pas savoir devient un frein à sa vie. Alors elle se lance, à corps perdu dans la reconstruction de son histoire familiale. Tenter de retrouver des témoins à Paris, à Loutsk, des personnes qui auraient connu les frères et soeurs de Babar...car Babar lui n'en a jamais parlé, certainement pour se protéger des horreurs de la guerre, de la déportation, de la mort de sa famille...oui certainement. Alors à force de chercher, la jeune femme va peu à peu remettre la main sur des indices, des lettres, des certificats de déportation et ouvrir en grand l'histoire, l'Histoire et ses horreurs.

Ce récit pose la question de la place de notre histoire, de notre passé et de celui de nos ancêtres dans notre vie actuelle. On ressent très clairement et fortement le besoin de la narratrice d'aller au bout de cette quête pour se permettre peut-être de refermer cette page de non-dits et pouvoir enfin écrire la page de sa vie. Il y a beaucoup d'émotion et de questions dans ce livre. On sent un besoin de se libérer de ce poids dans l'écriture, une sorte d'exutoire; j'ai imaginé l'auteure penchée sur ce livre et sortant tout cela d'elle et j'ai refermé le livre en imaginant qu'elle respirait désormais mieux. Ce sentiment en tant que lectrice m'a profondément mis mal à l'aise. Je ne me suis pas sentie à ma place car je ne trouvais pas que l'écriture allait à ma rencontre. Je suis restée sur le bord de la route quand elle tente de déchiffrer les certificats ou papiers à la bibliothèque notamment. Alors évidemment le récit m'a touchée quand il évoque les horreurs de la déportation, la rafle des familles juives dans Paris et les fusillades, ce qui est le cas sur de nombreux livres évoquant cette période...mais c'était en pointillé. J'ai également eu le sentiment que la jeune femme reprochait aux non juifs à Paris ou en Ukraine, leur indifférence ou leur manque de courage pour sauver les vies des juifs. Oui on peut le regretter mais en même temps qui peut nous dire comment nous aurions réagi à leur place face à la peur? Comme dirait Jean-Jacques Goldman (oui alors moi je l'aime bien cet homme, évidemment vous pouvez penser que sur un article de blog littéraire c'est bizarre mais ses paroles sont justes selon moi)

"On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres 
Caché derrière nos apparences 
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau? 
Ou le pire ou le plus beau ? 
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau 
S'il fallait plus que des mots ?  "

Bref voilà je terminerai sur une note de chanson. Ce livre fait réfléchir mais il ne m'aura pas atteint dans sa grande partie. Un livre découvert dans le cadre des 68 premières fois! Encore merci Charlotte.

Bien d'autres chroniques plus positives que la mienne : 

Lyvann Vaté https://lyvannvate.wordpress.com/2015/08/20/68-premieres-fois-268-une-vie-echappee-aux-mains-des-demons-dautrefois/

Bénédicte http://lectures2benedicte.com/2015/08/19/severine-werba-appartenir-168/

Eimelle : http://lecture-spectacle.blogspot.fr/2015/08/appartenir-de-severine-werba.html

Nicole (motspourmots) : http://www.motspourmots.fr/2015/09/appartenir-severine-werba.html

Charlotte (chronique papier et radio) :https://insatiablecharlotte.wordpress.com/2015/09/08/appartenir-severine-werba/