Gustave Doré, l’imagination au pouvoir

Par Artetvia

On le connaît surtout comme illustrateur. Qui n’a pas frémi devant Barbe Bleue et ses yeux sanguinaires ou suivi avec émerveillements les aventures du Chat Botté ?

C’est en effet souvent par cette célèbre édition des Contes de Perrault, parue en 1862 chez Hetzel, que nous connaissons Gustave Doré. Du même coup, nous le rangeons dans la catégorie d’illustrateur pour livre d’enfants, et le plaçons inconsciemment à un rang mineur. Et pourtant, Gustave Doré est sans aucun doute l’un des plus grands artistes français de son époque, un touche-à-tout insatiable et prolifique. Plus de 10 000 œuvres à son actif !

Né à Strasbourg en 1832, il est remarqué très jeune pour son imagination débordante et sa curiosité permanente. En 1843, il suit ses parents à Bourg-en-Bresse, son père ayant été nommé ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées de l’Ain. Il gardera de la Bresse et des Alpes voisines le goût des paysages grandioses de montagne. A Paris où il poursuit ses études, il continue à dessiner frénétiquement. Tant est si bien qu’il est engagé par le Journal pour rire, revue satirique, pour croquer et caricaturer ses contemporains : il n’a que 15 ans.

A 22 ans, débute pour lui une fulgurante carrière dans les livres, dont il ne sortira jamais, ce qui ne l’empêchera pas de s’essayer à d’autres arts. D’ailleurs, pendant longtemps, Gustave Doré voulait être considéré comme peintre, l’illustration n’étant qu’un moyen pour lui de se faire connaître. Las, le grand public comme la critique l’encense pour son activité de dessinateur et ignore le reste. Il se fait remarquer en illustrant les plus grandes œuvres littéraires : les Contes de Perrault, mais aussi l’Enfer de Dante, Rabelais, Balzac, Hugo, Shakespeare, etc… Il s’attaque même à la Bible. En 1854, son illustration d’un ouvrage satirique sur la Russie fait de lui l’un des plus grands caricaturistes de son temps mais aussi l’ancêtre de… la première bande-dessinée française. Il remet au goût du jour la gravure sur bois, technique exigeante qu’il améliore. Il aime passer d’un style à l’autre, en s’appuyant à la fois sur une grande imagination et une technique irréprochable. Il aime utiliser des grands formats pour ses gravures, qui lui permettent de les parsemer de détails innombrables, sans pour autant perdre la conception de l’ensemble.

On lui doit aussi une cinquantaine de sculptures, tel le monument à Alexandre Dumas que les Parisiens peuvent admirer place du Maréchal Catroux, dans le XVIIe arrondissement.

Ses peintures sont encore moins connues et pourtant, il est l’auteur d’œuvres religieuses particulièrement réussies, bien de leur époque il faut le reconnaître. Malgré des propositions régulières au Salon, ses peintures ne rencontrent pas le succès, du moins en France. Il ouvre néanmoins une galerie à Londres.

Mort à 51 ans, ses obsèques ont lieu à Sainte-Clotilde où se presse le tout Paris. Cet artiste multi-facettes (dessinateur, peintre, graveur, aquarelliste, sculpteur…) laisse derrière lui une œuvre gigantesque qui a marqué et marque encore de nombreuses générations.