Santé : Michèle Rivasi s'attaque au "racket des laboratoires pharmaceutiques"

Publié le 29 octobre 2015 par Bioaddict @bioaddict
Michèle Rivasi s'attaque à l'industrie du médicament ! Dans son livre, "Le racket des laboratoires pharmaceutiques, et comment s'en sortir", la courageuse députée européenne, professeure en biologie et spécialiste des questions de santé publique, dresse un tableau noir des liaisons dangereuses unissant l'industrie pharmaceutique, la haute fonction publique et le monde politique et esquisse des pistes pour sortir de ce système gangrené par la corruption et les conflits d'intérêts.

Multiplication des scandales sanitaires, inflation du prix du médicament, surconsommation de remèdes, collusions entre la sphère publique et la sphère privée... dans son livre, Michèle Rivasi expose une situation explosive et montre à quel point notre système de santé est en péril, menacé par "une privatisation rampante".

"A l'heure actuelle, 99 % de la formation des médecins est payée par l'industrie pharmaceutique. 90 % des publications des médecins le sont. Les agences sanitaires qui payent les évaluateurs sont également payées par l'industrie pharmaceutique. Ils sont partout" explique Michèle Rivasi dans une interview pour le journal 20 minutes.

Restaurer la confiance au niveau de la politique des produits de santé est en enjeu majeur

"Si nous en sommes arrivés là, c'est en grande partie en raison de la démission du politique et du poids laissé aux firmes pharmaceutiques dans la fixation du prix des médicaments en France. Tournant le dos à l'innovation, elles privilégient la rentabilité immédiate, au risque de valoriser de " faux " médicaments, inutiles et parfois dangereux, comme en témoignent le drame du Mediator et bien d'autres" explique Michèle Rivasi qui démonte dans son livre les stratégies de lobbying de " Big Pharma " et pointent les conflits d'intérêts liant les industriels aux pouvoirs politiques et aux autorités sanitaires.

Si elles exposent les faits, Michèle Rivasi donne également des solutions. Elles formule ainsi de solides propositions pour une réforme en profondeur de la politique du médicament. "Dix milliards d'euros d'économies par an sont possibles sans brader la qualité des soins et l'accès égal de tous aux traitements. Seule une réappropriation citoyenne de ce " bien commun " qu'est la santé permettra de susciter une véritable volonté politique de transformer le système" explique-t-elle.

Le livre "Le racket des laboratoires pharmaceutiques, et comment s'en sortir" a été co-écrit avec Marie-Odile Bertella-Geffroy (qui a été juge d'instruction avant de devenir avocate en 2014, spécialisée dans les dossiers judiciaires de santé publique) et Serge Rader (pharmacien et lanceur d'alerte). Tous deux sont partie prenante de l'opération " Mains propres sur la santé " initiée par Michèle Rivasi et qui réunit des centaines de professionnels de la santé, unis pour dénoncer un système de santé corrompu.

Sur le site mains-propres-sur-la-sante.fr, ils dénoncent : "C'est l'État qui négocie avec les industriels le prix remboursable aux assurés sociaux de chaque médicament. Selon le discours de communication des laboratoires, les prix élevés sont indispensables pour couvrir le coût de la recherche. Mais la réalité est toute autre. Les laboratoires gonflent les chiffres en y incluant les dépenses de lobbying, de marketing, de communication et tout ce qui entretient le système de désinformation : les visites médicales, la formation médicale continue - financée à 98% par les labos - le sponsoring de la presse médicale, d'associations... Au final, la recherche coûterait 20 fois moins que ce que prétendent les entreprises. Ils continuent néanmoins à nous présenter comme révolutionnaires des médicaments qui ne le sont pas car le progrès thérapeutique est en panne depuis de nombreuses années (à l'exception du ciblage tumoral). Les laboratoires sont donc les premiers responsables de cette inflation du prix du médicament en France, mais aussi les autorités de régulation qui les adoubent, les médecins qui leur font une confiance aveugle, et surtout les politiques qui les choient, faisant de la surconsommation et la surfacturation de médicaments un soutien implicite à une filière industrielle. Le système entier est structurellement " pharma-amical ". Il est temps que ceux chargés de préserver l'intérêt général et la santé publique exercent leurs responsabilités."

L'ouvrage "Le racket des laboratoires pharmaceutiques, et comment s'en sortir" (éditions Les Petits Matins), est disponible en librairie depuis le 22 octobre 2015. Vous pouvez également l'acheter sur le site www.lespetitsmatins.fr. A découvrir absolument !

Mathilde Emery