New Horizons : les images les plus détaillées à ce jour de la surface de Pluton

Publié le 27 septembre 2015 par Pyxmalion @pyxmalion

Les nouvelles images de Pluton transmises par la sonde New Horizons qui l’a survolé le 14 juillet sont un véritable choc esthétique et géologique pour tous ceux qui les parcourent du regard. Plus que jamais, la lointaine planète naine se présente comme un monde extraordinairement complexe et passionnant.

Pluton, planète naine qui se promène dans la ceinture de Kuiper, à près de 5 milliards de km de la Terre, n’a pas fini de nous étonner et de nous émerveiller. Plus de 70 jours après la visite historique (le 14 juillet dernier) de New Horizons et les premières images transmises de l’hémisphère survolé par la sonde — le grand cœur en particulier, baptisé région Tombaugh —, d’autres en haute résolution, envoyées progressivement au cours de ces dernières semaines (le vaisseau poursuit sa route à travers cette région du Système solaire externe), arrivent sur les écrans de l’équipe de la mission. Après traitements et des esquisses d’interprétations en attendant les études plus approfondies de sa géomorphologie, les images sont partagées avec le grand public qui lui aussi, ne reste pas insensible à toute la beauté et la diversité des paysages de cet astre 2.372 km de diamètre.

Cette fois encore, quelques jours après avoir découvert les jeux d’ombres et de lumière sur la surface de la planète naine, à l’orée du jour et de la nuit, on a envie de se frotter les yeux en découvrant cette vue globale de Pluton. Aussi, afin d’apprécier au maximum toutes les nuances et la complexité des terrains qui la compose, nous vous recommandons de télécharger la version de 8.000 pixels (70,8 Mo) pour vous y promener à votre gré, de long en large, zoomant et dézoomant, autant de temps qu’il vous plaira…

Détail de la plaine Spoutnik, à l’intérieur de la vaste région Tombaugh (surnommée le cœur). Cet agrandissement couvre un espace large de 120 km. Les cellules ressemblent à des écailles voire une peau sur laquelle on distingue des motifs indéterminés qui évoquent des dunes. Les chercheurs n’avaient pas encore eu le plaisir de voir la surface de Pluton avec autant de détails. Des montagnes de glace (ce ne sont pas des boutons) surnagent dans ce paysage extraordinaire façonné par différentes forces. © Nasa, JHUAPL, SwRI

Un choc esthétique et scientifique

En regardant du côté du terminateur, à la limite du jour et de la nuit, sur la droite, on peut observer en gros plan des formations qui ondulent et ressemblent à des dunes. « C’est un paysage unique et curieux qui s’étend sur des centaines de km, commente William McKinnon, de l’équipe scientifique de la mission. Cela ressemble plus à de l’écorce ou des écailles de dragon qu’à de la géologie. Le géophysicien ne cache pas son étonnement, cela va vraiment prendre du temps de comprendre, ajoutant que peut-être cela combine des forces tectoniques interne et la sublimation des glaces entrainée par le faible ensoleillement de Pluton. »

En survolant la plaine de Spoutnik, on devine par endroit la présence de rides à la surface de ces cellules aux tons clairs. Loin d’être opaques, elles laissent transparaître des teintes rouge bordeaux. Plus au sud, la sombre formation Cthulhu Regio arbore quelques grands cratères d’impact dont certains sont emplis, ou partiellement emplis, de matériaux plus clairs, et traversés par de longues crevasses, elles-mêmes remplies de matériaux clairs, et ailleurs, rouge.

De magnifiques rehauts bleu pastel, jaune clair, doré ou « coquille d’œuf » parsèment les régions au nord de Tombaugh. À l’ouest de celle-ci, on distingue des reliefs bariolés de rouille, et recouverts çà et là d’un vernis crème… On pense au fameux sfumato de Léonard de Vinci. L’ensemble fait aussi songer à la palette d’un peintre, çà et là partiellement séchée ou encore dégoulinante…

Détails dans la région proche du terminateur, entre le jour et la nuit

L’abondance du méthane à sa surface

Comme l’a expliqué Alex Parker, de l’équipe de New Horizons, à Emily Lakdawalla qui l’a interrogé sur la réalisation de ce portrait en couleur, l’image en combine trois acquises à travers des filtres bleu, rouge et proche infrarouge de la caméra MVIC (Multispectral Visual Imaging Camera). Elles ont été élargies à posteriori par un facteur 2, par déconvolution. Le chercheur raconte que, après avoir passé des heures à retravailler l’image dans ses moindres détails, il avait « les yeux rougis », ajoutant : « il me semble que le résultat paie »… Nous n’avons aucun doute là-dessus ; cela saute aux yeux !

Enfin, signalons que le spectromètre infrarouge Leisa a renseigné l’équipe scientifique de la mission sur la distribution du méthane sur une frange de la surface de Pluton. Mais là aussi, rien de simple. Il y en a partout dans la plaine Spoutnik et presque pas sur les massifs montagneux qui la bordent ou dans la région de Cthulhu (masse rouge sombre).