Muttur : une avancée vers la justice

Publié le 16 septembre 2015 par Cmasson

Action contre la Faim se réjouit de l’aboutissement d’une investigation internationale menée neuf ans après les faits en dépit du manque de coopération initial des autorités sri-lankaises. Cette avancée inespérée rend justice aux travailleurs humanitaires qui ont payé de leurs vies leur engagement auprès des populations dans le besoin.

Les humanitaires ciblés de manière systématique

D’une manière globale, le rapport note que malgré sa connaissance des besoins humanitaires de sa population, le gouvernement sri lankais a méthodiquement fait obstruction à l’accès humanitaire. De plus, les travailleurs humanitaires ont été systématiquement ciblés de par leur statut. Il s’agit clairement d’une violation du Droit international humanitaire relevant du statut de crime de guerre.

Concernant le massacre de Muttur, le Conseil des droits de l’Homme rejoint les conclusions d’Action contre la Faim : ces crimes ont été commis par les forces de sécurité sri-lankaises. Il note que des menaces et des pressions ont été proférées à l’encontre des familles des victimes et des enquêteurs afin de garantir l’impunité des auteurs du crime.

Reconnaitre cette interférence de l’exécutif prouve enfin que les individus présumés être les principaux responsables de crimes de guerre, même protégés à haut niveau, peuvent être amenés à répondre de leurs actes. C’est une grande avancée pour toutes les populations et pour la justice.

Un Tribunal International

Lundi, le Sri Lanka a annoncé la mise en place d'un « bureau des réparations de guerre » et d'une « commission pour rétablir la vérité » suite au conflit avec les séparatistes tamouls qui a duré 37 ans.

Aujourd’hui, le Conseil des droits de l’Homme propose la création d’un Tribunal International. C’est une décision forte, à la hauteur des exactions commises. Structure hybride, ce tribunal sera composé de membres internationaux. «  C’est une décision qui fera date dans la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes contre des humanitaires. Ce rapport nous rappelle à quel point les humanitaires sont exposés dans les conflits, mais nous nous réjouissons d’une telle avancée de la justice. Nous espérons que cette avancée pourra apporter un soulagement aux familles des victimes » déclare Mike Penrose, Directeur général d’Action contre la Faim.

ACF appelle la communauté internationale à rester mobilisée et à s’engager spécifiquement pour la protection des travailleurs humanitaires car, à travers eux, ce sont également les populations ayant besoin d’aide qui sont impactées. A l’occasion de l’Assemblée Générale des Nations Unies qui s’est ouverte mardi 15 septembre, Action contre la Faim appelle les dirigeants internationaux à prendre position sur la création d’un poste de Rapporteur spécial aux Nations Unies pour la protection des travailleurs humanitaires.


1ACF, The truth about the assassination of 17 aid worker in Sri Lanka,  http://bit.ly/1clgfOA
Pour lire le rapport d’enquête du Conseil des droits de l’Homme : Rapport
Pour en savoir plus sur la création d’un poste de Rapport spécial pour la protection des humanitaires : CP
Notre campagne #ProtegeonsLesHumanitaires http://www.protegeonsleshumanitaires.org/

Contacts presse : Léa Vollet - 01 70 84 72 98 – lvollet@actioncontrelafaim.org