Arakno-squatteuse

Par Sheily

Parmi mes nombreuses qualités, je remplie tous les critères de l’hôtesse idéale : décoration, accueil, ambiance, table, nourriture, boissons, conversation… tout est méticuleusement préparé pour que mes invités se sentent comme des rois. J’imagine que je remporterais aisément la finale de l’émission Un dîner presque parfait le un jour je daignerais me présenter.

Si je me donne tant de mal, c’est que j’organise environ deux dîners annuels, soit deux occasions uniques de me surpasser. Le reste du temps, je limite les efforts (et le nombre de participants), ce qui m’autorise à céder aux sirènes de la facilité : passer chez le traiteur pour trouver de quoi sauter une étape dans l’organisation « presque parfaite ».

Un soir de dîner sashimis avec une copine d’enfance (c’est souvent avec les amis d’enfance que l’on se permet des écarts de savoir-vivre), je pousse la politesse jusqu’à la raccompagner en bas de l’immeuble. Une bonne action qui me permet également de descendre la poubelle, un peu trop odorante à mon goût.

On se fait une dernière bise pour la nuit, quand mon regard croise celui d’une araignée énorme (environ 15 cm de circonférence), étalée de toutes ses pattes sur le mur jouxtant la porte d’entrée du hall. Instinctivement, je saute 10 mètres en arrière pour me protéger du monstre. Ma copine ne comprend pas bien (elle tourne le dos à la bête), mais pousse un cri et saute également.

Elle : Que se passe-t-il ?

Moi (pointant la chose de l’index) : Regarde !

Elle : Ahhhhhhhhhhh ! Quelle horreur ! Comment je fais pour partir ?

Moi : Je sais pas ! Je sais pas !

Elle : Mais elle va me sauter dessus !

Moi : Chuuuuuuuut ! On va réveiller tout l’immeuble !

Elle : Mais je fais quoi ?

Moi : Mais tais-toi donc !

L’une comme l’autre avons du mal à contenir notre fou-rire. D’un côté, nous sommes terrifiées par l’insecte. De l’autre nous somme parfaitement conscientes du ridicule de la situation. Et puis surtout, je tiens à éviter de réveiller les voisins… A ce moment précis, la minuterie s’éteint !

Moi : Ahhhhhhhhhhh ! Elle va nous attaquer dans le noir!

Elle : Je me sauve ! Elle ne me verra pas !

C’est ainsi qu’elle trouve de courage de franchir la porte et de me souhaiter une « Bonne nuit avec ton araignée géante » ! Je remonte les trois étages en une demi seconde et en refermant la porte, je croise les doigts pour que la bestiole ne s’introduise pas chez moi pendant mon sommeil.