L’entourage du Président de plus en plus contesté

Publié le 08 novembre 2015 par Amroune Layachi

La lettre adressée par 19 personnalités au président Abdelaziz Bouteflika contient de graves accusations contre l’entourage du chef de l’État.

Ce dernier est clairement accusé de dissimuler des informations sensibles et de prendre des décisions contraires aux intérêts de l’État, comme le fait de renoncer au droit de préemption.

Depuis son retour d’hospitalisation au Val de Grâce, le président Bouteflika est devenu inaccessible. Les Conseils des ministres se sont raréfiés. Seules trois personnes le rencontrent régulièrement : son frère Saïd, son directeur de cabinet Ahmed Ouyahia et le chef d’État-major le général Ahmed Gaïd Salah. « Même Sellal n’a plus accès au Président », affirme une source bien informée.

» Saïd Bouteflika, Gaïd Salah et Ouyahia peuvent raconter ce qu’ils veulent au Président sur les autres hauts responsables de l’État, ce qui leur donne beaucoup d’influence et un pouvoir immense « , s’inquiète un haut responsable.

Depuis quelques mois, certaines décisions prises peuvent laisser penser que le Président n’est pas réellement informé.

À commencer par sa réaction trop tardive à la crise économique. Alors que les prix du pétrole ont commencé à chuter en juin 2014, le Président a attendu début 2015 pour évoquer la crise. L’a-t-il sous-estimée ? Ou n’avait-il pas simplement tous les éléments en main pour prendre des décisions ? Des questions légitimes que se posent beaucoup d’Algériens dans un contexte de forte inquiétude.

Autre dossier brûlant dans lequel le Président de la République a pris tout son temps avant de réagir : la situation à Ghardaïa. Alors que la situation se dégradait à vue d’œil, le Président a attendu que les choses dégénèrent en juillet dernier pour convoquer une réunion d’urgence et ordonner à l’armée d’intervenir.

Les exemples qui sèment le trouble sur le degré d’information du chef de l’État sont très nombreux. En plus, les agissements de l’entourage de Bouteflika semblent en totale contradiction avec les actions du Président notamment la restructuration du DRS et la mise en place d’un nouveau code pénale.

Par ailleurs, comme le suggèrent les 19 personnalités, certaines décisions économiques ont été prises contre les intérêts de l’Algérie. À commencer par l’abandon du droit de préemption dans la nouvelle loi sur l’investissement proposée par Abdeslam Bouchouareb.

« De mon point de vue, (cette décision est) la plus grave de toutes parce qu’elle a des implications. Les gens croient qu’elle n’a que des implications économiques, mais elle a des implications politiques très très graves, c’est l’abandon du droit de préemption », a affirmé Khalida Toumi, l’une des signatures de la lettre.

http://www.tsa-algerie.com/20151107/lentourage-du-president-de-plus-en-plus-conteste/