Wayne Thiebaud

Publié le 30 octobre 2015 par Jigece

Wayne Thiebaud est né le 15 novembre 1920. D’une famille venue de France, son nom de famille se prononce encore à la française.
Ses premiers travaux se caractérisent par des peintures d’objets alimentaires de grande consommation, comme des pâtisseries vues dans des cafétérias. C’est cet intérêt pour les objets du quotidien, confondus ensuite avec ceux de la culture de masse, qui associera son nom au mouvement du Pop art. Mais comme ces œuvres, effectuées dans les années cinquante et soixante sont légèrement antérieures à celles des autres artistes américains de cette tendance (ce sont en fait les anglais qui ont inventé le Pop art dans les années 50), cela pose Thiebaud comme un précurseur de ce mouvement (son Electric chair date de 1957, cinq ans avant Warhol !). On note des caractéristiques qui permettent de reconnaître son œuvre entre toutes, notamment les pigments lourds (une pâte qui n’est pas sans rappeler celle de ses gâteaux), les couleurs vives, ainsi que le trait ombré qu’on retrouve dans les publicités de cette époque.

Outre les pâtisseries, Thiebaud a également peint des objets usuels, des paysages, des rues, ainsi que des personnages dans des activités banales, ce qui le rapproche du travail d’un Edward Hopper, qui était tout aussi fasciné par ces scènes du quotidien américain. Certaines de ses toiles récentes, comme 24th Street Intersection (1977) ou Levee farm (1998) sont remarquables pour leur traité hyperréaliste.

Dans sa peinture, Thiebaud se concentre sur la banalité d’une façon qui suggère l’ironie et la distance vis-à-vis de ses sujets. D’autre part, il met un point d’honneur à conserver son indépendance par rapport à l’École de New York. Aucun intellectualisme dans sa peinture qui se contente (dans une apparente simplicité) d’explorer les possibilités formelles de la peinture, en jouant avec la matière, les formes, les couleurs, la lumière et les ombres – presque toujours violettes (appliquant à la lettre la méthode de Renoir : « Un matin, l’un de nous manquant de noir, se servit de bleu ; l’impressionnisme était né ! »).

Thiebaud se considère comme un peintre, mais paradoxalement pas comme un artiste. Lors d’un colloque qu’il a fait à l’école de design de l’université Harvard, à la question « Qu’est-ce qui définit l’artiste d’après vous ? », il a répondu « Un artiste crée son propre univers ». Le sien est reconnaissable entre mille… Une peinture gourmande, à déguster sans modération. J’adore !