You Love Me, You Love Me Not ?

Publié le 18 septembre 2015 par Detoursdesmondes


J'ai rencontré Sindika Dokolo pour la première fois ce printemps. Il était l'invité d'honneur de Bruneaf. Homme jeune et dynamique, il dit vouloir apporter un regard africain sur le monde de l'art, et si son souhait est de réaliser un centre d’art contemporain à Luanda, il affirme qu'il faudra parler de collection africaine d’art contemporain et non pas d'une collection d’art contemporain africain.
Mais ce qui intéressait surtout les amateurs d'art classique africain qui étaient présents ce jour là était de connaître sa position par rapport aux oeuvres traditionnelles. Celle-ci était claire : "j’offre deux options: soit je leur rachète la pièce au prix où ils l’ont acquise, soit on se retrouve au tribunal".


Si j'en parle aujourd'hui, c'est à cause d'un article publié dans Le Monde daté du 11 septembre :
Art africain : La querelle du sculpteur et du milliardaire.Cet article (et d'autres auparavant) a le mérite de donner un coup de pied dans la polémique concernant la restitution des oeuvres d'art.
Je pense que les oeuvres classiques d'autres cultures constituent dans nos musées de formidables ambassadeurs et je rejoins la position de Romuald Hazoumé, opposé à Sindika Dokolo, qui affirme :
  • "Heureusement que ces pièces sont parties et ont été mises en valeur en Occident. Allez voir l’état des musées en Afrique. Ils sont vides ! Les politiques s’en fichent et les directeurs de musée ont vendu les pièces. Si vous les leur ramenez, ils vont les vendre une deuxième fois ! Sindika Dokolo est plein de contradictions. Pourquoi montrer sa collection au Portugal ? Il a aussi besoin de la reconnaissance de l’Occident ? C’est mille fois mieux de mettre des enfants dans des autobus pour les amener au musée, comme fait la Fondation Zinsou au Bénin, que d’acheter des musées au Portugal pour montrer son patrimoine".


Néanmoins, j'apprécie la position de Sindika Dokolo de vouloir remettre en question les mécanismes culturels et artistiques qui régissent le monde de l’art et au-delà d'enjeux politiques qui peuvent nous dépasser, suivons donc les actions de sa Fondation dans les prochaines années.
Photos 1 et 2 de l'auteure, exposition Uziri wa Dunia - Bruneaf juin 2015.
Photo 3 : © Bili Bidjocka, L'écriture infinie #3, 2007, Installation multimédia, dimensions variables Vue de l'exposition: "Check-list, Luanda-Pop", Pavillon africain, Venise, 2007 Courtoisy Fondation Sindika Dokolo.