Y'aura- t' il de la neige à Noël? : pas vraiment un film de Noël, mais assurément un très beau film!!

Par Filou49 @blog_bazart
16 décembre 2015

 Potzina n'a pas forcément fait très original pour le thème du mois de Décembre de son ciné club, puisqu'elle le clôture le 25 décembre et que la thématique n'est autre que Noël, une thématique certes un peu attendu, mais néanmoins élargie puisque nous avions à choisir  un film se déroulant pendant les Fêtes, d'un conte ou même d'un film qui n'a rien à voir avec Noël mais que vous aimez regarder pendant cette période.

       Appréciant comme à mon habitude le cinéma gai et léger comme une bulle de savon, j'ai choisi un film sorti un 25 décembre (1996) et qui comporte Noel dans le titre... sauf qu'à part cela, on est à des années lumières du film de Noel avec des petits chatons- comme ceux que je vous ai fait gagné récemment , puisque le film que j'ai choisi n'est autre que le premier film de Sandrine Veysset, « Y’aura t’il de la neige à Noël », que j'ai revu, grâce à Carlotta qui vient de le rééditer dans une superbe édition Blu Ray,  vingt ans après l'avoir vu au cinéma avec toute ma famille dans le cinéma de banlieue parisienne où j’avais l’habitude d’aller dans ma jeunesse.

      Ce film là à l’époque, il faut dire qu’on en avait  entendu pas mal parler alors même qu’il venait un peu de nulle part : premier long métrage d’une cinéaste alors connue pour être décoratrice et chauffeuse attitrée de Carax avec des acteurs pas vraiment connus- c’était le premier rôle au cinéma de l’immense comédienne de théâtre Dominique Reymond, fait avec très peu de moyens et avec un tournage assez compliqué,  le film aura connu  un succès  autant critique que commercial ( récompensé du Prix Louis Delluc du premier film du César du meilleur premier film en 1997) et en cela, on peut le considérer comme un conte de Noël, plus dans sa genèse  et son cheminement que dans son contenu même.

       Il faut dire qu’à l’époque le cinéma s’intéressait assez peu aux campagnes, ou alors pas du tout dans cette tonalité naturaliste : Sandrine Veysset, qui avait visiblement beaucoup pris de sa propre histoire personnelle  nous montre combien la vie dans une ferme, au quotidien peut être harassante  avec ses moments de découragement et ses moments de joie également.

 Une chronique rurale comme en en voyait si rarement dans le cinéma français (depuis quelques années, le documentaire ou même la fiction s’est un peu plus attachée à peindre ce milieu là, mais sans le naturalisme sec propre à Veysset), qui parvient à mêler âpreté et enchantement dans le même geste cinématographique.

  Et la caméra de Veysset ne cessera  de s’immiscer, avec une rigueur et un souci d’authenticité  proche du documentaire,  dans un environnement rude, où l’on devine très vite l’aridité de la terre et également celle des cœurs des personnes qui la travaillent.

Mais tout autant que la vie à la campagne sur trois saisons, de l’été à l’hiver, "Y aura  t-il de la neige a Noël "s’attarde aussi à nous décrire un beau portrait de  femme, mère de sept enfants, à la fois fragile et déterminée, triste et combative, aimante.

Et une femme également  soumise au bon vouloir du père de cette nombreuse progéniture, exploitant de la ferme et  marié avec d’autres enfants de son coté, dans une autre maison qu’il rejoint tous les soirs ( fantastique Daniel Duval que je découvrais à l’époque avec ce rôle, qui arrive à apporter de l’humanité dans un rôle de beau salaud), et le film touche aussi par ce qu’il dit, sous le truchement  de cette relation un peu masochiste sur les difficultés à comprendre les sentiments amoureux entre deux êtres  sans oublier d’être également un hymne pudique mais indéniable à l'amour maternel.

Si le film ne possède pas vraiment de  grands enjeux dramatiques  un fil narratif vraiment ténu et aucun accompagnement musical à part la chanson d’Adamo finale- sa première vision quand j’avais tout juste 20 ans a pu ainsi me dérouter un peu),  la simplicité et la maitrise de Veysset m’a sauté aux yeux au cours de cette seconde vision, et surtout sa belle faculté à faire basculer, sans qu’on s’en rendre compte sa chronique après et réaliste dans la poésie et la grâce au gré d’une séquence finale assez bouleversante.

En cela, cette très belle réédition d’une œuvre qu’il était difficile de visionner depuis plusieurs années est une belle aubaine qu'il serait dommage de rater.

 Outre la très belle restauration de l’image (effectuée en 4K par les laboratoires Digimages Classics à partir du négatif original Super 16 un travail  supervisé par la réalisatrice Sandrine Veysset et la chef opératrice Hélène Louvart), on appréciera les deux bonus du film qui donne une belle analyse du film avec le recul.

Les deux entretiens, l’un  avec Sandrine Veysset et sa directrice de la photographie Hélène Louvart, et l’autre avec Dominique Reymond  permet de revenir sur la fabrication et le tournage difficile du film, non sans une certaine mélancolie, avec les fantômes du producteur Hubert Balsan  de Daniel Duval qui vienne s’interposer

SUPPLÉMENTS (EN HD)

. TOUT EN LIBERTÉ ! (31 mn)Sandrine Veysset et la chef-opératrice Hélène Louvart se remémorent le tournage et les expérimentations sur la photographie du film.TERRE-MÈRE-AMOUR (15 mn)Dominique Reymond évoque ses premiers pas de comédienne au cinéma, son rôle de mère et sa relation dans le film avec Daniel Duval.. BANDE-ANNONCE