Fête des eaux en asie

Publié le 12 avril 2015 par Cadiot Lionel @amaritaco

L’Asie du Sud-est est la seule région au monde à connaître 3 fêtes des eaux : après l’occidentale et la chinoise, voici la bouddhiste, qui marque l’entrée dans l’année 2558.

Célébrée entre le 12 et le 16 avril dans les 4 pays de confession bouddhiste théravada (Birmanie, Thaïlande, Laos et Cambodge), elle est aussi appelée « fête des eaux » car le rituel principal consiste à verser de l’eau sur les statues sacrées et les personnes pour laver les impuretés de l’année qui se termine, purifier les rues des esprits malins et apporter paix et prospérité pour la nouvelle année. C’est un rituel tout à fait adapté à la saison, car avril est aussi le mois le plus chaud de l’année, et les douches à tout moment sont plus que bienvenues…

Bien que le fond spirituel et la symbolique soit communs, la fête des eaux en Asie prend des noms et des allures différentes selon le pays. Notamment en Birmanie et en Thaïlande, où la tradition a évolué de l’aspersion rituelle à un arrosage systématique des rues et des gens, souvent à l’aide de pompes et gros tuyaux, avec des jets violent qui provoquent chaque année un grand nombre d’accidents, parfois mortels.

En Birmanie, on la nomme Thingyan et elle dure 4-5 jours, du 12-13 au 16 avril.
Le premier jour, la « veille de Thingyan », est plutôt une journée d’anticipation spirituelle et religieuse, qu’une journée de festivité. Pendant ce premier jour, les fidèles ne prennent qu’un seul repas avant midi et passent le restant de la journée à déposer des offrandes aux moines et aux statues de Bouddha. Une fois la nuit tombée, une tout autre ambiance s’installe dans les rues, plus joyeuse, colorée et légère, avec spectacles, danses traditionnelles, parades et chants festifs.

A partir du lendemain commence la véritable fête des eaux, qui va durer trois jours. A un signal donné (un coup de canon en général), les habitants sortent de chez eux et se lancent dans une aspersion totale de tout ce qui bouge – touristes inclus, bien entendu. Des stations temporaires d’eau sont mises à disposition et les habitants se munissent de n’importe quel récipient, du seau au tuyau d’arrosage, en passant par le pistolet à eau, pour profiter pleinement de ces trois jours festifs et… bien arrosés. La fête s’achève le dernier jour, consacré aux réunions familiales, à la visite des parents et grands-parents, à des grand repas en commun de bon augure pour l’année qui commence.

Du 13 au 15 avril, la Thaïlande célèbre Songkran, indiscutablement la fête des eaux en Asie préférée des Thaïlandais qui, en plus des statues de bouddhas, s’amusent comme des fous à arroser leurs proches, les amis et quiconque passe dans la rue – thaï ou farang (étranger) qui, bien souvent, finissent par se joindre aux locaux. Anciennement, les gens rentraient dans leur famille et faisaient acte de respect envers leurs aînés en leur versant un peu d’eau parfumée sur les mains. Aujourd’hui, la tradition s’est transformée en immense fête populaire, complètement folle, avec des batailles d’eau géantes dans les rues. Dans tout le royaume, les jeunes gens et les enfants se tiennent en embuscade, armés de pistolets à eau et de seaux, prêts à arroser les passants. Dans le nord du pays, des pick-up chargés de bidons d’eau patrouillent dans les rues où la foule est massée. Chacun se tient prêt avec ses réserves d’eau. Les deux groupes, motorisés et piétons, s’aspergent mutuellement, dans les cris et les fous rires. Il y a quelques années, on est arrivés à compter le nombre de participants à une bataille d’eau, et enregistré le résultat dans le livre des records comme la plus grande bataille d’eau rangée du monde ! Pendant Songkran, il est presque impossible de se déplacer dans la rue sans se faire arroser.

Au Laos et au Cambodge, la fête des eaux a des allures plus calmes – et plus sèches aussi. Dans l’ancien royaume de Lanna, c’était l’occasion pour les femmes (et seulement elles) d’asperger les hommes. Aujourd’hui ce rituel s’est transformé, et tout le monde asperge tout le monde, et non seulement durant ces trois jours mais aussi 1 semaine avant. L’aspersion est toutefois moins violente qu’en Birmanie et en Thaïlande, ce qui évite de déplorer les même accidents. Les gens se barbouillent aussi la figure de charbon noir, de farine blanche et de peinture rouge pour éloigner les esprits. Si vous souhaitez assister à la fête de Pimay (tel est son nom Laotien), Louang Prabang est certainement le lieu idéal : vous y assisterez à des processions (notamment celle du Prabang, la statue la plus sacrée de la ville), au versement de l’eau lustrale sur les statues dans les temples le 3ème jour, vous pourrez vous promener dans le grand marché réunissant des tribus de toutes les provinces, assister à la construction de châteaux de sable au bords du Mékong et, si vous le souhaitez, discuter de tout et de rien avec les bonzes qui remplissent les rues de la ville.

Au Cambodge, enfin, on célèbre le nouvel an Khmer sous le nom de Bon Chaul Chhnam. Les dates varient en fonction du calendrier lunaire, mais la fête des eaux débute toujours le 13 ou le 14 avril pour se terminer le 15 ou le 16. Elle marque la fin de la saison sèche. Les Cambodgiens en profitent pour nettoyer à fond leurs maisons, apporter des offrandes aux pagodes, visiter la famille et échanger des cadeaux. Ici aussi on s’asperge, bien entendu, mais depuis quelques années la mode a plutôt tourné vers le poudrage réciproquer à base de talc ou de farine. Dans la capitale le centre des célébrations est à la base de la colline du Wat Phnom.