Mananara ; ça se mérite !

Publié le 10 juin 2008 par Guy Deridet
Mananara ; ça se mérite !

Mananara se situe au nord de Tamatave, sur la côte Est de Madagascar. Il y a seulement 350 kms mais, avec mon ami Gilbert, mon ancien proviseur et néanmoins ami, nous avons mis 36 heures pour y arriver !

Nous sommes partis de Tamatave, en « 4x4 brousse ». Vers 13 heures nous étions dans les environs de Foulpointe et en vue du premier passage de rivière. C’est là que les surprises commencèrent. En effet le pont flottant a été détruit par les derniers cyclones, il y a plusieurs mois, et toujours pas réparé. En conséquence la rivière est entièrement occupée par des radeaux de fortune construits à l’aide de bambous assemblés par des lianes. Sur chaque radeau un ou plusieurs 4x4 attendent leur tour pour embarquer ou débarquer, des deux côtés de la rivière. Un ballet incroyable de déroule sous nos yeux. Ca tire et ça pousse dans tous les sens dans le plus joyeux des désordres. Grâce à l’entregent et au métier de notre chauffeur Jean Claude nous n’avons mis qu’une heure pour « gagner » le mot est particulièrement approprié l’autre bord. Mais ça aurait pu être beaucoup plus long. Les photos jointes vous donneront une bonne idée de ce que nous avons vécu. Un passage spécial a été aménagé pour les piétons, les vélos et les motos, à l’aide de bambous vaguement posés sur l’eau et assemblés à la diable. Avec une moto la traversée est plutôt hasardeuse mais des gamins spécialisés dans cette manœuvre se chargent de prendre les risques à votre place, moyennant petite monnaie évidemment. Le malgache a l’art de tirer profit, c’est le cas de la dire, de toutes les situations, mêmes les plus délicates. Il vaut mieux pour lui d’ailleurs car il ne peut compter, dans l’adversité, que sur lui-même, et son ingéniosité. Dans ce cas, le laisser aller des autorités, je rappelle qu’il s’agit s’une route nationale, coupée depuis plusieurs mois, dans l’indifférence générale, la 5eme de Madagascar, permet à des quantités de locaux de gagner de quoi manger.

Des dizaines de gros camions sont garés des deux côtes de la rivière ; ils ne peuvent passer sur les radeaux mais leur chargement est transbordé sur les 4x4. La encore de nombreux malgaches trouvent dans cette situation de quoi améliorer sensiblement leur ordinaire.

Cette mise en bouche avalée, en route vers le prochain obstacle.

Tout d’abord l’embarquement des passagers mérite d’être compté. Le taxi brousse s’arrête dans un hameau et, devant nos yeux ébahis, embarque, à l’arrière du 4x4, un Toyota double cabine, 14 passagers plus un bébé, avec tous leurs bagages ! Il faut voir les photos pour tenter d’imaginer comment 14 personnes peuvent s’entasser dans un si petit espace. Et résister aux secousses que nous allons bientôt connaître sur l’incroyable piste vers Mananara.

La prochaine aventure nous attend au prochain bac, censé nous faire passer une rivière mais qui, faute d’entretien du moteur, tombera en panne en pleine traversée. Réparation sur place, en pleine nuit (la nuit tombe vers 17h30 en cette saison) Nous avions déjà envisagé, sans plaisir aucun, de passer la nuit sur ce bac, quand, miracle, le moteur, après nettoyage des filtres, est enfin reparti sans encombre.

Arrêt dans un hotely, a proximité du prochain bac. Repas rapide, mais correct (riz + poulet en sauce) et petite nuit dans un bungalow tout à fait acceptable, avant de partir à 3 heures du matin pour ne pas rater la marée. Malheureusement, notre chauffeur s’étant trompé dans les horaires de marée nous arrivons trop tard pour la marée montante et notre bac se retrouve ensablé. Jusqu’à la prochaine marée haute, qui se produira vers 12h 30. Nous voilà coincés pendant 9 heures. Le fatalisme malgache nous devient familier et nous subissons ce contre temps avec philosophie. Cela me permettra de voir comment récurer une marmite « à la malgache » Vous trempez la marmite dans l’eau de la rivière, vous soupoudrez d’un peu de sable (les tampons Jex et autres Scotch Brite ne sont pas encore arrivés jusqu’ici) et vous récurez…avec les pieds. Très jolie et très insolite chorégraphie.

Départ avec la marée, vers 13 heures. Nous roulons alors toute l’après midi sur une piste à peu près correcte…pour un 4x4. Nous passons encore 5 bacs sans problème et notre chauffeur m’annonce alors deux nouvelles. La bonne ; il ne reste que 40 kilomètres jusqu’à Mananara. La mauvaise nouvelle ; nous allons mettre 8 heures pour faire 40 kilomètres ! Soit 5 kms à l’heure de moyenne soit moins vite qu’un bon marcheur, et beaucoup moins vite qu’un marcheur malgache (pieds nus !) Sur ce nous attaquons une piste que je qualifierais, sans aucune exagération de dantesque. Vous connaissez sans doute ces films où l’on voit un 4x4 grimper, au pas, sur des rochers pas possibles. Et bien nous avons connu cela, pendant 8 heures. Dans la lueur des phares puissants et nombreux de notre véhicule le spectacle était vraiment impressionnant. A la vue de certains rochers se dressant en travers de notre piste je pensais le passage impossible, mais pas du tout. Je rappelle que le 4x4 était en surcharge notoire (4 personnes dans la cabine et 14 derrière) j’ai appris par ailleurs, pour me rassurer sans doute, qu’ici on enlève les freins arrière, les mâchoires s’encrassent trop facilement, et on freine sur les seules plaquettes avant ! Par ailleurs vous pouvez constater sur la photo qu’on renforce les lames de suspension avec des morceaux de bois. Comme dit Gilbert, ancien proviseur de Lep, qui connaît bien ces questions : c’est la mécanique
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