21 Nuits avec Pattie : comment réussir (ou rater...) une mayonnaise ?

Publié le 25 novembre 2015 par Toulouseweb
 

21 Nuits avec Pattie : comment réussir (ou rater...) une mayonnaise ?


La comparaison de la confection d’un film avec la réalisation d’un plat succulent a été faite des centaines de fois, donc je ne vais pas continuer sur ce registre là pour ne pas vous gonfler, chères lectrices et chers lecteurs... Mais ce qu’il y a de commun entre cinéma et gastronomie, c’est la nécessité de disposer d’un certain nombre d’ingrédients pour obtenir un résultat convainquant.
On n’obtiendra pas un bon film avec un scénario rabâché, des acteurs qui s’ennuient sur le plateau, un monteur qui fait du bout à bout, un réalisateur qui vient uniquement toucher son cachet... Rien de tout cela dans ce film des frères Larrieu, à qui il faut reconnaître une certaine constance dans les films qu’ils réalisent depuis quinze ans ensemble (le duo de réalisateurs est un truc qui fonctionne très bien dans certains cas, prenez les frères Cohen, par exemple). Ils tournent dans le Sud-Ouest (grand bien leur fasse !), ils dépeignent des personnages qui vivent d’une manière très « alternative », qui sont à la recherche d’une certaine forme d’utopie, aux frontières entre le fantastique et la comédie foldingue. Pour eux, parfois, cela fonctionne très bien (« peindre ou faire l’amour », il y a dix ans environ), parfois c’est la cata complète (« les derniers jours du monde »).
Ici, nous avons deux comédiennes confirmées dans les rôles principaux, mais il ne suffit pas de faire débiter à Karin Viard un dialogue plein de saillies sexuelles pour en faire un personnage cohérent et vraiment libéré... Et la conversion lente d’Isabelle Carré, improbable petite bourgeoise qui utilise Skype pour rester en contact avec sa famille, en femme sachant mettre des mots sur des actes sexuels (lourdingue scène de retrouvailles à la fin du film avec Sergi Lopez, son mari) passe difficilement à l’écran.
Au fond, de quoi s’agit-il dans ce film? D’une disparition (dans les deux sens du terme) de la mère de Caroline (Isabelle Carré), qui vient dans ce village de la Montagne Noire préparer ses funérailles. On ne peut nier que le film, qui hésite trop souvent entre polar, film fantastique et comédie légère (enfin, comédie plutôt leste...) offre quelques scènes réussies (le monologue d’Isabelle Carré, à table, vers la fin du film, les apparitions de la défunte...). Mais la référence à Renoir, affichée par les deux réalisateurs dans leurs interviews de promo, est assez écrasantes: il y a encore du taf pour faire l’équivalent de « La partie de campagne » ou de « La règle du jeu ».
Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain l’Aude en pleine été est un bien beau département...
christian.seveillac@orange.fr