Radicalisation du nucléaire

Par Francis Lo @FrancisLO_ecolo

A propos de l'atome, Albert Einstein a dit :

" Le problème aujourd'hui n'est pas l'atome mais le cœur des hommes. "

Que penserait-Il après Fukushima, ou après Tchernobyl, événement tragique à propos duquel le journaliste Wladimir Tchertkoff s'exprimait en 2005 en ces termes :

" Le lobby atomique international ne veut pas reconnaître les dimensions de la catastrophe chez nous parce que si on les reconnaissait, l'énergie atomique n'aurait plus droit à l'existence."

Un autre journaliste, Pierre Gascar, dans son ouvrage intitulé " l'Arche ", écrivait :

" Aujourd'hui, en Europe, aucun changement radical ne peut se produire à moins de cent millions de morts. "

Radical, radicalisation. Selon l'organisme International Centre for Study of Radicalisation (ICSR), la radicalisation mène à différents types d'activisme extrême comme par exemple le terrorisme dans le mouvement djihadiste que l'on connaît aujourd'hui, pas uniquement.

Dans une interprétation littérale, ce principe a tendance à émerger dans un système économique et politique. L'activisme est une méthode qui peut transparaître dans certains lobbys.

Chez EDF, les pro-nucléaires envisagent de radicaliser l'énergie atomique en lançant un incroyable programme au détriment du développement des énergies renouvelables que l'entreprise a combattu.

C'est Charles de Gaulle qui a mis en branle l'industrie française pour la production d'une production d'électricité à partir de l'atome dans le but de libérer son pays de la dépendance énergétique et ainsi montrer sa toute puissance.

1978, Valéry Giscard d'Estaing, qui lui a succédé en tant que président, affirmait devant le peuple français :

" Il ne saurait être question d'imposer aux Français un programme nucléaire auquel ils seraient profondément opposés après avoir été complètement informés. "

" Complètement informés ", les français ne l'ont jamais été ; " programme nucléaire imposé ", çà la toujours été.

Voilà qu'à la direction EDF, Jean-Bernard Lévy annonce un projet de lancement pour la construction de plusieurs dizaines de nouveau modèle du réacteur EPR de 3 ème génération pour renouveler son parc avec le soutien éventuel de partenaires extérieurs alors que le lobby bancaire devient frileuse pour financer les énergies carbonées ; l'on parle des " banques vertes " qui investiraient dans l'efficacité énergétique selon Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie qui a remis à la presse son avis à l'approche de la grande messe du COP21.

L'ambition du lobby nucléaire est de déployer dans le cadre du paysage énergétique une stratégie inscrite dans la loi de transition énergétique qui plafonne à 63,2 gigawatts (GW) la capacité du parc nucléaire français et à 50 % la part de l'atome dans la production française de courant à l'horizon 2025 contre 77 % en 2014.

L'Ademe a revu sa copie initiale sur l'alternative 100 % d'énergie renouvelable en confirmant que le coût de sa mise en chantier est réaliste, maîtrisable. Or EPR Flamanville est loin d'être un succès : parti d'un devis initial de 3,5 milliards l'on passe à 10,5 milliards soit 3 fois plus.

Oscar Wilde a prononcé cette petite phrase, atome qui éclate en plein visage :

" L'ambition est le dernier refuge de l'échec. "

Reconstruire pour 60 gigawatts de nucléaire à partir du bilan peu glorieux EDF, est totalement irréaliste. EDF sera-t-elle dirigée par un fou ? Et si cette idée est le grain de folie d'un seul homme, Jean-Bernard Lévy, Charles de Gaulle, lui dirait sans doute : " L'ambition individuelle est une passion enfantine. "

Dans son délire ambitieux Jean-Bernard Lévy lance à la presse :

" Nous devons devenir un groupe tout nucléaire et tout renouvelable. "

Voilà " tout ", un tout comme chez Voltaire où " Tout ira mieux demain, voilà mon espérance. Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion. "

Derrière cette tentative de conversion à sa cause, le lobby EDF ne fait que vendre " des vessies pour des lanternes ".

Les français ne sont pas crédules : entreprendre des investissements massifs aujourd'hui et ne décider que plus tard comment les financer est irresponsable.

A cette Irresponsabilité Henri-Frédéric Amiel, philosophe aurait répondu : " La faculté est irresponsable et ne s'occupe pas des conséquences. "