Roscoe : « C’est particulièrement enivrant de jouer à Paris »

Publié le 08 décembre 2015 par Swann

Mardi 1er décembre. On retrouve Roscoe au Point FMR, quelques heures avant leur concert pour une interview « première fois ».

Premier souvenir musical ?

Pierre : Je pense que c’est lorsque j’allais chez mon parrain, le mercredi après-midi. Je demandais qu’il mette toujours le vinyle de Joe Dassin… j’adorais ça. Je dis ça, mais je devais avoir quatre ans et demi.
Ben : C’était un vinyle… les tubes des années 1980. Une compilation avec un peu de tout.

Premier souvenir de concert ?

Ben : Je crois que c’était un concert rock. Ça m’a donné envie de faire un groupe et de monter sur scène. J’étais encore à l’école.
Pierre : J’imagine que c’était le concert du groupe de ma sœur. Elle a eu un groupe super tôt, du folk acoustique. Elle a six ans de plus que moi, elle devait avoir 15 ans.

Première grosse claque ?

Pierre : Un concert d’Archive, en 2002, au Botanique. Je ne connaissais pas du tout l’album, c’était à l’époque de You Look at the Same to Me, qui est encore pour moi leur meilleur album. En live, le groupe est vraiment super puissant.
Ben : C’était pas la première, mais c’est Sigur Rós. Un groupe un peu à part. Quand j’adore un groupe, je l’écoute en boucle, et puis après ça passe, mais avec eux c’est différent. J’aime écouter ce groupe la nuit. Juste ça, et je suis ailleurs. Dans tout ce qu’ils ont fait ils sont parfaits. Je les ai vus à la Forest Nationale, c’était une bonne claque.

Première chanson écrite ?

Pierre : c’était une chanson en français… elle s’appelait « qu’est ce que tu veux faire ? », un peu rebelle, je devais avoir 14 ans. C’était hyper engagé. Ça commençait par « certains sont vieux, certains sont Dieu, certains en ont marre de cette Terre ». 13 ans. Super engagé.
Ben : Je crois que j’ai un peu honte…
Pierre : Tu penses que je n’ai pas un peu honte ? (rires)
Ben : C’était pas un truc écrit mais des reprises de chants de Noël avec le clavier Casio et les mélodies toutes faites. Y’a la cassette qui traîne encore quelque part.
Pierre : Tu devrais la sortir maintenant.
Ben : Non, je crois pas ! (rires)

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Première fois sur scène ?

Pierre : Moi c’était tout seul, je devais avoir 12-13 ans. À l’école, il y avait un concours de chanson française. J’avais repris une chanson de Stéphane Eicher, « Mais tu ne me dois rien ».
Ben : C’est particulier, parce que j’ai longtemps joué tout seul dans la cave de mes parents. Soit, mon premier concert, c’était pendant les dîners de mes parents et ils me disaient : « allez, va nous faire un solo de batterie », soit c’était à l’école aussi, ou il y avait un projet qui rassemblait plusieurs musiciens et on devait jouer sur un thème, je ne sais plus… musique de films peut-être….
Pierre : Ou musique de Noël ?
Ben : Peut-être ?

Première déception musicale ?

Pierre : J’en ai plusieurs… J’ai envie de dire Archive. Parce qu’après les avoir vus sur scène, ils n’ont plus jamais été bons…
Ben : J’ai un peu décroché après l’album Lights… Pour moi, ce ne sont pas des déceptions mais des passages. Pendant longtemps j’ai écouté du rock progressif moderne, et puis d’un coup j’ai arrêté, et quand je suis retombé dessus, je me suis demandé : « comment j’ai pu écouter ça ». Ça me dit plus grand chose maintenant… ce n’est pas vraiment une déception…
Pierre : Un autre, c’est Fink, artiste folk britannique. Il a fait deux supers albums et je trouve que ce qu’il fait maintenant est vraiment à chier. J’exagère un peu, mais je trouve que le dernier album n’est pas aussi poignant que ce qu’il pouvait faire, au début de sa carrière. Même dans ses clips… je trouve que ça fait plus rock band anglais…
Ben : Dans les déceptions, je mettrais quand même Coldplay…
Pierre : Des comme ça, il y en a plein… quand tu réécoutes le premier album de Muse… j’étais fan quand j’étais adolescent… On peut dire la même chose de Radiohead, hyper décevant sur le dernier.
Ben : Ça manque d’une bonne chanson de base… il y a trop d’expérimentations.
Pierre : J’ai envie de prendre King of Limbs et In Rainbows pour les mélanger et faire un bon album. Jusqu’à Kid A, j’adorais… Dans tous leurs choix, ils étaient très judicieux, mais les deux derniers albums me laisse perplexe…

Première chose que vous faites en rentrant dans un studio ?

Pierre : Je prends une guitare qui pend au mur et je joue avec.
Ben : Moi je m’installe dans le divan, derrière la table de mixage.
Pierre : (rires) Et tu attends qu’il y ait du son qui sorte !
Ben : Oui, j’attends qu’il se passe quelque chose (rires). J’attends qu’on me dise d’aller monter ma batterie.

Première chose que vous faites en descendant de scène ?

Ben : Pendant le concert, je ne bois que de l’eau, alors je prends mon verre de bière.
Pierre : J’enlève mes oreillettes et je vais au merchandising pour dire bonjour aux fans potentiels.

Première chose que vous faîtes en montant sur scène ?

Pierre : Bon c’est un tic, encore en rapport avec mes oreillettes ! Je pousse bien dessus pour être sûr qu’elles sont bien mises.
Ben : Moi je fais craquer mes doigts !

Dernière grosse galère sur scène ?

Ben : À Dour !
Pierre : Oui Dour ! Il y avait ce groupe, Sunn(o), qui joue très fort. Des Américains. C’est un des groupes qui jouent le plus fort au monde. Les organisateurs avaient déplacé la tente où ils jouaient, ils devaient être à l’opposé mais finalement, ils jouaient juste à côté de nous, et ils n’ont pas changé les horaires, ce qui signifiaient qu’on jouait exactement à la même heure. On les entendait dans nos retours et on ne s’entendait pas. Plus le fait que le câble de notre bassiste s’est pris dans la distorsion… ça a mis la distorsion à fond et fait un gros larsen. Le temps qu’il se rende compte que ça venait de lui, ça a pris une minute. Notre ingé son a dû couper la façade !
Ben : Maintenant tout le monde regarde ses pieds sur scène !
Pierre : Mais c’était marrant, aujourd’hui, on en rigole.

Dernier mot pour conclure ?

Pierre : Moi je tiens à dire qu’on est super contents de jouer à Paris, c’est particulièrement enivrant de jouer maintenant. On était là, il y a un mois à peine… depuis il s’est passé plein de choses et on est contents de revenir si vite pour montrer qu’on est libres, en vie et heureux.

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Propos recueillis par Sabine Swann Bouchoul.