Les hommes du huitième jour de la création. Par Roger Garaudy

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit

« Appel aux vivants », 1979, Conclusion (Extraits)Pourquoi donc fallait-il, pour aboutir à un programme politiqueconcret, répondant aux interpellations les plus urgentes et les plusdécisives d'aujourd'hui et aux appels du plus proche avenir, prendre lerecul de 5 000 ans d'histoire et le détour d'un dialogue universel descivilisations ?Seuls peuvent se poser cette question ceux qui entendent par« politique » exclusivement celle de politiciens empiristes ou technocrates, naviguant à vue, agissant au coup par coup, et attendant les désastres pour tenter d'y parer par des expédients techniques.Mais quiconque embrasse maintenant d'un seul regard la trajectoireentière de la réflexion que nous venons de proposer dans ce livre peuten apercevoir l'unité et donc saisir l'interdépendance nécessaire dechacun de ses maillons : de la peinture Song à la politique nucléaire,des hymnes védantins au rôle attribué à la vidéo, de la mystiquechrétienne et du soufisme à la théorie de la défense et de la dissuasion.Ce n'est point un lien artificiel qui rattache la sensibilité à lapeinture Song à la politique énergétique du troisième millénaire.Quand nous disons, à propos de la politique énergétique actuelle, quel'homme ne peut se comporter à l'égard de la nature comme unconquérant brutal, un maître rapace, ou un pirate chasseur de trésorscachés pour s'emparer du charbon, du pétrole, de l'uranium, c'est-à-diredes « stocks » d'énergie engrangés depuis des millions d'annéesdans les entrailles de la terre, mais au contraire s'insérer dans le« flux » inépuisable des énergies maternelles (celles du soleil, du ventet des eaux), nous redécouvrons, à une étape nouvelle, le rapportmystique avec la nature qui était celui du Tao.Dans notre conception de la communauté et de son fondementnécessaire en la transcendance de Dieu, nous retrouvons l'inspirationdu prophète de l'Islam, de son intransigeante affirmation de cettetranscendance, et — ne faisant qu'un bloc avec elle — sa conceptionde la communauté, de la umma, où chaque institution sociale etchaque geste de l'homme sont sacrés par leur rapport à Dieu, ouprofanes lorsqu'ils sont considérés, en eux-mêmes, indépendammentde la réalité rayonnante de Dieu.Notre conception de la non-violence découle d'une conception de laforce qui fut celle de tous les mystiques : la force la plus grande n'estpas une composante d'un parallélogramme physique des forces. Elleest ce « vide », au coeur de chaque être, qui, du Tao aux Upanishads,et de Rumi à saint Jean de la Croix, est le moteur des mondes : être àce point vidé de toute chose que Dieu, en nous, occupe toute la placeet devienne le moteur immobile du devenir de l'univers entier.Quant à notre conception des rapports entre le mysticisme, leprophétisme et la politique, c'est l'une des plus exaltantes constantesde l'histoire.>> LIRE LA SUITE >>