Tako, le titre de la BD, renvoie au poulpe, - oui, c'est son nom en Japonais – ce poulpe qui est le symbole du clan et aussi l'animal qui hante les eaux du rivage de l'île. Animal protégé par le père, malmené par O-Yu, ces tentacules qui enlacent et étouffent leur proie représentent totalement l'action psychologique qui gangrènent ces trois femmes, tentacules dangereux et vénéneux. D'ailleurs, l'histoire démarre sur O-Yu s'amusant avec un poulpe et ce poulpe - ou un autre, rien n'est moins sûr – revient régulièrement tout au long de l'histoire lors de cases muettes, miroir des situations et des tensions régnant sur l'île. En face de ces trois harpies, le père et sa courtisane Kaoru. Le vieil homme, aveugle, semble fermer volontairement les yeux sur les dépravations de ces trois enfants. S'il ne voit rien, il y a aussi tout ce qu'il refuse de voir. Quant à la jeune courtisane, elle n'a guère les moyens de faire face à la haine de ces trois femmes prêtes à tout. Cet immense huis clos étouffant pourrait être coupé d'événements permettant de souffler. Détrompez-vous ! La scène de rêve n'est qu'un cauchemar déguisé, quant aux histoires relatés par le moine itinérant, elles prennent vite une bien curieuse tournure. Il n'y a pas d'échappatoire, sauf la mort. Et elle rôde également sur cette île, avec sa compagne des mauvais jours, la folie. Une histoire qui prend son temps pour vous enfoncer dans les méandres de la noirceur des âmes. Et les choix graphiques contribuent à accentuer encore plus cette descente en enfer, voire même aux Enfers.
Et si vous avez craqué sur le tome 1, sachez qu'il existe un tome 2... Zéda croise O-Yu
David