Presse tunisienne : deux poids, deux mesures

Publié le 14 mai 2008 par Mani
M. Mouldi M'Barek du journal La Presse a publié un article sur la mort d'un jeune immigré tunisien en France. Cette mort est condamnable et inadmissible. La lumière doit être faite dans les plus brefs délais et l'Etat français doit assumer ses responsabilités dans le cas où ses agents s'avèrent coupables du meurtre de notre concitoyen.


Mais ce que M. M'Barek oublie de dire, c'est que depuis à peine une semaine un autre Tunisien a trouvé la mort dans le gouvernorat de Gafsa, et cette fois-ci ce sont des agents de l'Etat tunisien qui sont en cause. Face au silence assourdissant de notre presse concernant ce drame, je propose de diffuser l'article qui suit qui est une parodie de l'article de M. M'Barek. J'espère que M. M'Barek ainsi que tous nos journalistes le lisent. Publiez-le dans vos blogs s'il vous plaît :

Presse tunisienne : deux poids, deux mesures
Un jeune tunisien de 26 ans, électrocuté la semaine dernière à Redayef (Gouvernorat de Gafsa, Tunisie), est mort sur-le-champ des suites de ses blessures.
Plusieurs Tunisiens ont filmé la scène et affirme avoir vu le jeune tunisien délibériment électrocuté lorsqu'il se trouvait à l'intérieur d'une centrale électrique.
Personne ne sait si les autorités judiciaires tunisiennes ont été informées. En attendant un éclairage quelconque sur l'affaire, il n'y a que des rumeurs qui circulent. Personne ne sait si le père de la victime a été ou pas contacté afin que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame.
Toutefois, en tant que Tunisiens, mais aussi en tant que citoyens de notre village planétaire, nous avons le droit et le devoir de nous interroger sur le silence de certains journalistes, pour ne pas dire de tout le monde sur cet accident.
Que font, en effet, ces journalistes et ces «illustres» stars de la communication pour dénoncer les crimes, les bavures et toutes les injustices infligées aux citoyens ?
Pourquoi nos médias montrent-ils du doigt la moindre petite chose dès qu'il s'agit d'un drame survenu dans un autre pays et passent-ils sous silence tous les dépassements, bavures et crimes dès qu'il est question d'une responsabilité hypothétique d'un agent de l'Etat ?
Pourquoi ces journalistes se déplacent-ils très vite quand ils s'agit d'une manifestation en faveur du parti au pouvoir et refusent-ils d'aller à la rencontre de gens révoltés et désespérés ?
Faut-il uniquement s'intéresser aux télégrammes de félicitations à l'occasion d'une telle ou telle fête nationale ? Les droits des citoyens sont-ils occultés et relégués au second plan pour tranquilliser et hypnotiser le citoyen qui a opté pour le pain, la télé et le foot ?
Pourquoi certains de nos journalistes, qui pourtant n'hésitent pas à crier au scandale pour la moindre petite critique envers ceux qui nous gouvernent, refusent-ils de se manifester pour dénoncer les mauvais traitements infligés en notre propre pays à nos concitoyens ? Ont-ils peur que leurs maîtres se fâchent et revoient à la baisse leurs faveurs ?
Ceux qui ont opté pour les salons, le confort et les communiqués de presse approuvés par la TAP peuvent-ils réellement représenter des médias libres et indépendants et incarner les préoccupations et les aspirations de leur peuple, le peuple tunisien ? Produits par un puissant réseau de pistonnage et de clientélisme, ces journalistes sont à la merci de leurs maîtres qui leur dictent leurs lois pour imposer leur nouvel ordre aux Tunisiens.
Il est vrai que toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire. Toutefois, sans pour autant vouloir donner des leçons aux uns et aux autres, le journalisme libre et indépendant et la liberté d'expression sont une cause noble et précieuse pour le peuple tout entier, les utiliser pour tenter d'hypnotiser le peuple, notamment ses militants et ses élites, qui déploient d'énormes efforts pour moderniser leurs sociétés, est le moins que l'on puisse dire peu digne de la part de ceux qui prétendent défendre la noble cause de la liberté d'expression et la liberté de la presse.
La dépolitisation totale de notre espace médiatique par certains journalistes qui usent et abusent de la langue de bois, tout comme les méthodes employées par certains partis politiques lesquelles s'appuyant sur des campagnes d'allégence pour marquer leur obéissance maladive aux symboles du pouvoir, constituent une insulte grave à la noble cause de la démocratie et des libertés qui ne peuvent être décidés et réalisés que par le peuple tout entier, avec tous les hommes et toutes les femmes et au profit de tous les Tunisiens.
La destinée de notre pays est la somme de tous les engagements politiques, de toutes les convictions et de toutes les énergies.