Comment ça, aller à l'école internationale?

Publié le 26 septembre 2015 par Mamamiiia
« Maman, est-ce que je peux aller à l'école internationale ? » - demande mon Raphaël, une semaine après avoir commencé sa sixième année.
Comment ça l'International ?  Depuis quand ?  Il y a à peine deux ans, je me battais pour que tu fasses tes devoirs! Sais-tu comment accorder tes verbes au participe passé au moins ?
«Oui, mais mes amis vont y aller...»
Ah la pression sociale, d'accord.  Donc mon fils, tu vas faire les examens. 
« Comment ça, un examen? » me répond-il avec le regard effaré d'un chevreuil ébloui par les phares d'un 4X4.
Ben oui, mon grand.  Tu veux aller dans une école au programme enrichi, tu dois faire les examens.  Tu dois fournir les efforts nécessaires pour réussir cet examen.
Mais là, laisse-moi te parler deux minutes, mon grand.  Dans mon temps, il n'y avait pas de programme d'éducation internationale.  Il y avait l'école privée, mais dans la bouche de ma mère, cette option sonnait comme une punition. J'ai donc fréquenté bien pire qu'une école secondaire.  À mon époque, on appelait ça une polyvalente (tu googleras le mot si ça t’intrigue).  Quand tu arrivais en secondaire 1, tu étais lâché lousse dans les corridors inhospitaliers d'une grande bâtisse en béton armé où chacune de nos activités étaient ponctuées par la cloche. Très vite, on découvrait que c'était ben plus le fun de passer du temps à cruiser aux casiers jaunes ou à mener des activités illicites cachés dans le sous-bois derrière l'école.  Dès la première année, j'ai appris un nouveau mot : foxer (ça aussi tu le googleras).  Personne ne savait vraiment où un élève absent se trouvait, en particulier en éducation physique, en arts plastiques et en musique.  Je foutais le camp au village, incognito, avec d'autres petits jeunes pas convaincus que notre place était dans la salle de classe.  Pour la première fois, on goûtait à une liberté dont nous avions envie de profiter.  Ce n'était pas bien, mais on l'a fait quand même.
« T'as pas coulé tes cours? »
Non, j'étudiais pareil, en cachette.  Je n'étais pas une première de classe, mais j'étais dans la moyenne. Je déconnais de manière équilibrée.  En secondaire 3, je suis devenue un peu plus sérieuse et malgré une faiblesse bien sentie en mathématiques, je m'en suis sortie.   L'école s'est améliorée aussi.  Un directeur génial a remarqué que j'étais une bonne candidate pour les activités parascolaires et il m'a aidée en m'impliquant dans le comité étudiant et le journal de l'école.  C'est ainsi que j'ai trouvé ma place.
Mon grand, peu importe où tu iras, si tu y mets les efforts, tu finiras par tirer ton épingle du jeu. Si tu es admis au programme d'éducation internationale ou au privé et que tu ne te forces pas, ça ne fonctionneras pas.

J'ai fait un collégial pas si pire et puis j'ai fait l'université.  Bien entendu, j'aurais été franchement nulle si j'avais voulu me diriger en médecine ou en physique nucléaire, mais je savais écrire, je savais penser, je savais analyser.  À la maîtrise, j'ai eu les meilleures notes de toute ma vie et j'ai eu la chance de travailler avec une sommité dans mon domaine.  J'ai même eu une bourse de recherche.  Et j'ai toujours eu de bons jobs, toute ma vie adulte.  Et je me suis fait des amis-es extraordinaires à chaque étape.
« Hein, pis t'as niaisé tout ton secondaire ? »
Non mon fils, écoute bien quand je parle.  Ce que je te dis est très important.  J'ai niaisé un peu, mais quand c'était le temps de fournir des efforts, je les fournissais.  Ce n'est pas parce que j'ai fréquenté une école secondaire ordinaire où il était facile de s'égarer du droit chemin, que je me suis perdue pour autant.  Je n'aurais peut-être pas été une candidate idéale pour un programme d'astronomie ou de physique nucléaire, mais si j'y avais été intéressée à l'époque, j'y aurais probablement mis des efforts.  J'avais d'excellentes notes en français, en anglais, mais je n'accordais pas d'importance aux maths.  Or, j'ai très vite compris que ces petites décisions allaient influencer mes futurs choix de carrière.
N'empêche mon grand, si j'avais regretté mon niaisage, j'aurais pu faire des cours d'appoint en maths une fois adulte.
« Oui, mais maman, si je ne vais pas à l'école internationale, est-ce que je vais être bon quand même ? »
Mon grand, peu importe où tu iras, si tu y mets les efforts, tu finiras par tirer ton épingle du jeu. Si tu es admis au programme d'éducation internationale ou au privé et que tu ne te forces pas, ça ne fonctionneras pas.  À l'inverse, si tu te forces à l'école secondaire ordinaire, tu risques d'obtenir les mêmes succès que si tu avais fréquenté un programme international.    Tu feras des erreurs en cours de route, tu couleras peut-être un cours ou deux, mais l'important c'est de te reprendre.  Plus important encore, c'est de comprendre qu'il n'y a rien de prédéterminé dans la vie.
Peu importe ton âge, tu peux décider d'apprendre un nouveau métier, d'exploiter un nouveau talent.   Il n'y a pas qu'à l'école qu'on apprend.  Par contre, je vais être exigeante avec toi : d'abord, peu importe l'école que tu fréquenteras, tu liras tout ce qui te tombe sous la main.  La lecture forme l'esprit, ta capacité de réfléchir.  Deuxièmement, tu apprendras à écrire sans faute. Troisièmement, tu liras les actualités à tous les jours, car je veux que tu saches de quoi est fait le monde qui t'entoure.  Quatrièmement, tu t'impliqueras dans un projet à l'école.  Enfin, et c'est l'essentiel : apprends à avoir confiance et à être heureux.  Peu importe les choix que tu feras dans la vie, il y a toujours moyen de t'en sortir avec brio.
Va où tu voudras mon fils...j'ai confiance.
Mamamiiia! - L'état de la mère ou la mère dans tous ses états http://www.mamamiiia.com