L’oeuvre est un voyage

Publié le 24 novembre 2015 par Aicasc @aica_sc

Voyage(s) dans mes silences

Valérie John

Tropiques Atrium scène nationale

du 3 au 23 décembre 2015

 

Dans sa nouvelle série intitulée « Voyage (s ) dans mes silences », Valérie John nous surprend. Nous étions habitués à ses panneaux, déclinaisons contemporaines des pagnes tissés de l’Afrique de l’Ouest.
Plumes, masques africains, amérindiens, visages de célébrités ou de personnages ordinaires, galerie de portraits personnels. Pourquoi ces éléments maintenant ?
Pour l’artiste, c’est un moment, un passage pour une future production avec des images entrecroisées.

Des masques seuls, entiers, découpés, morcelés parfois accompagnés d’autres figures, investissent des parties rectangulaires du fond. Ces figures semblent enfermés par des bandes verticales, composantes du tissage où l’œil se balade.
Ces masques, ces visages ces plumes, ces cartes attendaient patiemment que l’artiste viennent les solliciter, eux qui font partie de sa collecte de papier de toute sorte. Il était peut – être temps qu’ils participent aux interrogations que se pose Valérie John.
Ces éléments, évocation de temps divers – passé, présent – , temps de la reconstruction, temps de l’œuvre, ne doivent pas s’opposer, se combattre mais former un tout complètement homogène.

Valérie John se met en danger. Mais n’est ce pas le lot de tout artiste ? car elle aborde son travail de façon totalement nouvelle. Elle ose prendre des risques en introduisant ces images. Chaque œuvre est une aventure inédite. Ces matériaux chargés la guident et introduisent une approche inattendue.
Dans cette série, tout est renouvellement : le format particulier, l’introduction de certaines couleurs, l’abandon de ses installations en volume pour revenir d’une certaine manière à la deuxième dimension bien que l’œuvre soit détachée du mur car elle désire révéler la structure du verso et le noir ? noir si cher à l’artiste, dominante recomposée qu’elle enrichit, prend une autre intensité, une nouvelle gravité car aujourd’hui l’encre du photocopieur se fait rare en raison des évolutions technologiques. Et enfin, la plume, fragment du réel, au départ outil de gravure, vient signer l’achèvement de l’œuvre calligraphiée tout en apportant une tonique colorée.

L’écriture reste toujours présente, écriture subordonnée à l’activité du séchage de l’encre. Elle est dans le geste neuf.
La structuration de certaines pièces fonctionne comme une partition musicale.
Son attitude dans cette série reste cependant la même : être constamment dans la découverte, dans la surprise, dans l’inattendu. Sa pratique est le révélateur de ses fragilités, de ses doutes.`

Elle tisse ses œuvres au gré de ses rencontres impromptues avec toutes ces images, ces matériaux, elle construit une nouvelle identité plastique.
Son obsession : fabriquer quelque chose qui révèle son moi profond.
Tisser, rapiécer fondent la pratique plastique de Valérie John.

Monique Mirabel