Vendredi 13 noir à Paris

Publié le 14 novembre 2015 par Sylvainrakotoarison

2015, année noire en France comme dans le monde entier.

Au début, c'est une dépêche presque anodine, parlant de fusillades sans plus de précision, peu après 22 heures ce vendredi 13 novembre 2015. Trois heures après, l'information parle de carnages dans huit lieux de la capitale, de plus de cent vingt personnes tuées, de plus de deux cents blessés dont beaucoup au pronostic vital engagé. Et aussi, cette nuit, à la suite d'un conseil des ministres réuni d'urgence, l'état d'urgence décrété sur tout le territoire, la fermeture des frontières, quasiment un couvre-feu imposé ce week-end en Île-de-France. La folie robotisée du djihadisme a encore tué. Gratuitement, comme elle a tué des dizaines de milliers de personnes au Moyen-Orient. Assassinats à la kalachnikov.
Personne ne s'habituera jamais à l'horreur, quels que soient les lieux (France, Tunisie, Liban, Sinaï, etc.), quelles que soient les prévisions faites, quelles que soient les répétitions des assassins, l'émotion est si prégnante que l'urgence est de penser d'abord aux familles, aux victimes, à ceux qui seront choqués, traumatisés à vie... de soutenir, d'aider, de réconforter. Solidarité, recueillement.
La plupart des journaux ce samedi matin parlent de guerre à Paris. La plupart des dirigeants du monde apportent leur soutien, moral sinon matériel, à la France : les États-Unis, l'Allemagne, l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Australie, le Japon, la Chine, la Turquie, la Russie (touchée par l'explosion d'un avion le 31 octobre 2015), le Liban (touché par un terrible attentat la veille), même l'Iran, et j'en oublie...
En s'en prenant à des spectateurs d'un match de football, à des spectateurs d'un concert de rock au Bataclan, à des clients de restaurants profitant d'une atmosphère douce un vendredi soir, les terroristes ont signifié que tout le monde pouvait être visé par les attentats, pas seulement les caricaturistes, des policiers, des Juifs... mais c'est le but du terrorisme d'être aveugle, de terroriser tout le monde en tuant quelques-uns. En même temps, ils ont attaqué le Stade de France où se trouvait le Président de la République lui-même, c'est donc bien la France, dans son ensemble, de son dirigeant suprême à ses simples citoyens, qui est touchée dans sa chair.
L'horreur au Bataclan fait penser aussi au massacre au théâtre de la Doubrovka de Moscou (au moins 129 morts, du 23 au 26 octobre 2002) ou celui dans une école maternelle à Beslan (350 morts dont 186 enfants, du 1 er au 3 septembre 2004), en Russie. Il est difficile de parler de folie tant l'organisation a dû être faite avec beaucoup de préparation, avec beaucoup de rationalité. Que veulent-ils ? Que recherchent-ils ? Faire peur ? Imposer leur religion sur la planète entière ? Massacrer l'humanité ?
L'agenda diplomatique a déjà été bousculé, le Président iranien a reporté son déplacement en Europe, François Hollande a annulé sa participation au G20, et la grande question, c'est que faire pour la COP21 ? Elle devrait débuter le 30 novembre 2015. Est-ce raisonnable de la maintenir à cette date dans un tel état de crise ? Ne serait-il pas raisonnable de la reporter de trois ou six mois ?

L'état d'urgence peut durer douze jours sans consulter le Parlement. Oui, il faut rester tous unis en France, et cela suppose d'en finir avec des querelles politiciennes et les envolées démagogiques. La proposition de Laurent Wauquiez d'interner toutes les personnes fichées en raison d'une implication éventuelle dans une activité terroriste paraît être une aberration tant politique que technique. C'est plutôt sur cette réflexion qu'il faut s'attarder, une fois l'émotion retombée : comment préserver notre mode de vie, nos libertés élémentaires, celles de se déplacer et de s'exprimer, celle de faire la fête, celle de rester joyeux, celle de continuer à vivre ?
Et que tous ceux qui avaient critiqué stupidement, à l'instar d'un Emmanuel Todd, la démarche spontanée de ceux qui avaient manifesté leur émotion le 11 janvier 2015 se taisent aujourd'hui. Les victimes le méritent bien.
Hommage à toutes les victimes du terrorisme, toutes, sans exception.
Je suis Charlie.
Je suis Paris.
Nous sommes Paris.
Nous sommes TOUS Paris.
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Sylvain Rakotoarison (14 novembre 2015)
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