C'est que François bouleverse son univers. Le nôtre aussi par le fait même.
Les gens du clergé sont confus. Est-il un radical ou un libéral?
De l'autre côté, chez les libéraux, ceux-ci lui reconnaissent une attitude de réformateur du Vatican, puisqu'il a condamné le corruption rampante de l'endroit et les cruautés pratiquées par l'église.
Dans le monde entier, la portée du pape est phénoménale. Il est célébré comme un prophète de la compassion et de la justice économique, et ce , même si ces commentaires sévères sur l'inaction face aux changements climatiques, sa condamnation du capitalisme sauvage et son plaidoyer en faveur des migrants ne sont pas les idées mondiales les plus partagées.
Le pape reste surprenant surtout parce que l'église ne l'était plus depuis longtemps. Son style, humain et près du peuple, parait moderne parce que l'église est le contraire de la modernité.
Il y a des siècles, Galilée était lui-même face aux murs du non modernisme. 16ème et 17ème siècle, c'est loin, me direz-vous, mais pour les gens du Vatican, ces gens qui lisent le même roman depuis 3000 ans, c'était hier. Le savant du 17ème siècle avait été condamné à être arrêté et gardé à vue pour sa compréhension moderne de la physique et ses découvertes astrologiques. Ce qui troublait était que Galilée disait que si les faits venaient contredire les doctrines, c'était les doctrine qu'il fallait ensuite réviser.
Rendu au 20ème siècle, ce mur de dogmatisme de la part du Vatican DEVAIT fissurer ne serais-ce qu'un tout petit peu.
Lors du second grand conseil du Vatican , entre 1962 et 1965, l'église a commencé à réviser ses plus vieux dogmatismes. Mais ça n'a nullement empêché ses gens de condamner la pilule contraceptive trois ans plus tard. Le peuple à dès lors, commencé à se dissocier des gens d'église. On connait la suite. Y trouvant de moins en moins de sens associé à leur réalité, les églises se sont vidées de leurs paroissiens.
Le clergé s'est ostracisé tout seul.
Le pape François fait actuellement l'inverse. Il fait renaître la foi.
La foi en l'Homme en premier.
Les deux prédécesseurs rigides de François qu'étaient Jean-Paul II et Benoit XVI nous font paraître le pape actuel comme un drôle d'animal. Mais un maudit bel animal.
"Les réformes organisationnelles et structurelles sont tout à fait secondaires, disait François en 2013. La première réforme doit être l'attitude."
Voilà le gêne d'un homme fondamentalement bon.
"Vous devez commencer par les gens en bas et monter par la suite" disait François. Le divorce ou l'approche du contrôle de la pollution doit commencer par ce que ces choses ont comme impact sur les gens.
Non pas "Au tout début, Dieu..." mais plutôt " Je pense, donc je suis".
La perception, par exemple, de la bonté d'une personne qui serait gaie, suggère que le créateur de cette personne ne le condamne d'aucune façon. Ou si vous préférez: "Qui suis-je pour en juger?"
C'est l'attitude de Frankie First.
Ses itinéraires lui sont moins commandées que naturelles.
Galilée avait raison, mais ses théories allaient beaucoup plus loin que dans le système solaire.
Les faits-les migrants balayés sur les plages à la fois attirés et rejetés par l'amoral capitalisme, la pollution mondiale, les femmes prisonnières des liens du mariage dans une union malsaine ou abusive, l'évidente égalité entre hommes et femmes et la justice pour tous- exigent une réinterprétation des croyances traditionnelles. Religieuses et autres.
Dans les différentes sphères dans lesquelles opère François Premier, l'expérience prime sur l'idéologie. La doctrine changera. La réforme économique aussi. La transformation politique. Mais tout ça viendra d'abord des gens.
Le pape François ne sera pas nécessairement au coeur de tout ca, mais au moins, les stratégies pratiques d'un monde qui s'écroule commenceront avec une clarté morale.
Et François Premier, lumière du train catholique, aide son église à sortir du tunnel de la négligence morale.