Extension du domaine de la fraude

Publié le 24 septembre 2015 par Allo C'Est Fini

Ce soir, j’ai envie de paraphraser le Général, qui affirmait à Alger « … combien c’est beau, combien c’est grand, combien c’est généreux, la France« . En lisant et relisant la presse déchaînée autour de l’affaire Volkswagen, j’ai envie de m’écrier, moi aussi, combien c’est beau, c’est grand, c’est généreux, le digital.

Sauf que c’est aussi bien compliqué.


Make love, not war

Voyez comment une marque automobile ultra-dominatrice, respectée pour la qualité de ses produits, jalousée par ses concurrents qui pendant des années en furent réduits à faire du « me-too » pour concurrencer la Golf ou la Polo, voyez donc comment cette marque dont je peux à titre personnel vanter la sécurité de ses véhicules (deux cartons avec une golf, et à chaque fois, le véhicule qui me rentre dedans s’est retrouvé en lambeau contre mon pare-choc), bref, cette marque respectée se trouve désormais affublée de tous le quolibets, accusée un peu partout dans le monde d’avoir triché.

D’avoir triché sur quoi? Sur un logiciel, quelques lignes de code, j’ai même entendu dire sur trois lignes de code exactement – ah, quel délice que ce trois – de son logiciel embarqué, afin de moduler son comportement et son niveau de pollution en cas de procédure de test. Une fraude au C++, en quelque sorte. Un truc aussi simple que ces quelques lignes:

if (test_pollution()) {
// blablabla
} else {
// blablabla
}

Cela vous semble du charabia? Pourtant, c’est ça du code, c’est ça que les apôtres du digital et du numérique à tout va veulent vous faire ingurgiter. Pas sûr que ça vous aidera à détecter les fraudes aux tests anti-pollution de votre marque de bagnoles préférée.

C’est que le digital, ma brave dame, ça ne se voit pas. C’est pas comme le regard torve du jeune voyou au coin de la rue, qui s’apprête à vous arracher votre sac et à s’enfuir en mobylette. Non, voyez-vous, le digital, quand il veut vous nuire, agit de manière sournoise, en douce, caché dans des lignes de code malveillantes.

Jadis, il y avait quelque grandeur à tomber dans la délinquance. On pouvait être un malfrat, et porter beau. Le concept de gentleman cambrioleur a fait son chemin. De nos jours, les gangsters se cachent derrière un compilateur. Par son opacité, l’élitisme qui le sous-tend, le digital ouvre des perspectives infinies aux fraudeurs en tout genre. L’affaire Volkswagen n’en est que le dernier avatar un peu grotesque, d’une marque que rien ne semblait pouvoir déstabiliser.


Dans Star Wars, rien ne dit que les robots ont passé le contrôle anti-pollution

Ô vous qui voyez dans le digital l’avenir si ce n’est de l’humanité, du moins de l’économie française, je vous invite à réviser votre jugement. On peut tuer avec un logiciel (embarqué sur un drone), on peut licencier avec un logiciel (qui remplace des êtres humains), on peut nuire avec un logiciel (en arnaquant son prochain).

La déconvenue est au bout de la ligne.

De code.

PS: Je remercie Mr Houellebecq pour le titre aimablement suggéré grâce à la lecture de l’un de ses premiers romans, qui m’a bien diverti ces derniers jours

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