Revue de presse pas pressée du 23 au 25 novembre 2015

Publié le 26 novembre 2015 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Dans un sondage Harris Interactive, publié en exclusivité par 20minutes, on apprend que "77% des Français veulent un gouvernement d’union nationale". Parmi eux, 87% sont favorables à une intégration du centre et de la droite, mais seulement 28% à vouloir exclure de cette coalition les partis de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon. "Pour plus de 2 Français sur 3 (68%), un gouvernement d’union nationale permettrait de mieux assurer la sécurité et la lutte antiterrorisme". Mais plus de la moitié des sondés (58%) craint un risque "d’immobilisme lié au manque d’accord entre les acteurs politiques concernés" explique le quotidien. L’idée séduit mais incite à la prudence. Quant aux partis concernés, ils se montrent eux aussi réticents, le FN rappelant au gouvernement ses responsabilités lors des derniers attentats et les Républicains craignant, pour certains, de passer pour des "collabos" s’ils acceptaient de pactiser avec le PS.



En ce jour du 45e anniversaire de Charlie Hebdo, la tension reste vive à Bruxelles. La capitale belge vit un véritable "black-out" selon Libération. Trois jours que les magasins sont fermés, les rues désertées, laissant place aux seuls policiers, militaires et véhicules de transport de troupes. Un contraste saisissant avec l’appel lancé par les jeunes parisiens au lendemain des attentats de Paris, enjoignant à investir terrasses et parcs comme symbole de résistance, avec le hashtag #jesuisenterrasse en signe de ralliement. Une réaction que dénonce Bérangère Parmentier, maître de conférence en littérature, dans une tribune du même Libé. La France n’est pas seulement celle exhibée par une jeunesse parisienne, cultivée et aisée qui "s’embrasse gentiment en terrasse". "Pour vivre paisiblement ensemble, il ne suffit pas de se tenir les uns à côté des autres, dans un même quartier, un même immeuble, une même rue. Il faut regarder en face la complexité et la dureté sociales" écrit la littéraire en citant Mathieu Giroud, l’une des victimes du 13 novembre. Et cette union nationale-là n’est pas encore à l’ordre du jour.

Jour après jour, on espère pouvoir enfin sortir du cauchemar des attentats. Mais l’actualité s’obstine: après la France, le Mali, la Belgique, c’est au tour de la Tunisie de se trouver en état d’urgence, pour 30 jours au moins et pour la seconde fois en quelques mois. Un nouvel attentat s’est en effet produit ce jour dans l’une des artères principales de la capitale, faisant exploser un bus de la sécurité présidentielle. L’État islamique a, une fois encore, revendiqué cet acte de terrorisme. Le Monde rappelle que "la Tunisie a été confrontée à plusieurs attaques djihadistes au cours de l’année, dont deux attentats sanglants, contre le Musée du Bardo, à Tunis, en mars, et contre un hôtel près de Sousse à la fin de juin, qui ont fait 60 morts. Le ministère de l’intérieur annonce régulièrement des arrestations de djihadistes présumés dans un pays qui compte des milliers de ressortissants combattant dans les rangs de groupes extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye".

Quelques heures auparavant, un avion militaire russe avait été abattu par la Turquie près de sa frontière syrienne. Raison invoquée: viol de l’espace aérien. Les Russes démentent. Europe 1 rapporte que "Le président russe a averti Ankara des "conséquences sérieuses" sur leurs relations après le "coup de poignard dans le dos" infligé par l'armée turque. L’armée turque assure avoir "averti les pilotes plus de 10 fois en dix minutes", ce que dément le pilote rescapé". Un imbroglio qui met à mal la coalition internationale contre Daesh, souhaitée par François Hollande: "Cet incident, le plus grave depuis le début de l'engagement russe aux côtés du président syrien Bachar al-Assad, intervient alors que le président français François Hollande doit tenter de convaincre cette semaine les Américains, et surtout les Russes, de muscler ensemble leur lutte contre les jihadistes après les attentats de Paris. Moscou est le dernier soutien, avec l'Iran, au régime de Damas, alors que les Occidentaux et la Turquie exigent le départ immédiat du président Assad" explique lindépendant.fr L’annonce est fracassante et n’émane pourtant pas des habituels ténors: "L’Europe ne peut plus accueillir de réfugiés ". Cette déclaration de Manuel Valls, dans un entretien accordé au Süddeutsche Zeitung, intervient alors même que le président français et la chancelière allemande, prête à accueillir un million de réfugiés, se rencontraient ce mercredi. "Le Premier ministre a expliqué sa fermeté sur l'accueil des migrants après avoir appris que deux des tueurs des attentats du 13 novembre à Paris avaient profité du flux de migrants pour traverser l'Europe et rejoindre la France" justifie France24.com, tandis que La Dépêche.fr souligne que "pour le grand quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, pas de doute, c'est l'Allemagne et Mme Merkel qui sont visées dans ces propos". Quoi qu’il en soit, cette demande du Premier ministre à l’UE de fermer les frontières aux migrants apparaît étrange quand on sait que le Conseil de l’Europe somme la Hongrie de s’expliquer sur cette même décision, d’ores et déjà appliquée, ainsi que le rapportent Les Échos. "La Hongrie a une obligation de protéger ceux qui ont besoin d’une protection. Vous ne pouvez pas fermer une frontière complètement. Si nous fermons nos frontières, il s’agit d’un immense recul pour l’Europe" a déclaré Thorbjorn Jagland, secrétaire général du Conseil de l’Europe. Un avis que ne semble pas partager Manuel Valls.

Mais ce n’est pas le Premier ministre qui fait figure de proue en cette période agitée, ce sont François Hollande et Marine Le Pen. Un sondage Elabe pour BFMTV révèle en effet que la cote du président est remontée à 41% depuis les attentats du 13 novembre. "Pour un Français sur deux, François Hollande, métamorphosé en chef de guerre depuis les attentats, sort "renforcé" de cette période délicate. Et si les sympathisants de la gauche estiment à 80% que le président a affiché la bonne posture, ils sont encore 47% des partisans de la droite et du centre à partager cette opinion et 20% pour les frontistes" peut-on lire sur le site de la chaîne d’informations, qui ajoute "sans surprise, l'actualité de ces derniers jours bénéficie également à Marine Le Pen. La présidente du Front national sort "renforcée" pour 49% des Français".

Les prochaines élections régionales devraient refléter avec force cette opinion: le FN est donné grand gagnant dans le Nord-Pas-de-Calais Picardie selon une enquête Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, dont les résultats sont publiés sur Francetvinfo.fr. La région PACA devrait également voir le succès du parti de Marine Le Pen. Linternaute.com rappelle que "Le résultat de l'élection régionale déterminera aussi, dans chaque région, un nouveau conseil plus puissant, sur un territoire élargi et avec des compétences plus fortes". Pour ces deux raisons, les résultats des régionales 2015 seront scrutés comme un véritable marqueur, plus, sans doute, que les précédents scrutins. Pour l’heure, l’ouest resterait à gauche (Bretagne, Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes, Languedoc-Roussilon, Midi-Pyrénnées) tandis qu’une large moitié nord virerait au bleu (LR-UDI-Modem), sauf dans l’ancien fief de Martine Aubry. Un scrutin qui aurait dû être reporté selon Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions politiques, européennes et des collectivités territoriales, qui s’exprimait ainsi dans les colonnes du Huffington Post il y a quelques jours (le 18/11): "La situation électorale est nécessairement confuse. Il ne serait pas concevable de "surfer" sur les attentats pour en tirer un quelconque avantage électoral: ce serait faire preuve d'une indécence terrible et irresponsable".