ANTIBIORÉSISTANCE: E coli franchit le dernier rempart – The Lancet Infectious Diseases

Publié le 29 décembre 2015 par Santelog @santelog

C’est une nouvelle étape dans la résistance aux antibiotiques, décrite par cette étude en microbiologie. Certaines bactéries E coli sont devenues super-résistantes au point de passer, en Chine, le dernier rempart, l’antibiotique colistine (polymyxines). Un antibiotique de dernier recours utilisé pour traiter des infections graves devenues résistantes à d’autres antibiotiques puissants… Le point dans le Lancet Infectious Diseases.

La colistine est un antibiotique de  » dernier recours « , administré directement en intraveineuse pour traiter les infections graves comme les infections pulmonaires ou urinaires, lorsque d’autres antibiotiques administrés par injection, ne sont pas efficaces, en raison d’une antibiorésistance.

Les chercheurs de l’Université agricole de Chine du Sud avaient observé, au cours de surveillances de routine des bactéries E.coli isolées à partir d’animaux d’élevage une augmentation de la résistance à l’antibiotique colistine. Ils ont sélectionné une souche de E. coli (SHP45) pour sa résistance particulièrement forte à la colistine. Ils constatent ensuite que la résistance à la colistine est permise par un gène appelé MCR-1, détecté sur un fragment d’ADN bactérien (plasmide) qui peut être transféré entre les bactéries. Les bactéries sont en effet capables de transférer des plasmides à d’autres bactéries, ce qui contribue à la propagation de la résistance aux antibiotiques. Les chercheurs ont prélevé certain nombre d’échantillons à partir d’animaux, dans des abattoirs et à partir de viande crue vendues sur les marchés et en supermarchés, en Chine, afin d’identifier la fréquence du gène MCR-1 se trouve dans les bactéries. Les analyses révèlent que ce gène de résistance, MCR-1, est présent dans E. coli,

·   dans 15% des échantillons de viande crue,

·   21% des animaux testés sur la période 2011-14.

·   1% des patients hospitalisés.

Même si cette résistance particulière d’un type de souche E coli est confinée aujourd’hui à la Chine, MCR-1 est susceptible de se propager davantage. L’étude alerte donc sur un grand nombre de points :

   L’imminence de cette super-antibiorésistance, en regard notamment du peu de nouveaux antibiotiques dans le pipeline,

   l’utilisation toujours trop fréquente et importante des polymixines dans l’agriculture,

   sans antibiotiques efficaces, les infections peuvent entraîner un risque beaucoup plus élevé de complications graves : il est donc urgent d’identifier et de développer de nouveaux antibiotiques.

   Et, surtout, il s’agit de prévenir au maximum le développement de la résistance aux antimicrobiens antibiotique ou autre. Cette prévention appartient à chacun, prescripteur ou patient.

Source:The Lancet Infectious Diseases November 18 2015 DOI: 10.1016/S1473-3099(15)00424-7Emergence of plasmid-mediated colistin resistance mechanism MCR-1 in animals and human beings in China: a microbiological and molecular biological study (Visuels NIH)

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