Goodbye Stranger

Par Suzybishop @DLACDI

C'est merveilleux, un festival. Ne serait-ce que pour tous les gens superbes qu'on rencontre, avec qui on parle et qui s'en vont pour toujours peut-être. C'est aussi l'occasion de voir des films qu'on irait jamais voir naturellement. Comme un documentaire. Sur les Aliens. Je n'ai jamais été vraiment attirée par les documentaires, et c'est sûrement un tord. C'est comme ça que je me suis retrouvée à voir The Visit : An Alien Encounter de Michael Madsen.

J'ai du mal à classer ce film. Par son oscillation permanente entre le documentaire et le film. En effet, la narration se présente comme celle d'un film, soit celle d'un possible. Imaginons ce qui se passerait si les aliens débarquaient sur Terre. Le film a l'idée intéressante de prendre des scientifiques renomés et d'en faire les personnages de son récit. Et si. Et si les scientifiques simulaient l'arrivée d'Alien sur Terre. La réalité et la fiction s'entremêle pour donner cet étrange film. 

Ce n'est vraiment pas ce à quoi je m'attendais. Dans le bon sens. J'attendais quelque chose de parano, comme à peu près tout ce qu'on peut voir concernant les aliens. C'est très beau. Le travail de l'image est assez impressionnant. L'image est lente. Le réalisateur prend le temps d'observer, de nous montrer. De nous montrer notre monde. Car ce qui est surprenant, c'est que c'est un film sur l'humanité. Le film cherche à nous montrer notre propre monde qu'on ne connaît pas assez. Et s'adresse à nous comme les propres aliens de notre monde. D'un monde qu'on ignore. De qui nous sommes. De la nature même de l'humanité, du bien et du mal, de sa conscience, de la morale. De tout ce que nous croyons être humain. L'arrivée d'un alien n'est alors que le pretexte d'une reflexion sur l'humanité et sur qu'est ce qu'être un être humain dans ce monde. 

C'est peut-être un des rares films sur les aliens qui ne prônent pas la paranoïa, avec l'invasion d'êtres dégoulinants et dégoûtants. Comment réagirait l'humanité si elle venait à découvrir un autre qui ne nous ressemble pas ? Ce premier contact se ferait à travers les grandes institutions internationales. La NASA, l'ONU, et les gouvernements des pays dirigeants s'occuperaient de cette rencontre. Le film se construit autour de la réflexion de ces institutions sur le plan à adopter. Ne pas effrayer la population. Et ce plan est totalement décousu, il se forme au fur et à mesure du film. Le film fait rire. Peut-être pas intentionnellement. Mais c'est l'attitude générale qui s'est dégagée pendant la séance. L'ironie de certains scientifiques. L'absurdité certaines phrases. Le film fait parfois rire. Pourtant, cette situation n'est en rien absurde. Car le film s'ouvre sur les moyens employés pour contacter une autre forme de vie. Avec la sonde Voyager, dans laquelle se trouve un disque avec ce qui pourrait définir la Terre. Des photos, des musiques de genres et de cultures différentes pour résumer notre humanité. 

Le Professeur Christopher Welch de l'Université Spatiale Internationale de Strasbourg était présent à la fin de la projection. C'est l'un des scientifiques qui a accepté de jouer l'un des personnages du film. Plusieurs personnes reprochaient au film d'avoir une vision trop " européenne ". Si un alien débarque arrive sur Terre, il sera forcément entre les mains des grandes Nations. Ce qui en soit est plutôt évident, puisqu'elles sont les nations dominantes de notre monde. C'est aussi l'ironie de ce film. Si un autre découvrait notre Terre, il n'en découvrirait finalement que très peu. 

Ce film est une vraie bonne surprise. Ne le laissez pas sombrer dans les profondeurs du cinéma. C'est un de ces films qui va forcément passer inaperçu. Par son statut de documentaire. Par sa distribution au hachoir. Par son sujet assez étonnant. Pourtant, c'est un film qui nous pousse à nous interroger sur notre propre existence. Un film avec un enjeu philosophique de base. Qui sommes-nous ? Comment nous percevons-nous ? Le film ne nous donne pas la réponse. Car c'est à nous de la trouver.