[critique] Une journée en enfer : le Retour de la vengeance de McClane

Par Vance @Great_Wenceslas

La période de Noël est propice aux films débordant d'émotion et de bons sentiments, mettant en exergue la joie, la tendresse, l'amour de ses proches et la foi en l'humanité. Des films visant à rassembler toute la famille autour de soi afin de créer un cocon douillet que des images chaleureuses et une musique à l'avenant transformeront en dernier rempart contre la peur, la rancune et la misère.

Pourtant, il n'y a pas que des miracles et des histoires d'amour improbables qui surviennent à Noël, et parfois un singulier inspecteur de police s'en prend plein la gueule en se demandant bien pourquoi cela n'arrive qu'à lui - tout en cherchant le meilleur moyen de survivre à ces coups durs et, éventuellement, de répliquer en y mettant toute sa hargne accumulée. Die hard avait réussi à révolutionner le cinéma d'action, créant définitivement un genre et intégrant immédiatement son personnage principal dans le rang des héros les plus charismatiques du VIIe Art. Son metteur en scène surdoué avait vu sa crédibilité atteindre des hauteurs insoupçonnées et voilà qu'on bat le rappel pour un troisième épisode suite à une suite un peu décevante.

A n'en pas douter, Une journée en enfer constitue le meilleur de la saga Die Hard, qui sera par al suite tellement galvaudée que c'en est presque une honte. Malgré une fin définitivement pas à la hauteur (la fin alternative, imaginée par le scénariste, est incontestablemetn plus sombre et couillue, même si elle a justement été retirée en raison de l'image trop radicale qu'elle donne de McClane), comme mise en place à contrecoeur, McTiernan confirme ici son rang et se positionne au sommet de son art, entraînant un Bruce Willis hyper-charismatique à travers New-York, sous des angles rarement vus : la cité tentaculaire devient un personnage à part entière dans cette course contre la montre éperdue et ludique allant de Broadway à Central Park. Par des plans millimétrés, et le biais d'un scénario malin, le metteur en scène nous livre un régal d' actioner, brutal, sans concession et monstrueusement fun.

Totues ses qualités parviennent à voiler quelques défauts qui peuvent faire tiquer les maniaques : c'est sûr, Jeremy Irons n'est pas crédible en criminel sadique, ses acolytes sont complètement transparents (et quasi muets - pas facile d'en placer une devant un leader qui s'écoute parler) et l'affrontement Targo/McClane, devant constituer une forme de climax dans la montée d'adrénaline ne s'avère qu'une pâle copie du même duel de Piège de Cristal. Cependant, suivre cet ex-inspecteur de police de New-York (réintégré le temps de résoudre cette affaire délicate) accompagné d'un samaritain malgré lui - un Sam Jackson jubilatoire, ouvertement méfiant envers les Blancs et systématiquement suspicieux - est un pur bonheur. Les répliques fusent, font souvent mouche sur un débit à l'aune du rythme du métrage, qui file à cent à l'heure dans les rues bondées de la cité, sur les ponts encombrés et même dans de gigantesques conduites d'eau souterraines. McClane en prend encore pour son grade, humilié, bastonné, lacéré mais toujours debout et s'en sort grâce à une ténacité incroyable, une résistance hors du commun, beaucoup de malice et un peu de jugeote. Et aussi une classe dingue : dans son marcel indestructible, couvert de suie et de sang, il dégage une aura implacable et grisante.

Une journée en enfer redonne confiance pour tous ceux qui avaient été consternés par la vacuité des épisodes suivants et contribue à rallumer le fanal McTiernan, bien mal en point suite à des affaires douteuses, dont les dernières oeuvres n'ont pas réussi à concrétiser le talent incontestable. Il a en outre la fâcheuse habitude de renvoyer un 58 minutes pour vivre pourtant assez jouissif au rang de téléfilm suranné, écrasant de sa virtuosité n'importe lequel des films qui souhaiteraient user des mêmes artifices. Jacques a dit : "Tout le monde regarde !"

Titre original

Die hard with a vengeance

John McTiernan

Date de sortie France

2 août 1995 avec Gaumont

Jonathan Hensleigh

Musique

Michael Kamen

Peter Menzies Jr

Blu-ray Touchstone (2009) en 2.35:1 / 131 min